Tamino – Sahar

Après son premier album ‘Amir’ de 2018, qui a été très bien accueilli par le public et les critiques, voici la suite. Intitulé “Sahar”, dont la traduction libre signifie “juste avant le lever du soleil”, le deuxième album de Tamino a vu le jour ces jours-ci.

Sur Sahar, Tamino réintroduit et fait évoluer l’oued arabe, l’instrument de son grand-père Muharram Fouad, l’un des chanteurs et acteurs les plus célèbres d’Égypte, pour en faire un instrument plus “typique” du rock indépendant. Combiné à sa voix chaude, il crée un paysage sonore riche, stratifié et obsédant. Sahar est le moment, juste avant l’aube, où la romance et la tragédie de Jeff Buckley se conjuguent avec une sensibilité cosmopolite et esthétique. Sur l’album, cela se traduit par un fin mélange d’influences européennes, américaines et moyen-orientales.

Sahar” contient 10 titres. L’album, comme ‘Amir’, a été produit par PJ Maertens, que l’on connaît peut-être pour avoir travaillé comme producteur avec des artistes tels que Milow, Het Zesde Metaal et Bart Peeters. Sur ‘Sahar’, Tamino et Maertens ont réussi à mettre en place une production particulièrement authentique et ‘organique’, qui semble transparente sur toute la bande passante. C’est le son de notre époque, très chaud, presque analogique, et pourtant très ouvert. Des invités spéciaux figurent également sur l’album. On peut entendre Colin Greenwood, le bassiste de Radiohead, sur la chanson ‘Sunflower’, une contribution vocale de la chanteuse Angèle, que l’on connaît aussi aux Pays-Bas grâce au tube ‘Bruxelles je t’aime’.

L’ouverture de l’album, “The Longing”, n’aurait pas pu avoir un meilleur titre. Depuis le début sereinement répétitif qui porte la mélodie merveilleusement chantée, en passant par la musique qui se construit lentement, avec de plus en plus de piano et de synthétiseurs, jusqu’à la ligne supérieure chantée de façon éthérée. Les chansons sans véritable refrain sont les plus belles de toute façon 🙂

Sunflower”, le duo avec Angèle, montre à quel point Tamino peut chanter. Est-ce une version locale de Nick Cave et Kylie Minogue ? Fermez les yeux. Fermez-les vraiment en écoutant ça. Il vous laisse silencieux comme un auditeur non préparé. Une personne peut-elle gérer autant de beauté sans être préparée ?

“A Drop of Blood” est une autre belle chanson. On y entend bien le oud, et dans la mélodie vocale, Tamino utilise la gamme sonore de Hidjaz. Reconnaissance instantanée comme orientale ou arabe pour un ensemble d’oreilles occidentales. L’accumulation est excitante, sombre, avec une sorte de soleil léger tissé autour par les voix.

L’ensemble de l’album est d’une beauté que l’on entendra rarement dans une production belge ou néerlandaise. Audacieux et authentique, Tamino se révèle être un artiste que nous devons chérir. Un artiste que nous entendrons beaucoup à l’avenir. (8/10) (Virgin Benelux)