Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Bien trop pour tous les écouter, sans parler de les critiquer. Une critique par jour fait qu’il y a trop d’albums qui restent de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.
Lorentzen – Leave Nobody Behind
Les amateurs de prog connaissent peut-être le multi-instrumentiste Eivind Lorentzen du groupe norvégien Gentle Knife. Ce groupe s’est malheureusement arrêté, mais Eivind continue de faire de la musique. Son nouvel album s’appelle ‘Leave Nobody Behind’. Il se compose de cinq morceaux instrumentaux, toujours suivis d’un ou deux poèmes. Ceux-ci sont parfois accompagnés d’une pointe de musique. Pendant les morceaux instrumentaux, un nombre considérable d’instruments est utilisé. La façon dont ils sont joués et combinés crée un mélange particulier. Le mélange entre rythme et mélodie est surprenant. Dans ‘Dimensions of Hope 1’, on entend notamment un mélange de rock et de jazz. Dans quelques morceaux, le son des éléments rock légers est trop plat ou la percussion un peu trop métallique. Par ailleurs, le son est bon, et de plus bien réparti sur le casque. Certaines répétitions semblent un peu artificielles/non naturelles. De plus, elles sont parfois assez nombreuses, ce qui fait que certains détails et changements d’instruments sont moins bien perceptibles. Par ailleurs, le mélange entre les instruments et la façon dont ils sont joués est bon. ‘Leave Nobody Behind’ est un bel album intimiste. (Esther Kessel-Tamerus) (7/10) (Apollon Records)
Rio Kosta – Unicorn
Mike Del Rio et Kosta Galanopoulos se sont rencontrés lors d’un festival et ont su immédiatement qu’ils avaient quelque chose de spécial. Leur album de début ‘Unicorn’ en est la preuve. Les deux musiciens ont créé cet album à partir de leur devise ‘ne pas perturber la nature’ et laissent leur créativité couler le plus naturellement possible. Il s’ouvre avec ‘Mountain Top’, un morceau qui donne le ton pour ce qui va suivre. Et c’est beaucoup de beauté, mais la vraie magie se trouve dans le morceau titre ‘Unicorn’, qu’ils ont enregistré lors de leur toute première session. On entend littéralement le moment où ils se sont trouvés. Magnifique. ‘Ancients’ touche aussi, surtout parce qu’il contient un échantillon du père de Kosta qui jouait dans un groupe folk grec dans les années soixante-dix. Cela ramène la musique à un cercle qui se referme. Leur son flotte quelque part entre Khruangbin et la soul ancienne, avec des influences de Jorge Ben jusqu’aux Beatles. Certains morceaux comme ‘Follow The River’ vous hypnotisent complètement, tandis que ‘Save My Soul’ montre qu’ils osent aussi être vulnérables. Tout n’est pas parfait. ‘Intermission’ semble un peu inachevé, comme s’ils ne savaient pas bien quoi en faire. Mais cela n’enlève rien à un album qui prouve surtout que la meilleure musique naît quand on suit simplement ses sentiments. Détail amusant : L’album est publié sur le label qui n’a par ailleurs sorti qu’un single du pilote de Formule 1 Charles Leclerc. (Elodie Renard) (8/10) (Verdigris)
Karla Harris – Merge
Fusionner : c’est la signification du mot ‘merge’. Le titre couvre dans ce cas le contenu du disque : la chanteuse et compositrice Karla Harris rassemble différents styles sur son nouveau disque. L’auditeur est régalé d’un pot-pourri de classiques de l’American Songbook, de jazz pur et d’une bonne dose de R&B, dans lequel Harris fait surtout entendre sa polyvalence. Harris sait chanter, c’est au-dessus de tout doute. Mais elle souffre d’un mal dont souffrent plus de – désolé, ce sont souvent des dames – chanteuses. Un peu trop de tout, ce qui fait que maint morceau devient plus une masterclass de contrôle vocal. Prenez le classique de Ben E. King, ‘Stand By Me’. Ce morceau n’a pas besoin de toutes ces fioritures – notes retardées, ad