À une époque où nostalgie et authenticité vont de pair, Alvin Nathaniel Joiner – mieux connu sous le nom de Xzibit – revient à ses origines avec ‘Kingmaker’. Treize ans après ‘Napalm’, le vétéran de LA prouve que les vrais vétérans de l’Âge d’Or ne disparaissent jamais vraiment, ils ne font que se recharger pour leur prochain coup.
‘Kingmaker’ s’ouvre avec ‘Play This At My Funeral’, un morceau qui donne immédiatement le ton : ce n’est pas un voyage nostalgique, mais une déclaration. Tout comme Ice Cube avait prouvé à l’époque avec ‘Death Certificate’ que le rap politique et la crédibilité de rue pouvaient aller ensemble, Xzibit montre ici que la réflexion sur sa propre mortalité peut donner de la force au lieu de la faiblesse. La production respire cette atmosphère typique de la West Coast qui nous rappelle les jours de gloire de ‘The Chronic’ et ‘Doggystyle’.
Ce qui rend ‘Kingmaker’ particulier, c’est la façon dont Xzibit a consolidé sa position dans la culture. Là où beaucoup de rappeurs des années quatre-vingt-dix ont lutté avec la transition vers d’autres médias, X to the Z en a fait un art. De ‘Pimp My Ride’ aux rôles au cinéma – il est devenu le prototype du rappeur multimédia, bien avant que ce soit un mot à la mode. Drake et 50 Cent peuvent apprendre de la façon dont Xzibit a construit sa marque sans perdre son identité fondamentale.
Les collaborations sur ‘Kingmaker’ donnent l’impression d’une réunion de la royauté du rap. La présence de Dr. Dre sur ‘Leave Me Alone’ (avec Ty Dolla $ign) nous rappelle pourquoi leur collaboration sur des albums comme ‘Restless’ était si puissante. Tout comme Dre avait transformé Snoop du talent underground à la star mainstream, sa touche de production continue de canaliser l’énergie brute de Xzibit vers des sons accessibles mais non polis.
La contribution d’Ice Cube à ‘For The Love’ évoque des souvenirs de leur domination commune de la West Coast. Là où ‘AmeriKKKa’s Most Wanted’ de Cube avait posé les bases du rap conscious politique, Xzibit apporte ici une variante plus personnelle et introspective. C’est comme si nous entendions ‘Boyz-n-the-Hood’, mais raconté par quelqu’un qui a vécu tout le cycle.
Au niveau production, l’album alterne entre brillant et moyen. Des morceaux comme ‘Belly Of The Beast’ et ‘History’ contiennent ce son vintage californien qui a rendu ‘Regulate’ et ‘Nuthin’ But A ‘G’ Thang’ si iconiques. D’autres chansons, notamment certaines avec des featuring modernes, manquent parfois de ce flow organique qui caractérise le meilleur travail de Xzibit.
Lyriquement, Xzibit prouve que l’expérience aiguise votre plume. Ses jeux de mots et références culturelles montrent quelqu’un qui n’a pas seulement survécu, mais qui a appris. Là où beaucoup de ses contemporains tombent dans la répétition, il apporte des perspectives fraîches sur des thèmes familiers. ‘Success’ et le titre ‘Kingmaker’ démontrent un artiste qui connaît sa valeur.
Le plus impressionnant dans ce comeback est la crédibilité de Xzibit. Dans un genre où l’authenticité est tout, il rayonne encore cette énergie affamée qui l’a distingué dans les années quatre-vingt-dix. Pas d’argot jeune forcé ou de suivisme des tendances – juste du rap solide de quelqu’un qui a mérité sa place dans la culture.
‘Kingmaker’ prouve que l’ancienne garde peut encore être pertinente sans se renier. Ce n’est pas un album parfait, mais c’est un rappel que la classe et le savoir-faire sont intemporels. Xzibit montre aux jeunes artistes comment construire et maintenir un empire, tout en restant fidèle à ce qui vous a rendu grand.