Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Bien trop nombreux pour tous les écouter, sans parler de les chroniquer. Une critique par jour signifie que trop d’albums passent inaperçus, ce qui est regrettable. C’est pourquoi aujourd’hui nous présentons un aperçu des albums reçus à la rédaction, avec des critiques succinctes.
TheDEEPstate – Days of Delirium
TheDEEPstate est un projet musical du guitariste de Drifting Sun, Ralph Cardall. En collaboration avec James Sedge à la batterie et aux percussions, il produit une musique instrumentale et vocale éclectique. « Veil » est jusqu’à présent l’album le plus réussi de Drifting Sun. « Days of Delirium » est une réédition de cet album épuisé. Dès la première piste, on comprend qu’il s’agit d’un album très différent. Pour ceux qui ont souvent écouté « Veil », cela peut prendre un certain temps pour s’y habituer. Mais « The Old Man » intrigue immédiatement. Je ne vais pas détailler les différences entre ces albums, elles sont trop nombreuses. Même la liste des titres est différente. Certaines pistes sont à peine reconnaissables. Cependant, on reconnaît tout de même le style de Drifting Sun. Cela est bien sûr dû en partie à la voix de Jargon, avec sa voix belle et reconnaissable. Ce trio a créé une réédition très spéciale de « Veil » avec « Days of Delirium ». (8/10)(Esther Kessel-Tamerus) (Auto-production)
Nieve Ella – Watch It Ache and Bleed
La chanteuse-compositrice britannique Nieve Ella sort avec « Watch It Ache and Bleed » un nouvel EP qui passe en moins d’une demi-heure. Les huit titres, produits par Iain Berryman (connu pour ses collaborations avec Hozier et Arcade Fire), se distinguent par un son chaotique mais intéressant. Bien que « Sugarcoated » se manifeste comme l’une des pistes les plus fortes, l’EP dans son ensemble lutte avec une certaine agitation. La spontanéité qui caractérise le travail d’Ella est rafraîchissante, mais semble parfois se faire au détriment de la profondeur musicale. C’est comme si les idées étaient abandonnées trop rapidement avant d’être pleinement développées. L’énergie brute qui traverse l’EP est indéniable, mais manque de la finesse qui rendait ses travaux antérieurs si captivants. Avec un 5 sur 10, « Watch It Ache and Bleed » est une sortie inégale qui montre surtout que cette jeune artiste, qui a déjà tourné avec Dylan et Inhaler, est encore en plein développement. Il y a certainement du potentiel, mais cet EP ressemble davantage à une esquisse précipitée qu’à une œuvre artistique aboutie. (Jan Vranken)(5/10)(Nieve Bella Music Ltd)
Kelly Lee Owens – Dreamstate
Le parcours de Kelly Lee Owens, de vendeuse dans un magasin de disques à artiste électronique renommée, a jusqu’à présent été marqué par des expérimentations audacieuses et une innovation réfléchie. Cependant, son dernier travail, « Dreamstate » (2024), représente un virage inattendu et finalement insatisfaisant vers un terrain plus commercial. Le passage de la productrice galloise au sous-label électronique dh2, une filiale de Dirty Hit, montre clairement l’ambition de toucher un public plus large. Malgré la liste impressionnante de collaborations, dont Bicep, Tom Rowlands de The Chemical Brothers et George Daniel de The 1975, l’album déçoit par rapport à ses travaux antérieurs. La première piste « Dark Angel » donne le ton décevant de l’album, avec un manque flagrant de hooks accrocheurs et de profondeur mélodique. Le titre éponyme « Dreamstate » utilise certes des sons rétro intéressants de synthétiseur, mais il ne parvient toujours pas à se distinguer de la musique dance standard. Le plus grand défaut de l’album réside dans la faiblesse des compositions. Alors que les précédents albums d’Owens (notamment son premier et « Inner Song ») brillaient par l’intégration experte des voix et des éléments électroniques, « Dreamstate » s’appuie sur des fragments vocaux noyés dans des effets de réverbération qui flottent sans but au-dessus de beats four-to-the-floor standard. La production semble étonnamment amateur, surtout compte tenu du calibre des producteurs impliqués. Ce virage vers la trance inspirée par Ibiza contraste fortement avec la techno-pop mystérieuse qui a établi la réputation d’Owens. La créativité expérimentale qui rendait « LP.8 » si intrigante a été remplacée par des clichés dance génériques qui auraient pu venir de n’importe quel producteur. Pour une artiste qui a auparavant collaboré avec des figures avant-gardistes comme Jenny Hval et John Cale, cette régression vers une musique de danse formatée est particulièrement décevante. Bien que le succès commercial ne soit pas forcément négatif, « Dreamstate » sacrifie l’identité artistique d’Owens sans rien offrir de précieux en retour. (Anton Dupont)(2/10)(DH2)