libs, autre ligne mélodique – au contraire. Ou ‘Almost Like Being In Love’ dont le tempo a été considérablement accéléré – comparez donc avec la version de Nat King Cole – et qui devient une sorte de course d’obstacles vocale. Pourquoi s’infliger cela ? Heureusement, le disque connaît aussi de petits joyaux, comme ‘Sugar’ qui sur ‘Merge’ est doté d’un groove délicieusement nonchalant inspiré du hip-hop, un excellent travail de batterie de Chris Burroughs. Le morceau le plus fort de l’album est le morceau titre, une composition propre avec des accroches surprenantes et un solo magistral du saxophoniste Sam Skelton qui échange son sax contre la flûte traversière. Nous en aurions bien voulu entendre davantage. (7/10) (Jeroen Mulder) (Karla Harris)
Hans Zimmer – F1 The Movie (Original Score)
Avec sa treizième collaboration avec le producteur Jerry Bruckheimer, Hans Zimmer retourne sur le circuit de course. Pour le film F1 de Joseph Kosinski, le maître compositeur a créé une partition hybride qui unit parfaitement émotion humaine et puissance technologique. Zimmer décrit son approche comme ‘une partition hybride entre électronique et orchestre’, où l’orchestre représente le pilote humain et l’électronique la machine. Le thème principal combine des nuances nostalgiques de synthwave avec une grandeur orchestrale qui rappelle immanquablement ‘The Chain’ de Fleetwood Mac qui fut pendant des années LE thème F1 connu de la BBC. Tout comme cette ligne de basse légendaire, Zimmer trouve l’équilibre parfait entre tension et mélodie. Le morceau d’ouverture ‘F1’ montre directement la maîtrise de Zimmer avec un thème principal stupéfiant et captivant. La collaboration avec Lewis Hamilton comme producteur exécutif a porté ses fruits ; le septuple champion du monde a aidé Zimmer à comprendre la tension authentique entre homme et machine. Les points forts sont les séquences d’action où le guitariste Tim Henson et le ‘motif gunslinger’ pour le personnage de Brad Pitt ajoutent de la profondeur émotionnelle. Remarque critique : lors des séquences plus longues de la musique de film, la musique devient aussi traînante et par moments même ennuyeuse. Pourtant, Zimmer parvient à capturer musicalement l’esprit de la Formule 1. (Jan Vranken) (7/10) (Apple Video Programming)
Germana Stella La Sorsa and Tom Ollendorf – After Hours
Germana Stella La Sorsa est une chanteuse italienne qui se fait remarquer depuis son déménagement en Angleterre en 2017. Sur son album de début ‘Vapour’ de 2021, elle a déjà collaboré avec le guitariste Tom Ollendorf et cette collaboration connaît maintenant une suite avec l’EP ‘After Hours’, sur lequel le duo présente six morceaux. Quatre d’entre eux sont des reprises, en commençant par ‘Because’ que Paul McCartney a écrit pour ‘Abbey Road’, le chant du cygne des Beatles. Au lieu de l’intro typique au clavecin et du chant en chœur des Fab Four, nous entendons maintenant directement la voix de Stella La Sorsa. Au début, cette version semble rester proche de l’original, mais à mi-parcours, Ollendorf prend l’initiative dans une interprétation libre, interprétée dans un jeu de guitare vraiment brillant. Il faut dire qu’Ollendorf marque fortement les morceaux, y compris les deux compositions propres ‘Procida’ et ‘In Time and (S)Pace’. Dans les deux morceaux, le guitariste joue le rôle principal, malgré les vocaux cristallins et décidément captivants de l’Italienne. Son ‘finest moment’ est ‘Carinhoso’ que Stella La Sorsa chante dans le portugais original, résultant en une version qui peut rivaliser avec la magnifique interprétation que Sara Vaughan a enregistrée en 1951. La conclusion après 25 minutes est que la collaboration entre Stella La Sorsa et Ollendorf donne envie d’en avoir plus. Un album à part entière, au minimum. (Jeroen Mulder) (8/10) (33 Jazz)