Orchestra Baobab enchante le publique Belge avec une performance inoubliable

Le vendredi soir 6 septembre 2024, De Roma à Anvers a été le théâtre d’une performance inoubliable du légendaire groupe sénégalais Orchestra Baobab. Le groupe, qui aurait dû célébrer son 50e anniversaire en 2020, a enfin pu sabrer le champagne après des années de report causées par les bien connues péripéties liées à la pandémie de Covid-19. L’attente en valait largement la peine, car les musiciens ont démontré que leur fusion unique de jazz afro-cubain, de rumba congolaise, de son cubain et de sonorités créoles portugaises est toujours aussi vivante et captivante qu’il y a un demi-siècle. Début 2025, le groupe lancera un nouvel album intitulé *Made in Senegal*, et le 6 novembre prochain, Orchestra Baobab se produira à L’Olympia à Paris. Raison de plus pour aller jeter un coup d’œil en Belgique pour avoir un avant-goût de ce qui nous attend.

 

Orchestra Baobab, fondé en 1970 comme groupe résident du club de nuit éponyme à Dakar, possède une histoire remarquable, étroitement liée aux développements culturels et politiques du Sénégal après son indépendance en 1960. Sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, la scène musicale dakaroise a prospéré, avec des clubs comme le Miami (rebaptisé plus tard Baobab) servant de pépinières pour de nouveaux talents. C’est dans cet environnement bouillonnant qu’Orchestra Baobab, en tant qu’orchestre résident du club susmentionné, a développé son son unique, franchissant les frontières de la musique africaine traditionnelle en adoptant des influences occidentales.

Le concert à De Roma a prouvé l’attrait intemporel d’Orchestra Baobab, qui ne cesse de se réinventer. Le groupe, avec pour la première fois la chanteuse Korka Dieng, a créé une tapisserie sonore à la fois familière et surprenante. Les racines du mbalax sénégalais étaient clairement audibles, mais se mêlaient sans effort aux rythmes latino-américains et aux harmonies jazz. Le résultat était un son à la fois nostalgique et moderne, livré avec une telle aisance qu’on aurait dit que cela ne coûtait aucun effort. Quel plaisir de voir un groupe jouer en parfaite harmonie, franchissant ensemble tous les obstacles avec une telle complicité. Il n’a pas fallu plus de deux morceaux pour que le public d’Anvers abandonne ses sièges. L’énergie entre la scène et la salle se déversait de plus en plus contre les murs de l’ancienne salle de cinéma, jusqu’à littéralement faire exploser le toit. Quelle soirée ! Il faut dire que les deux jeunes chanteurs, Papino Niassyaby et Korka Dieng, se sont révélés être deux pièces essentielles d’une machine bien huilée, Dieng élevant encore davantage le niveau avec son timbre à couper le souffle, qui rappelait parfois la voix d’une jeune Yande Codou Sène, mélangée à la soul d’Aretha Franklin. Une preuve de plus qu’il n’y a vraiment plus de place dans ce monde pour le patriarcat. Tout est meilleur avec des femmes !

La setlist était un voyage soigneusement orchestré à travers la riche histoire du groupe. Des classiques comme *Utrus Horas* et *Nijaay* ont été interprétés avec un enthousiasme renouvelé, tandis que des morceaux d’albums plus récents comme *Tribute to Ndiouga Dieng* ont montré qu’Orchestra Baobab continue d’innover dans son style emblématique. Les parties de guitare virtuoses, les chants polyphoniques et la section rythmique impeccablement maîtrisée formaient un ensemble soudé qui a captivé le public dès les premières notes. Ce qui a particulièrement marqué durant le concert, c’est la manière dont Orchestra Baobab parvenait à rassembler les générations. Dans le public, on pouvait voir aussi bien des fans de la première heure que des jeunes amateurs de musiques du monde, tous unis par leur admiration pour cet héritage musical unique que représente le groupe. Cet aspect intergénérationnel souligne l’influence durable d’Orchestra Baobab sur la scène mondiale de la musique.

La tournée anniversaire d’Orchestra Baobab est bien plus qu’un simple retour nostalgique. C’est une célébration de la résilience culturelle et de l’innovation musicale. À une époque où la musique du monde suscite de plus en plus d’intérêt, ce supergroupe sénégalais prouve que l’authenticité et la modernité peuvent aller de pair. Leur performance à De Roma n’était pas seulement un hommage à leur propre histoire, mais aussi à la riche tradition musicale de l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble.

Alors que les dernières notes s’éteignaient dans la salle historique de De Roma, Orchestra Baobab laissait derrière lui un public visiblement impressionné. Ce concert a confirmé non seulement le statut du groupe en tant que légende vivante, mais a également montré que leur musique est encore capable d’inspirer, de rassembler et d’élever. Pour ceux qui ont manqué cette soirée : gardez un œil sur les prochaines dates de tournée. Un concert d’Orchestra Baobab est une expérience musicale à ne pas manquer, une preuve vivante que certaines choses ne font que s’améliorer avec le temps. Orchestra Baobab est prêt pour un autre demi-siècle.

Photos (c) Jan Vranken