Roni Kaspi tient ses promesses à Bruxelles

Un peu à l’écart des Marolles, caché dans une zone industrielle sinistre à côté d’Anderlecht, on peut, en cherchant bien, trouver le Club Volta à Bruxelles. A côté du hackerspace HSBXL, dans un ancien bâtiment industriel qui n’a pas subi de contrôle de sécurité incendie depuis bien trop longtemps, se trouve ce lieu, en bas d’une volée de marches, avec une programmation merveilleusement bonne et diversifiée. Le 29 novembre, on pouvait s’y rendre pour écouter une performance de Roni Kaspi. Un coup de maître de la part du responsable de la programmation du Volta.

Depuis 2020, Roni Kaspi fait fureur en tant que batteur inventif et très musical du trio du bassiste de jazz israélien Avishai Cohen. Cependant, les talents de Roni ne se limitent pas à son rôle de batteuse dans le groupe. Ces dernières années, elle a commencé à écrire et à produire elle-même. Il en résulte une musique poppy, jazz-drive, tout à fait unique, dans laquelle les rythmes groovy se disputent la priorité avec les synthés pétillants et les basses entraînantes. Sur cette musique innovante danse la vraie voix de Roni, qui partage avec nous les soucis souvent très quotidiens d’une jeune femme, comme les chagrins d’amour et autres déceptions de la vie. Des thèmes liés au passage à l’âge adulte, donc, mais portés par une positivité qui vous fait savoir que Roni va s’en sortir.

Ces derniers mois, Kaspi a commencé à publier de la musique en streaming et se fait de plus en plus d’adeptes. C’est la première fois qu’elle effectue une courte tournée européenne qui l’a amenée à Bruxelles.

Devant un public de quelques dizaines de spectateurs enthousiastes, le trio a entamé sa prestation sous le plafond bas du club vers neuf heures du soir avec ‘Stay’. Tout de suite, le rythme est là, Roni, très musical, cherche l’espace dans son jeu, tout en gardant le groove. Ses deux accompagnateurs français à la basse et au clavier ont très bien joué et si cela peut être un signe avant-coureur, alors les organisateurs du festival, mesdames et messieurs, peuvent commencer à ajuster leurs listes pour l’année prochaine. Brosella ? Vous êtes attentifs ?

Ensuite, Roni a joué son single ” Why Does “. Cette chanson illustre parfaitement le style de Kaspi. De la musique pop ludique avec des influences de synthipop, de slam, de rap et de hip-hop. Kaspi n’est pas une vraie chanteuse, et sur le single, cela peut encore être corrigé, mais en live, on peut vraiment entendre que c’est assez faux. Un point d’intérêt, bien sûr. Je dirais que le choix se limite à prendre des cours de chant, mais il est trop tard pour cela, ou à mettre à l’écart une bonne chanteuse pour le groupe. Je pense que le choix est assez facile. Cela donnerait un énorme coup de pouce aux concerts.

Lorsque le trio a joué ‘Feels’, la récréation a vraiment commencé pour Roni. La chanson entière est une vitrine pour le talent unique de Kaspi à la batterie. Feels’ est plus fusionnel que le reste du set, laissant la place à l’amalgame synergique de styles que nous devrions commencer à appeler l’école Kaspi.

Berlin”, “Fallen with You” sont autant de morceaux prometteurs que Kaspi a composés ces dernières années et qu’elle a arrangés et pensés à la perfection.
Elle n’a pas encore sorti d’album, mais lorsqu’il sortira, il montrera une fois de plus pourquoi Israël a été un tel leader ces dernières années en matière de jazz innovant et de haute qualité.

En rappel, le trio a surpris avec une reprise de ‘(They Long to be) Close to You’ des Carpenters, avec laquelle Roni a bien sûr rendu hommage à Karen Carpenter, qui l’a précédée en tant que femme derrière les percussions. Une performance qui avait le goût de beaucoup plus. Espérons que Roni Kaspi sortira son album cette année et que nous pourrons commencer à la voir dans les grands festivals (de jazz).Roni Kaspi est la promesse de 2024.

Photos : Jan Vranken