Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent dans la rédaction de Maxazine. Bien trop pour tous les écouter, et encore moins pour les critiquer. Une critique par jour fait que trop d’albums restent sur l’étagère. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent dans la rédaction sous forme de critiques courtes.
The Charlatans – We Are Love
Après huit ans, le groupe britannique revient avec son quatorzième album, enregistré dans les studios emblématiques de Rockfield, où ils avaient travaillé pour la dernière fois il y a près de trente ans lors de “Tellin’ Stories”. Ces sessions avaient été assombries par la mort du claviériste Rob Collins, et “We Are Love” rend hommage à cette histoire sans s’y attarder. Le producteur Dev Hynes a ramené le groupe à ses racines, complété par le travail de Fred Macpherson et Stephen Street. Le morceau titre est un hymne optimiste que Tim Burgess décrit comme une balade en cabriolet le long de la côte, tandis que “Deeper And Deeper” replonge dans leur son psychédélique d’origine avec orgue Hammond et guitares fuzz. “Kingdom Of Ours” s’ouvre sur des claviers caractéristiques et fait référence à Collins sur le plan lyrique. “For The Girls” est un hymne ensoleillé, et “Out On Our Own” donne une sensation de claustrophobie avec des changements de direction constants. L’expérimental “Salt Water” contient des sons de plage, et le morceau final “Now Everything” dure près de sept minutes et se termine de manière instrumentale. L’album équilibre nostalgie et innovation. (William Brown) (7/10) (BMG)

Greensky Bluegrass – XXV
Les pionniers du bluegrass progressif du Michigan célèbrent leur vingt-cinquième anniversaire avec un album rétrospectif composé de classiques réinterprétés et de quelques favoris en live apparaissant pour la première fois sur un album studio. Le groupe a invité des amis tels que Sam Bush, Billy Strings, Lindsay Lou, Nathaniel Rateliff et Holly Bowling pour cette célébration de treize titres. “Can’t Stop Now” s’ouvre avec un banjo ultra-rapide et Sam Bush à la mandoline, une parfaite vitrine de leur style jamgrass. Billy Strings prête sa voix et sa guitare à “Reverend”, Lindsay Lou ajoute de magnifiques harmonies à “In Control”, et Nathaniel Rateliff chante sur le morceau trompeusement optimiste “Past My Prime”. Le groupe prouve que leur virtuosité et leur capacité d’improvisation n’ont fait que se renforcer en vingt-cinq ans. Des morceaux comme “Broken Highways” et “Windshield” bénéficient d’une nouvelle fraîcheur, tandis que “Who Is Frederico” et “33443” font enfin leurs débuts en studio. Produit par Glenn Brown, l’album sonne clair et dynamique, célébrant la tradition et l’amitié. (Tobias Brown) (8/10) (Big Blue Zoo/Thirty Tigers)

Despised Icon – Shadow Work
Les vétérans canadiens du deathcore reviennent après six ans avec leur septième album, donnant l’impression d’un groupe complètement maître de son art. Produit par Alex Erian et Eric Jarrin et mixé par Christian Donaldson, “Shadow Work” présente la version la plus affinée de leur death metal brutal mêlé au hardcore. Le morceau titre s’ouvre sans pitié avec des blast beats et des riffs enroulés, tandis que “Over My Dead Body”, avec Matthew Honeycutt de Kublai Khan TX, dégage une énergie hardcore pure. L’assaut vocal double d’Alex Erian et Steve Marois atteint de nouveaux sommets sur “The Apparition”, qui tisse des influences black metal avec des breakdowns dévastateurs. “In Memoriam” offre une pause fantomatique avec le claviériste Misstiq, tandis que “Omen Of Misfortune” et “Obsessive Compulsive Disaster” forment une combinaison meurtrière. Le court “ContreCoeur” apporte l’intensité grindcore en français, et le final “Fallen Ones” combine guitare flamenco et dynamique death metal sombre. Après deux décennies, Despised Icon prouve qu’ils restent parmi les meilleurs compositeurs de deathcore, sans artifices ni grandiloquence. (Anton Dupont) (8/10) (Nuclear Blast)
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Florence + The Machine – Everybody Scream
Florence Welch aborde dans son sixième album en tant que Florence + The Machine une grossesse extra-utérine menaçant sa vie qu’elle a vécue en tournée. “Everybody Scream” est un album sombre et thérapeutique explorant des thèmes tels que la mortalité, la féminité et la sorcellerie. Produit avec Aaron Dessner et Mark Bowen de IDLES, l’album sonne brut et honnête sans perdre sa grandeur caractéristique. Le morceau titre s’ouvre sur un rythme glam rock rempli de cris, tandis que “One Of The Greats” et “Witch Dance” poursuivent le caractère théâtral de ses travaux précédents. “Kraken” raconte l’aliénation de son propre corps avec des harmonies puissantes, et sur “You Can Have It All”, Welch renaît de ses cendres tel un phénix. L’album combine folk horror avec mysticisme et littérature, des sœurs Brontë à Mary Shelley. Alors que les albums précédents visaient souvent un climax unique, Welch laisse ici les pensées s’écouler plus naturellement. Le morceau final, “And Love”, offre une exhalation subtile et calme après toute cette fureur. (Elodie Renard) (8/10) (Republic/Polydor)

Bob Dylan – Through The Open Window: The Bootleg Series Vol. 18
La dix-huitième édition de la Bootleg Series de Bob Dylan documente la transformation de Robert Zimmerman en voix d’une génération. Cette collection de 139 titres couvre la période de 1956 à 1963, depuis son tout premier enregistrement à quinze ans dans un magasin de musique à St. Paul jusqu’à son légendaire concert au Carnegie Hall. Le coffret contient 48 enregistrements inédits, dont des sets de Gerdes Folk City et le concert complet du Carnegie Hall d’octobre 1963. On entend Dylan expérimenter avec sa voix, trouver son identité et évoluer de l’imitateur de Woody Guthrie au chanteur protestataire le plus influent de son temps. Les outtakes de ses trois premiers albums montrent son développement, comme les versions alternatives de “Man of Constant Sorrow” et “Seven Curses”. Les collaborations avec Joan Baez, Pete Seeger et les performances au Newport Folk Festival montrent comment le monde a découvert son génie. Produit par Sean Wilentz et Steve Berkowitz, ces premières années ne sont pas présentées comme une phase à oublier, mais comme les fondations de sa grandeur. (Norman van den Wildenberg) (9/10) (Columbia/Legacy)

