L’année dernière, nous avons eu Éphémère, que Grand Corps Malade a réalisé avec Gael Faye et Ben Mazue.
Entre toutes ces activités, Grand Corps Malade était également en tournée. C’est donc quelque part un miracle que nous puissions écouter aujourd’hui un nouvel album du slammeur.
Reflets’ marque la sortie du huitième album de GCM. Le succès de ‘Mesdames’ a été tel qu’il semblait difficile d’imaginer qu’il puisse atteindre le niveau de cet album. Les beaux textes, les duos avec les meilleurs chanteurs, c’est toujours une formule en or. Alors, quel genre d’album est devenu “Reflets” ?
Il est facile de répondre à cette question. Avec ‘Reflets’, GCM revient au vrai slam tel que nous le connaissons dans ses albums précédents. Il y ajoute toutefois quelques nouveautés sur le plan de la production et de la musique. Une fois de plus, il a réussi à faire un album urgent, plein de belles chansons et de textes d’actualité qui font réfléchir l’auditeur, puis sourire, la musique comme la vie elle-même. GCM comprend l’art de nous tendre un miroir, de nous donner à réfléchir et de nous faire ressentir de l’empathie. Un grand talent.
Avec ‘Reflets’, GCM nous apporte 12 nouveaux titres. La production est très bonne. Quand un album peut sonner aussi moderne, riche, détaillé et calme, on sait que Mosimann et Guillaume Poncelet doivent être derrière. Top of the line”, c’est ainsi que les Anglais l’appellent. Il semble qu’avec la montée en puissance d’hommes comme Poncelet, c’est toute la musique populaire française qui a reçu un coup de fouet. Non seulement ses productions sont immédiatement reconnaissables, mais son jeu de piano en particulier est tellement associé à l’homme qu’il est presque une signature de sa musique. Écoutez également son propre album, “Durango”, c’est un conseil d’écoute supplémentaire gratuit. Un moment avec ‘Reflets’
Les chansons ne sont pas inférieures les unes aux autres, mais certaines d’entre elles méritent vraiment d’être mises en lumière. Écoutez “2083”, une lettre d’un grand-père à son petit-fils dans le futur. Une mise en garde contre le changement climatique et l’intolérance. Tristement nécessaire, mais entre les mains de GCM, ce sujet n’est pas non plus éludé. Les demi-mesures ne sont plus une option. Espérons que les gens écouteront.
“La rue La Fayette” est d’une beauté à couper le souffle. On y entend la pluie, une trompette de jazz qui danse contre les murs de la rue La Fayette à la fin de l’été. Le piano de Poncelet porte la récitation de Grand Corps Malade. De la poésie à l’état pur. Laissez-vous emporter par la mélodie, après quelques tours vous prendrez les paroles au cœur. Magnifique, et puis les cuivres comme une robe de soie au vent entre les musiques. Grand Corps Malade à son meilleur.
Comme nous l’avons dit, cet album n’a aucun moment faible. La musique est enrichie, développée. L’équipe de Grand Corps Malade est de plus en plus en phase les uns avec les autres. GCM lui-même sait trouver des mots toujours plus beaux. Ses textes sont poétiques, si originaux qu’ils relèvent de l’art. Ils me touchent parfois si profondément qu’ils me rappellent l’écrivain néerlandais Nescio, du début du vingtième siècle. Lui aussi savait écrire d’une manière qui semblait venir directement du cœur.
Avec ‘Reflets’, Grand Corps Malade écrit un nouveau chapitre de son œuvre de plus en plus belle. Il parvient à se connecter de plus en plus à son propre cœur authentique. C’est difficile, ce n’est pas évident. Mais c’est ainsi que le lien qu’il établit avec nous, en tant que public, devient de plus en plus direct. En tant qu’auditeur, vous le ressentez. Écoutez et subissez. Reflets est un autre chef-d’œuvre.
(9/10)(Anouche Records)