Dhafer Youssef : J’existe grâce à mon public

Après l’une de ses répétitions à Vienne, Maxazine a eu l’occasion de s’entretenir avec le musicien de jazz Dhafer Youssef. Lui et son groupe préparaient leur prochaine tournée européenne, au cours de laquelle ils présenteraient leur fusion unique de jazz, de musique arabe et de musique africaine. Son dernier album, “Streets Of Minarets”, a été acclamé par la critique et est arrivé en tête de nombreuses listes de critiques musicaux dans le monde entier. Dès le début, il est apparu clairement que pour Dhafer, la musique est bien plus que des sons et des notes – c’est l’expression profonde d’une émotion et d’une connexion.

“Pour moi, faire de la musique, c’est comme savourer un délicieux dîner avec des amis”, m’a confié Dhafer. Comme pour un repas en commun, il aime créer des sons et des mélodies avec des musiciens talentueux. Bien que les répétitions soient intenses, il ne les qualifie pas d’efforts. “C’est un vrai plaisir de pouvoir jouer avec ces musiciens”, a-t-il déclaré. Après les répétitions, il a besoin de se reposer pour laisser l’expérience musicale s’imprégner.

Notre conversation a porté sur le dernier album de Dhafer, “Streets Of Minarets”. Pour lui, chaque album représente une nouvelle étape dans son développement artistique. Toutefois, cet album revêt une importance particulière car il l’a créé avec son groupe, sans musique pré-écrite. “C’était un défi de développer de nouvelles compositions à partir de rien. Heureusement, j’ai pu collaborer avec des musiciens exceptionnellement talentueux qui ont su répondre rapidement à mes idées.”

Ce processus a donné naissance à une musique difficile à analyser, car elle touche directement le cœur de l’auditeur. “Ma musique est une porte sur la vie, un moyen de partager mes sentiments et mes expériences”, explique Dhafer. Son objectif n’est pas de faire la musique la plus complexe ou la plus sophistiquée, mais de transmettre des émotions qui touchent les gens.

Les rythmes inhabituels et les signatures temporelles qu’il utilise sont un élément distinctif des compositions de Dhafer. “J’aime jouer avec différentes signatures temporelles, car cela renforce la dynamique de la musique”, explique-t-il. Un exemple en est le morceau en 17/8 “Streets Of Minarets”, pour lequel il a collaboré avec les légendes du jazz Marcus Miller et Vinnie Colaiuta. Bien que techniquement complexes, ces rythmes créent une atmosphère dansante avec une ambiance Bob Marley inimitable.

Dhafer chante toujours en arabe, car c’est sa façon la plus authentique de s’exprimer. “La musique transcende les frontières de la langue”, affirme Dhafer. Il considère sa voix comme son instrument le plus personnel, quelque chose qu’il a hérité naturellement plutôt qu’appris. “Chanter pour moi, c’est comme se mettre à nu devant mon public, une forme d’expression profonde”, dit-il.

Au cours de notre conversation, il est apparu clairement que la musique de Dhafer n’est pas seulement la sienne. Lorsqu’il interprète ses compositions, il crée une expérience magique qu’il partage avec le public. “La musique n’existe que lorsqu’on la partage avec les autres”, conclut Dhafer. “J’existe par la grâce de mon public.
Dhafer Yousses joue à jazz and Comminges a Saint-Gaudens le 08 MAI 2024 et au Sceaux Jazz Festival le
16 Juin.