Stromae – Multitude

Stromae - Multitude

Stromae - MultitudeFils d’une mère flamande et d’un père rwandais, Paul van Haver, plus connu sous son nom de scène Stromae, a récemment sorti son nouvel album “Multitude”. L’album vient après plusieurs années que Stromae a lutté avec plusieurs problèmes de santé très graves. Un traitement contre le paludisme avec des complications a entraîné un effet boule de neige de problèmes physiques et psychologiques et même des pensées suicidaires. Stromae est ouvert sur ces questions et elles sont également pertinentes pour comprendre le hiatus entre l’album à succès “Racine Carrée” de 2013 et le nouvel album aux paroles très personnelles.

L’album contient 12 chansons et dure un peu plus de 35 minutes. Du point de vue de la production, l’album est tout seul. Écoutez-le sur une bonne paire d’écouteurs et émerveillez-vous devant le son. Surtout dans le genre de musique club/dance électronique auquel appartient cet album, le son est de la plus haute importance. C’est d’autant plus beau que cet album n’est pas un amalgame de toutes sortes de samples électroniques, beats et synthétiseurs, non, de la vraie musique traditionnelle a été faite ici. Ravi de voir qu’en plus de Stromae lui-même, sa femme Coralie Barbier est également présentée comme directrice de création. Il n’a pas eu à faire le calvaire mental que cet album a été pour faire donc il n’a pas eu à le faire seul. L’album parle des problèmes mentaux, des problèmes relationnels qui en ont résulté, de tous les défis que Stromae a dû surmonter ces dernières années. Un album autobiographique.

L’album démarre avec “Invaincu” comme premier morceau. Dans ce morceau, Stromae maudit sa maladie, mais précise qu’il est toujours invaincu. Une belle et solide ouverture avec un beau rythme et une chorale qui rappelle le groupe Baka Beyond, qui a connu un grand succès dans les années 90 avec leur musique, qui mettait en vedette les voix des pygmées Baka du Cameroun. Stromae a le don de raconter les sujets les plus difficiles de manière très accessible. Sa plume, cependant, est tranchante et impitoyable avec elle-même. Par exemple, écoutez “Mauvaise journée”. Un morceau de musique magnifiquement arrangé dans lequel de joyeux rythmes tropicaux dansant sous des trombones menaçants servent de base au très bon chant de Stromae.

«Hmm, aidez-moi
Hmm je m’sen si seul
Hmm laissez moi c’est mon droit d’être déprimé dans mon fauteuil»

Pas seulement ces paroles, mais tout l’album est un exercice d’authenticité. Un homme qui a le courage d’exposer son âme dans sa musique et de raconter à son public son combat et le processus dans lequel il se trouve encore. Il ne recule devant rien. La musique comme thérapie.

En tant qu’auditeur, vous êtes entraîné dans ce processus et c’est donc un réel soulagement lorsque Stromae raconte enfin une belle et bonne journée lors de la dernière chanson, dans laquelle il se sent bien et où même ses selles sont bonnes. Aïe ? Non. Les rayons du soleil brillent à travers la musique. Tu sens que ça va mieux.

Il est difficile de ne pas aimer un artiste comme Stromae. En fait, il a le courage, le talent et la musicalité de nous tenir un miroir avec sa musique. Un talent et un courage qui ne nous sont pas tous donnés de la même manière. Stromae réussit une fois de plus à surprendre avec son meilleur album à ce jour. Son album est une nouvelle preuve que la souffrance nourrit la créativité et l’art. C’est sans aucun doute le meilleur album de 2022 à ce jour. Dans les années à venir, il deviendra sans aucun doute le couronnement de l’œuvre de Stromae. Ensuite, il sera clair que 10 sur 10 est vrai. (9/10) (Mosaert)