L’aperçu des nouveaux albums : Saundra Williams , Oddisee et plus

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, encore moins pour tous les critiquer. Une critique par jour fait qu’il reste trop d’albums en attente. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de courtes critiques.

Dirty Nice – Planet Weekend

Sur le dernier disque du groupe indie pop britannique Dirty Nice, vous vous retrouvez dans une sorte de foire bizarre. Cela se voit déjà assez bien sur la pochette de l’album, bien sûr. Si nous regardons ensuite la liste des pistes de ‘Planet Weekend’, nous voyons également plusieurs interludes mentionnés comme des attractions. Bon, en soi c’est plutôt une idée sympa pour une sorte d’album concept. Cependant, certains textes sont si absurdes et vocalement pas très bien chantés que vous vous demandez plutôt : qu’est-ce que j’écoute exactement maintenant ? ‘If I Was Abducted By Aliens’ ressemble à un enfant qui n’arrête pas de poser des questions. Pourtant, si nous devons en croire Spotify, c’est jusqu’à présent le morceau le plus écouté de l’album. Cela devient agaçant, tout comme la rengaine sur ‘Merry-Go-Round Girl!’. Par ailleurs, c’est bien fait que pratiquement tout ce qui est chanté se retrouve sur la pochette de l’album. C’est en fait plus amusant que la musique réelle qu’on nous sert. Je pense que cela en dit plus qu’assez. (3/10) (Chiverin)

 Various Artists – CaliAmericana, Vol. 3 (A Compilation Inspired by the Legacy of David Crosby)

Cet album hommage rassemble un certain nombre de chanteurs sérieusement talentueux pour honorer l’héritage de David Crosby, et honnêtement, ils l’ont fait parfaitement. Chris et John Beland ouvrent avec une magnifique version de ‘Eight Miles High’ qui donne exactement le bon ton. Shawn Thies brille absolument sur ‘Oh, Nightingale’ et ‘Guinnevere’, sa voix a cette incroyable chaleur qui fait que ces morceaux semblent à nouveau frais. Jonathan Firey livre deux excellentes performances avec le poignant ‘Dangerous Night’ et le plus entraînant ‘Dirty David’, montrant une vraie polyvalence. Les contributions de Kathleen Sieck sont tout aussi impressionnantes, son interprétation de ‘Lee Shores’ est de la pure méditation tandis que ‘The Universe Knows You’re Mine’ vous touche droit au cœur. Glen Phillips apporte une énergie formidable avec ‘Velvety Jesus’ et conclut parfaitement l’ensemble avec ‘Music Is Love’. Ce qui rend ceci si bon, c’est la façon dont chaque artiste respecte les morceaux originaux tout en se les appropriant. La production garde tout intime et organique, sans jamais faire obstacle à l’émotion. C’est exactement comme un album hommage devrait être fait. (Norman van den Wildenberg) (7/10) (Santa Barbara Records)

Saundra Williams – New Day

Saundra Williams est une de ces chanteuses dont vous n’avez peut-être jamais entendu le nom, mais qui est bel et bien connue et appréciée par de nombreux amateurs de musique. Bien sûr, pour beaucoup, elle restera toujours liée à son rôle de choriste chez les inoubliables Sharon Jones & The Dap-Kings, mais Saundra a bien plus à offrir que ce simple rôle d’arrière-plan. Née et élevée à New York, formée dans les églises, les écoles et les rues de la ville, Williams avait déjà fait épanouir son don dans le magnifique album en duo avec sa collègue Starr Duncan ‘Saun & Starr’, maintenant elle revient avec son album solo ‘New Day’, et quelle fête c’est devenu. L’amour de la musique jaillit de chaque note sur cet album. Cela sonne chaleureux, vrai, authentique et profondément humain. Williams possède la voix d’un ange qui peut vous endormir le soir, mais qui vous donne en même temps la force de tenir ce dernier kilomètre en courant. ‘RN’ s’ouvre avec cette puissance vocale caractéristique et un groove qui ne vous laisse tout simplement pas rester immobile. ‘For So Long’ montre les qualités formées à l’église de cette chanteuse exceptionnelle dans toute leur gloire, tandis que dans ‘Bigger’ vous sentez l’esprit de Sharon Jones revenir. ‘Happiness’ est une délicieuse machine à remonter le temps vers les années ’80, avec de la pop synthétique imprégnée de soul et une ligne de basse dansante qui vous séduit immédiatement. C’est un album sans moments faibles – chaque piste invite à un nouveau passage. Une fête de positivité et d’amour pur pour la musique qui met définitivement Saundra Williams sur la carte en tant qu’artiste solo. (Jan Vranken)(8/10)(Slow fawn Music)

