Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Bien trop nombreux pour tous les écouter, et encore moins pour tous les critiquer. Une critique par jour fait qu’il reste trop d’albums délaissés. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.
Fergus McCreadie – The Shieling
Espace. Silence. C’est ce dont le pianiste écossais Fergus McCreadie avait besoin pour créer “The Shieling”. Enregistré dans un cottage isolé, entouré uniquement par la nature et les éléments. On retrouve cela dans les compositions de cet album, même si les premières notes font battre le cœur : un instant, on craint que cela ne tombe dans le bricolage new age, mais ensuite apparaît le piano de McCreadie. La première chose qui frappe est le son du piano lui-même, comme si nous étions dans le cottage. Pendant les passages retenus, on imagine entendre le vent souffler autour du cottage : le vent qui apporte des mélodies depuis l’océan Atlantique et nous guide vers le calme écrasant d’Uibhist a Tuath, l’une des îles des Hébrides extérieures. C’est ce calme et cet espace qui élèvent le trio autour de McCreadie, avec le contrebassiste David Bowden et le batteur Stephen Henderson, à de grands sommets créatifs. Les perles sont les lyriques “Wayfinder” et “The Path Forks”, où McCreadie combine improvisation jazz contemporaine et motifs issus de la musique folklorique, sa marque de fabrique. “The Shieling” est un album sincère qui laisse admiratif. Peut-être qu’il est temps de réserver un cottage sur une des îles écossaises. (Jeroen Mulder) (8/10) (Edition Records)

DUFFHUES – It has no Face
“It has no Face”, le onzième album de DUFFHUES, est en ligne et dévoile les côtés les plus sombres de l’ancien leader de The Gathering. L’album volontairement brut contient onze chansons, chacune racontant une histoire dans un monde rempli de mélancolie, de manipulation et de questions existentielles. Dans “Theatre Off Grid” et “Snakebitten”, des thèmes comme la culture mainstream et le fanatisme religieux sont abordés, tandis que le titre “It has no Face” crée une atmosphère post-punk calypso avec blues, guitares électriques, bouzouki irlandais, stompbox et voix craquantes. Des morceaux comme “Warmonger” et “Dark Powers” traitent des fauteurs de guerre et des despotes, tandis que “Cat in Box” et “Many Lights” reflètent le comportement humain et la mortalité. La production est brute et non polie, enregistrée en grande partie en mono, donnant aux chansons netteté et urgence. DUFFHUES combine structures atypiques, paroles personnelles et vision artistique, faisant de “It has no Face” une expérience d’écoute intense et intrigante. L’album montre sa fidélité aux racines punk, au blues grungy et à l’anti-folk noir, sans se conformer aux conventions. (Norman van den Wildenberg) (8/10) (Zwarte Vleugels/Sonic Rendezvous)

Michael Schenker Group – Don’t Sell Your Soul
Le Michael Schenker Group a sorti son dernier album studio, intitulé “Don’t Sell Your Soul”. Cet album constitue la deuxième partie d’une trilogie, suivant le précédent “My Years With UFO”, et contient onze nouveaux morceaux montrant un mélange de hard rock classique et d’influences modernes. Le chanteur Erik Grönwall, connu de Skid Row et H.E.A.T., fournit les voix principales, tandis que les chanteurs invités Robin McAuley, Dimitri ‘Lia’ Liapakis et Michael Voss ajoutent des dimensions supplémentaires aux parties vocales. Le morceau d’ouverture, “Don’t Sell Your Soul”, commence par un riff puissant et une mélodie qui attire immédiatement l’attention. Des morceaux comme “Danger Zone” et “Eye Of The Storm” montrent comment le jeu de guitare de Michael Schenker est central, avec des arrangements dynamiques exploitant pleinement l’énergie du groupe. La production de l’album est claire et nette, chaque instrument ressort distinctement, avec un équilibre soigneusement étudié entre voix et instruments. Bien que l’album ne soit pas radicalement innovant, il offre une solide collection de morceaux séduisant à la fois les fans existants et les nouveaux auditeurs. Les compositions sont cohérentes et bien structurées, combinant guitare, section rythmique et voix pour créer un son riche et complet. L’album montre que le groupe reste fidèle à ses racines hard rock tout en laissant place à l’expression et aux variations subtiles de style. (Tobias Braun) (8/10) (earMUSIC)

Brandi Carlile – Returning to Myself
La chanteuse-compositrice américaine Brandi Carlile revient après quatre ans avec “Returning to Myself”, un album où elle tente de redécouvrir sa singularité tout en traitant l’impact profond de personnes importantes dans sa vie. Sur le plan sonore, les producteurs Aaron Dessner, Andrew Watt et Justin Vernon se sont éloignés de l’Americana pour un fond de claviers et de synthés, soutenu par de magnifiques guitares acoustiques. Le morceau-titre sert de déclaration qui fixe le ton pour la suite, tant sur le plan lyrique que sonore, Carlile chantant sur le processus solitaire de revenir à soi-même accompagné de guitare. L’album a été développé après quatre ans de collaborations de haut niveau, au cours desquelles Carlile a revitalisé la carrière de Joni Mitchell et enregistré un album avec son idole Elton John. Les points forts incluent l’hymne parent-enfant “You Without Me”, le magnifique “Joni” où chaque ligne parle de Joni Mitchell, et “Church & State”, qui rocke avec plus d’intensité que presque tout ce qu’elle a fait auparavant. L’album révèle finalement son titre comme magnifiquement ironique, car le voyage intérieur de Carlile se reconnecte directement aux autres, confirmant sa conviction que nous nous trouvons le plus pleinement dans la connexion plutôt que dans l’isolement. (William Brown) (8/10) (Interscope)

Doro – Warriors Of The Sea
La reine allemande du metal Doro Pesch présente “Warriors Of The Sea”, un album compilation comprenant cinq nouveaux morceaux studio et cinq titres live de sa tournée 2024/25. L’album a été inspiré par le succès de deux Metal Queen Cruises à guichets fermés, le morceau-titre devenant rapidement un favori en concert, servant à la fois d’hymne de la croisière et de point fort des festivals. Le morceau d’ouverture “Warriors Of The Sea” démarre avec des vagues déferlantes et des ahhs choraux, tandis que la voix reconnaissable de Doro se fraie un chemin autour des guitares tonitruantes dans ce morceau anthemic. Doro reprend des classiques australiens et couvre “Touch Too Much” d’AC/DC, où son ton rugueux sied parfaitement au morceau. La seconde partie de l’album contient cinq titres live de tournées récentes, avec des morceaux énergiques comme “Fire In The Sky” et “Revenge” donnant tout et capturant parfaitement l’excitation de Doro en concert. Un point fort spécial est la version de “Warriors Of The Sea”, un véritable hymne de Doro appelant à lever le poing, tête en arrière et rugir en chantant le refrain. L’album confirme qu’après des décennies, Doro livre toujours du heavy metal horns up comme personne d’autre. (Anton Dupont) (7/10) (Rare Diamonds)

