Revue des albums du samedi 11 mai 2024 : Fred Soul & Zé Luis Nascimento, Yaya Bey et d’autres

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Il y en a beaucoup trop pour tous les écouter, encore moins pour les critiquer. Faire une critique par jour signifie que trop d’albums restent sur le carreau. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction, sous forme de courtes critiques.

Lucassen & Soeterboek’s Plan Nine – The Long Lost Songs

À la base de “Les Chansons Perdues” se trouvent des démos bluesy enregistrées il y a environ 30 ans par Arjen Lucassen (Ayreon) et Robert Soeterboek (The Cotton Soeterboek Band). La voix de Robert a un agréable petit côté rugueux. Les choeurs sont de qualité, mais parfois un peu trop sucrés. Le timing prévisible de ceux-ci attire parfois trop l’attention loin du chant principal. On remarque que le chant et la musique créent une bonne ambiance lors d’un concert en direct. Des morceaux relaxants alternent avec des morceaux accrocheurs. On trouve entre autres beaucoup de jeu de guitare (screaming) et agréablement beaucoup d’orgue Hammond. Lorsqu’il y a des échantillonnages ajoutés, ils sont toujours au service de l’ensemble. Sur le CD 2 se trouvent principalement des démos. Lors des démos instrumentales, on se rend compte qu’il n’est pas facile de chanter sur la musique. Bien que les morceaux soient plus accessibles que ceux d’Ayreon. Les transitions du prog metal au blues/hard rock sont excellentes. Enfin un bon album où ces deux styles vont de pair. “Les Chansons Perdues” sort le 17 mai, vous pouvez encore le précommander. (Esther Kessel-Tamerus) (8/10) (Music Theories Recordings / Mascot Label Group)

Fred Soul & Zé Luis Nascimento – Viva Nana

Fred Soul et Zé Luis Nascimento, deux grandes figures musicales en leur propre droit, unissent leurs forces sur l’enchantant album “Viva Nana”. Cet album est une collection envoûtante de musique éclectique, mettant en vedette le piano de Soul et les magnifiques percussions de Nascimento. Soul, issu d’une famille de musiciens et d’artistes, apporte son riche bagage en musique classique européenne et en musique orientale traditionnelle dans ses compositions et improvisations. Son jeu de piano tisse un fil subtil entre le passé et le présent, entre l’Occident et l’Orient. Nascimento, percussionniste virtuose du Brésil, ajoute sa profonde connaissance des percussions orientales et occidentales à la palette. Son vocabulaire rythmique original et sa capacité à combiner une variété d’instruments contribuent à la cohésion de la musique. Le résultat est une collaboration envoûtante universellement attrayante. “Viva Nana” invite l’auditeur à se perdre dans le monde puissant et élégant de ces deux musiciens magistraux. La question qui reste est de savoir qui amènera ce duo aux Pays-Bas pour des concerts live, car leur musique mérite d’être entendue par un large public. C’est un chef-d’œuvre. (Jan Vranken) (9/10) (Barkhane)

Yaya Bey – Ten Fold

Yaya Bey, auteure-compositrice-interprète de Brooklyn, a progressivement gagné en notoriété avec son style de R&B totalement unique, profondément enraciné, selon ses propres mots, dans son origine sudiste et bajane. Cependant, son dernier album, ‘Ten Fold’, est en deçà de ses performances précédentes. Malgré les efforts de Bey pour créer des récits poétiques sur la vie en tant que femme noire, ‘Décupler’ donne l’impression de manquer d’inspiration et de souffrir d’un manque de créativité. Les morceaux semblent être assemblés à la hâte, certains sonnant même faux ou esthétiquement désagréables. Même la photo de couverture de l’album, probablement destinée à dégager de la force, semble forcée et, honnêtement, misogyne. Le parcours artistique de Bey, de son EP inaugural à son engagement dans l’activisme, est louable et a connu de meilleurs moments. Cependant, ‘Décupler’ ne tient pas la promesse de ses œuvres antérieures. C’est une déception compte tenu de ses efforts précédents et du talent qu’elle possède. Bien que les expérimentations de Bey avec différents genres et collaborations sur ‘Ten Fold’ montrent de l’ambition, cela finit par décevoir. L’album manque le son cohérent et la profondeur introspective auxquels on pourrait s’attendre. Dans l’ensemble, ‘Décupler’ est un album qui demande à être passé sous silence plutôt qu’écouté, une déviation par rapport à la musique habituellement stimulante et soulful de Bey. (Elodie Renard) (4/10) (Big Dada)

Villagers – That Golden Time

Le dernier album de Villagers, “That Golden Time”, est comme une couverture chaude un matin de printemps, enveloppante et rassurante. Conor J. O’Brien et son équipe parviennent avec cet album à créer un son agréable et chaleureux qui invite l’auditeur à se détendre et à apprécier. Un aspect particulier de cet album est les apparitions d’invités, qui donnent une dimension supplémentaire aux morceaux. La présence de la légende folk irlandaise Dónal Lunny et du chanteur-compositeur-interprète et violoniste américain Peter Broderick ajoute une belle nuance à la riche atmosphère sonore de l’album. Un moment fort sur ‘That Golden Time’ est le morceau ‘You Lucky One’, qui montre subtilement que la beauté se trouve souvent dans la simplicité. L’album dégage de la sympathie et invite à réécouter le travail précédent de Villagers. Dans l’ensemble, ‘That Golden Time’ est un bel album qui emmène l’auditeur dans un voyage émotionnel, enveloppé de sonorités chaleureuses et imprégné de sentiments sincères. Un incontournable pour les amateurs de folk-pop introspective. (Jan Vranken) (7/10) (Domino Recording Co)

Keeley Forsyth – The Hollow

Keeley Forsyth est une compositrice, chanteuse et actrice originaire de Oldham dans le nord-ouest de l’Angleterre. Basée sur des arrangements parcimonieux, la musique de Forsyth repose sur une performance vocale unique, émotionnellement brute et magnétique, parfois dévastatrice et parfois réconfortante. Les personnages peuplant ses chansons racontent des histoires de marées hautes et basses; de liberté et de captivité, de victoires difficiles et des coins les plus sombres de la vie domestique. Ces dernières années, Keeley s’est forgée une réputation pour des performances live dramatiquement captivantes qui reflètent son intérêt pour le théâtre contemporain, la danse et le mouvement. Le nouvel album ‘ The Hollow’ ne pouvait pas avoir un meilleur titre. Le froid d’un vieux cercle de pierres quelque part en Angleterre vous saisit le cœur et ne vous lâche plus. Est-ce beau ? Peut-être. Est-ce intrigant ? Certainement. Un album qui retient votre attention et ne la lâche plus. Presque comme une pièce radiophonique, de douloureusement tranchant à magnifiquement éthéré. Cela doit être une expérience incroyable en live. Quand vous entendez ça, soit vous êtes accro, soit vous le mettez de côté. J’ai opté pour le premier. Quel album étrange, mais envoûtant et qui mérite d’être écouté. (Anton duPont) (8/10) (130701 Ltd)