Ryan Truesdell – Shades of Sound (Live at Jazz Standard) Vol 2

Gil Evans, le pianiste et compositeur canadien, est un nom qu’on ne peut prononcer qu’avec respect. Non seulement à cause de son travail avec Miles, mais aussi parce que l’homme a renouvelé la musique de big band et a même cherché la collaboration avec Jimi Hendrix. Le jazz devait constamment se réinventer et Evans était un pionnier absolu dans ce domaine. Dans la pleine couleur sonore de l’orchestre, il laissait comme nul autre de la place aux solistes et à l’improvisation : les arrangements soutenaient le soliste. L’arrangeur et chef d’orchestre Ryan Truesdell rend hommage à l’homme dans ce ‘Gil Evans Project’ et a choisi de le faire en live. La deuxième partie de ce projet démarre avec ‘Spoonful’, un blues standard, mais avec des solos de saxophone et de trompette dont l’énergie éclabousse littéralement. Et nous ne sommes qu’à cinq minutes du voyage. Cette énergie, nous l’entendons revenir dans diverses pièces, comme dans ‘Laughing at Life’ avec les vocaux swinguants de Wendy Giles. Un orchestre plus retenu, nous l’entendons dans ‘The Ballad of the Sad Young Men’, autrefois magnifiquement interprété par Roberta Flack. C’est un morceau où tout repose sur la maîtrise, dans ce cas de la trompette qui prend en charge la mélodie. Jouer avec le frein sans perdre la dynamique. C’est confié à Truesdell : d’une main ferme, il dirige et fait sonner un Evans incomparable. Les moments forts sont ‘Barbara Song’ de l’Opéra de quat’sous de Brecht et qui dans cette interprétation devient une ballade, et ‘Buster’s Last Stand’ avec lequel l’orchestre conclut en swinguant dans la meilleure tradition du big band : coloré et avec beaucoup de place pour l’improvisation. Un bel hommage. (Jeroen Mulder)(8/10)(Outside in Music)

Oddisee – En Route

Avec son nouvel EP ‘En Route’, Oddisee prouve une fois de plus pourquoi il est l’un des talents les plus sous-estimés du hip-hop contemporain. Cet EP de quatre pistes est un instantané plein d’âme de mouvement et de signification, où chaque piste forme une réflexion sur différentes formes de mouvement – physique, émotionnel et spirituel. ‘Tomorrow Can’t Be Borrowed’ ouvre l’EP avec un riff de piano contagieux qui pose immédiatement le son caractéristique d’Oddisee. Son flow est, comme toujours, sans effort et plein de nuances, un équilibre parfait entre compétence technique et profondeur émotionnelle. La production témoigne du goût raffiné auquel nous sommes habitués de la part du rappeur de Washington D.C., avec une tonalité jazzy qui respecte ses racines soudanaises et afro-américaines. ‘A Rare Thing’ incarne ce qui rend Oddisee si spécial : la capacité de canaliser la soul des années ’60 tout en restant complètement contemporain. Le morceau semble à la fois familier et frais, comme si vous rencontriez un vieil ami qui vous raconte des histoires que vous n’avez jamais entendues. Avec seulement onze minutes de durée, ‘En Route’ réussit à être une vitrine mature des qualités artistiques d’Oddisee. C’est de la musique pour le voyage, où que vous alliez, et cette sensation de mouvement et de progression traverse chaque moment de cet EP. Oddisee peut bien être un drôle d’oiseau dans la scène hip-hop internationale, mais il reste l’un des plus grands de ce moment. ‘En Route’ est un magnifique rappel de pourquoi sa voix est si importante. (Elodie Renard)(8/10)(Mello Music Group)