Pongo – Pongo Baddie
Avec son nouvel EP « Pongo Baddie », Pongo confirme à nouveau son statut de défenseuse de la scène kuduro contemporaine. Tout comme son contemporain Miguel Batida, qui a récemment apporté une touche moderne à la kizomba avec son single « Muscle Memory », Pongo parvient à traduire ses racines angolaises en un son moderne qui vise directement la piste de danse. « Pongo Baddie » est une collection de morceaux qui ne laisse pas de place à l’immobilité. Le titre d’ouverture « Alabamento » est un véritable tour de force qui pousse le corps à bouger – les rythmes hypnotiques et les beats pulsants rendent toute résistance futile. Le contraste vient avec « Mandela », où Pongo ralentit et laisse place à l’introspection. Elle aborde ici, tout comme Batida dans ses œuvres, les émotions complexes de la deuxième génération de la diaspora angolaise en Europe. La « saudade », ce sentiment typiquement portugais de nostalgie mélancolique, imprègne la production sans pour autant affaiblir l’énergie fondamentale de l’EP. Bien que « Pongo Baddie » soit peut-être un peu court pour développer pleinement toutes les idées musicales, il éveille néanmoins la curiosité pour ce qu’un album complet pourrait apporter. L’EP montre une artiste qui est bien dans sa peau et qui sait exactement comment animer une piste de danse, tout en restant fidèle à son patrimoine culturel. Cette sortie souligne l’impact croissant de la musique de danse angolaise sur la scène des clubs européens, où des artistes comme Pongo et Batida transforment les genres traditionnels en quelque chose de moderne et d’avant-gardiste. (Elodie Renard)(7/10)(Hive Music)
Susanna Hoffs – The Lost Record
Une capsule temporelle de 1999 voit enfin le jour. Dans le monde de la musique, les albums « perdus » s’accompagnent souvent de mythes élaborés, mais « The Lost Record » de Susanna Hoffs, comme son titre l’indique, a une origine rafraîchissante : il est simplement resté 24 ans dans son garage. Enregistré en 1999 avec un groupe d’amis, dont Charlotte Caffey et Jane Wiedlin des Go-Go’s, cet album capture Hoffs durant ce qu’elle décrit comme une « période douce et particulière » de maternité naissante et de découverte de soi. Le cadre du garage convient parfaitement à Hoffs, qui a régulièrement exprimé son amour pour le garage rock au cours de sa carrière. C’est l’endroit où une grande partie de son parcours musical s’est déroulé, de ses débuts jusqu’à cette séance d’enregistrement intime. Bien que cet album n’atteigne pas la vulnérabilité intense de certains enregistrements célèbres des Bangles (comme l’histoire bien connue selon laquelle Hoffs aurait enregistré « Eternal Flame » toute seule, sans vêtements), il offre une autre forme d’intimité – celle d’une créativité décontractée entre amis. L’album contient des versions préliminaires de chansons qui trouveront plus tard une place ailleurs, comme « Under A Cloud », que les Bangles finiront par enregistrer en 2011. « I Will Take Care of You », co-écrit avec Dillon O’Brian, apparaît ici dans ce que Hoffs considère comme sa version définitive -brute et élégante, dépourvue du vernis qui caractérisera plus tard la version des Bangles. Bien que ce soit agréable d’entendre enfin ces enregistrements « perdus », ils ressemblent plus à un document historique qu’à une sortie essentielle. Le timing de cette sortie est néanmoins intrigant, car des rumeurs circulent selon lesquelles elle pourrait bien précéder de nouvelles activités des Bangles dans l’année à venir. En attendant, cet album sert principalement de note de bas de page intéressante dans la vaste carrière de Hoffs. (Jan Vranken)(6/10)(Baroque Folk Records)