Revue des Albums de dimanche 14 avril 2024 : Shabaka, Connie Smith et autres

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour les écouter tous, encore moins pour les critiquer. Faire une critique par jour signifie que trop d’albums restent en attente. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous présentons aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction avec de courtes critiques.

Balance Of Power – Fresh From The Abyss

Après une période de plus de 20 ans, le groupe britannique de metal progressif mélodique Balance Of Power se fait enfin entendre à nouveau. Comparé au dernier album, quelques changements sont survenus. Non pas tellement sur le plan musical, mais il y a eu des changements de personnel. Avec l’arrivée de la très talentueuse chanteuse Hazel Jade, Balance Of Power n’en est certainement pas devenu moins bon. Les guitaristes sont également nouveaux. Chris Young et Adam Wardle remplacent les anciens Chris Masimore et Stoney Wagner, qui ont tout de même contribué à cet album. Le bassiste Tony Ritchie et le batteur Lionel Hicks sont présents depuis le début et participent également à cet album. Balance Of Power ne reste pas complètement figé dans les jours de gloire d’antan. Par exemple, “Velocity” offre un métal plus moderne avec une touche gothique grâce au travail vocal de Hazel Jade. La meilleure chanson est la ballade puissante de clôture “One More Time Around The Sun”, avec un rôle brillant pour Hazel Jade. Je ne peux pas dire assez de fois à quel point cette femme a une voix remarquable ! Cet album convient aussi bien aux “anciens” comme moi qui se remémorent nostalgiquement l’époque où le métal et la vie étaient beaucoup moins compliqués qu’aux jeunes amateurs de métal qui se demandent ce que les “vieux” (et les “vieilles”) trouvaient de si génial dans la musique “d’autrefois”. J’ai eu un sourire jusqu’aux oreilles quand j’ai écouté pour la première fois ce sixième disque de Balance Of Power et je n’ai donc aucun mal à recommander “Fresh From The Abyss”. (Ad Keepers) (8/10) (Massacre)

Lynks – Abomination

Le premier album “Abomination” de Lynks offre un mélange éclectique de pop industrielle lo-fi imprégnée d’une certaine absurdité théâtrale. C’est un disque qui ne se prend pas trop au sérieux, avec des paroles oscillant entre le défi et l’infantilisme. L’artiste semble vouloir se présenter comme débridé et provocateur, mais souvent cela reste bloqué dans une bravade superficielle. Les aspects musicaux de l’album ne sont pas beaucoup mieux ; il semble que chaque morceau soit bourré de gimmicks sans vraiment former un ensemble cohérent. Le chant ajoute une couche d’irritation à cela, avec un ton geignard qui perturbe plus qu’il n’enrichit l’expérience d’écoute. Bien que certains auditeurs puissent apprécier l’esthétique exagérée et les paroles sans vergogne de Lynks comme une forme de camp, cet album ne apportera probablement pas grand-chose à ceux qui recherchent de la profondeur ou de la sophistication. En bref, “ABOMINATION” est une tentative ratée de provocation qui ressemble davantage à une confirmation de frustration sexuelle qu’à une déclaration artistique sincère. (Jan Vranken) (2/10) (Heavenly recordings sous licence de [PIAS])

Phosphorescent – ‘Revelator’

Le nouvel album de Phosphorescent, intitulé ‘Revelator’, est un chef-d’œuvre qui creuse profondément dans le noyau émotionnel de la vie. Matthew Houck, le cerveau derrière Phosphorescent, explore sur cet album la grande tristesse inhérente à l’existence humaine. Il s’appuie sur les thèmes explorés précédemment dans des albums comme ‘Muchacho’ et ‘C’est La Vie’, mais étend l’histoire et emmène l’auditeur dans un voyage où les rêves et la réalité se confondent. Avec son mélange caractéristique de folk indie expérimental et d’americana, Houck impressionne à nouveau. L’album s’ouvre avec le titre ‘Revelator’, un morceau puissant qui donne le ton pour le reste de l’album. De là, Phosphorescent nous emmène dans un voyage à travers des chansons comme ‘The World Is Ending’, ‘Impossible House’, et ‘Wide As Heaven’, nous entraînant dans son riche paysage musical. Avec des morceaux comme ‘A Moon Behind The Clouds’ et ‘A Poem On The Men’s Room Wall’, Phosphorescent montre sa polyvalence en tant qu’artiste, tout en restant fidèle à son son et à son style uniques. ‘Revelator’ est un album captivant qui explore les émotions les plus profondes de la vie et offre à l’auditeur une expérience musicale inoubliable. (Norman van den Wildenberg) (7/10) (Verve)

Shabaka – Perceive its Beauty, Acknowledge its Grace

“Perceive its Beauty, Acknowledge its Grace” de Shabaka Hutchings est un album magnifique et réfléchi qui dégage une profonde introspection et une atmosphère méditative. Avec un ensemble de musiciens talentueux, dont Carlos Niño et Esperanza Spalding, Hutchings tisse un tapis musical méditatif qui emmène l’auditeur dans un voyage de contemplation et de réflexion. L’utilisation remarquable des flûtes, notamment le shakuhachi japonais et plusieurs autres flûtes traditionnelles, ajoute un élément de beauté éthérée à la musique. Ce choix de mettre

le saxophone en arrière-plan au profit de la flûte donne à l’album une sonorité et une profondeur uniques. La collaboration avec des chanteurs comme Saul Williams et Lianne La Havas ajoute un aspect humain à la musique, créant une résonance émotionnelle dans des morceaux comme “Managing My Breath, What Fear Had Become” et “Kiss Me Before I Forget”.

L’approche de Hutchings pour composer de la musique comme de la poésie est clairement visible dans les titres des morceaux, qui semblent être des poèmes autonomes invitant l’auditeur à l’interprétation et à l’introspection. Si ce n’est pas une coïncidence que cet album suive l’album ‘flûte’ qui a eu tant de succès avec Andre 2000, on ne peut le dire, mais il est assez étrange que deux albums de ce type soient sortis si peu de temps l’un après l’autre. Dans l’ensemble, “Perceive its Beauty, Acknowledge its Grace” est un bel album de ‘jazz’ contemporain qui met en valeur non seulement l’habileté musicale de Hutchings et de ses collaborateurs, mais aussi une résonance spirituelle et émotionnelle profonde qui saura certainement séduire l’auditeur. Recommandé pour quiconque s’est déjà inscrit à un cours de méditation, ou envisage de le faire à l’avenir. (Jan Vranken) (6/10) (Verve)

Connie Smith – Love, Prison, Wisdom and Heartaches

Le dernier album de Connie Smith, “Love, Prison, Wisdom and Heartaches”, nous ramène à une époque où la musique country était encore pure et immaculée. C’est aussi une époque révolue. Avec sa voix typique qui vous enveloppe ou vous fait grincer des dents, Smith nous emmène dans un voyage nostalgique à travers les sonorités country classiques. L’album s’ouvre sur ‘The Other Side of You’, une chanson qui commence presque de manière hystérique et montre peu de subtilité. C’est comme si vous montiez dans une machine à remonter le temps jusqu’au début des années soixante, vous demandant si vous écoutez Connie Smith ou Patsy Cline. Bien que Smith ait mérité sa place dans la liste des 100 artistes country les plus importants, cet album ressemble davantage à un hommage à ses collègues qu’à une création fraîche. Elle interprète des chansons d’autres légendes de la country comme Loretta Lynn et Merle Haggard, mais n’arrive pas tout à fait à imprimer sa propre marque. Malgré sa tentative de donner un second souffle aux chansons, elles restent coincées dans le passé, sans beaucoup d’innovation ou de fraîcheur. C’est comme une visite dans un musée rempli de disques poussiéreux d’une époque lointaine. Dans l’ensemble, “Love, Prison, Wisdom and Heartaches” mérite un modeste 5 sur 10. C’est un album qui plaira surtout aux fans inconditionnels de musique country classique, mais pour ceux qui recherchent quelque chose de nouveau et de stimulant, il sera probablement décevant. Connie ferait mieux de rester derrière les bégonias, où elle a trouvé une place confortable ces dernières années. (Jan Vranken) (5/10) (Fat Possum Records)