L’aperçu des nouveaux albums : Kamaal Williams , Russ Ballard et plus

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, et encore moins pour les critiquer. Une critique par jour fait que trop d’albums restent non traités. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.

Brain Damage x Emiko Ota x Mad Professor – Oide Oide

Dans le monde du dub expérimental apparaît une collaboration fascinante qui repousse les limites. Sur ‘Oide Oide’, trois artistes exceptionnels unissent leurs forces : le producteur français Brain Damage, l’artiste multidisciplinaire japonaise Emiko Ota et le maître du dub anglais Mad Professor. Cette collaboration ‘post-dub’ nous plonge dans le folklore japonais, avec des histoires de yōkai (êtres surnaturels) qui prennent vie grâce aux envoûtantes vocales japonaises d’Ota. L’album contient dix morceaux – cinq compositions originales créées par Brain Damage avec les vocales d’Ota, suivies de cinq versions dub dirigées par Mad Professor. Brain Damage rompt délibérément avec la tradition jamaïcaine du dub, créant ainsi un son rafraîchissant qui englobe des genres comme l’électronique expérimentale, le post-punk et la noise-pop. Des morceaux comme ‘Katsura Otoko’ et ‘Baku’ sont soigneusement construits avec des instruments traditionnels, des jouets et des synthétiseurs, ce qui donne un paysage sonore coloré. La contribution de Mad Professor est minimaliste mais ses influences sont clairement audibles. Ses sonorités de basse profondes caractéristiques sont particulièrement présentes dans ‘Baku Dub’ et ‘Isogashi Dub’. ‘Oide Oide’ est un album unique qui emmène les auditeurs dans un voyage sensoriel où la mythologie japonaise et les paysages sonores innovants se rejoignent. Le concept ‘post-dub’ est ici pleinement réalisé, avec un résultat à la fois surprenant et captivant. Une écoute essentielle pour les amateurs de musique expérimentale, mais peut-être un peu trop expérimental pour la majorité. (Anton Dupont) (6/10) (Jarring Effects)

Russ Ballard – Songs From The Warehouse / The Hits Rewired

Russ Ballard, ancien leader d’Argent, présente avec ‘Songs From The Warehouse / The Hits Rewired’ un double album où il réinterprète ses propres tubes. Le terme ‘tubes’ doit être pris avec un grain de sel, car qui connaît encore Ballard aujourd’hui ? Pratiquement personne. Cela n’enlève rien au fait que cette collection reste une belle vitrine de chansons pop/rock bien écrites qui tiennent encore debout aujourd’hui. Naturellement, on se dirige immédiatement vers ‘Since You’ve Been Gone’, qui est ici réenregistrée de façon presque identique à l’original. Amusant, mais rien de plus. ‘So You Win Again’ de Hot Chocolate s’avère être un morceau pop extrêmement contagieux, même dans la version propre de Ballard. Pour les anciens fans de Ballard, s’il en reste, ce double album est un matériel formidable. Il n’est pas exclu que l’homme parte en tournée avec ce répertoire. Cela pourrait être assez intéressant. La collection n’est pas une sortie révolutionnaire mais offre une agréable dose de savoir-faire et de flair nostalgique. Elle montre que les compositions de Ballard ont assez bien résisté à l’épreuve du temps, même si son nom ne l’a pas fait. (Jan Vranken) (7/10) (Frontiers Records)

Machine Head – Unatøned

Machine Head est un nom établi dans mon genre bien-aimé. Depuis plus de 30 ans, Machine Head sort des albums de qualité et de succès variables. Après un bon début avec le légendaire premier album ‘Burn My Eyes’, qui était musicalement l’enfant parfait du groove et du thrash metal, Machine Head commence à expérimenter et à surfer sur la popularité du ‘nu-metal’. Heureusement, Robb Flynn reprend le fil avec son groupe sur les albums ‘The Blackening’ et ‘Unto The Locust’. De longues chansons basées sur le heavy metal classique et le thrash avec des structures de chansons complexes et des riffs de guitare soutenus par un jeu de batterie principalement rapide (pour la première fois, nous entendons des blast beats) et inventif. Après ces albums, j’ai continué à suivre Machine Head, mais il m’est devenu de plus en plus difficile de rester ‘fan’. ‘Unatøned’ est maintenant le onzième album de Flynn et consorts. Cette fois encore, je suis quelque peu déçu. Ce qui frappe d’abord, c’est la courte durée tant de l’album entier que des morceaux qui le composent. De plus, Robb Flynn utilise à nouveau beaucoup sa voix claire, ce qui s’entend particulièrement sur le pire morceau ‘Øutsider’. Sur ‘These Scars Wøn’t Define Us’, les chanteurs d’In Flames, Unearth et Lacuna Coil participent. Machine Head fera une vaste tournée nord-américaine avec ces trois groupes cette année. ‘Unatøned’ a certainement ses moments et se situe qualitativement dans le segment moyen de ce qu’ils ont produit jusqu’à présent. Les fans de thrash peuvent laisser cet album de côté, mais les amateurs de Bring Me The Horizon et de groupes similaires y prendront beaucoup de plaisir. Encore un point, qu’est-ce qui se passe avec la mode actuelle de remplacer le ‘o’ normal par le ‘ø’, est-ce plus heavy ? Je trouve ça plutôt idiot. (Ad Keepers) (6/10) (Nuclear Blast/ Believe)

Kamaal Williams – Solo Piano (Live in Tokyo)

Kamaal Williams, connu pour sa combinaison virtuose de fusion jazzy et de beats électroniques, change complètement de cap avec son intime ‘Solo Piano (Live in Tokyo)’. Cet album enregistré en live montre Williams dans sa forme la plus pure : dépouillé de tout artifice et astuces de production, juste un homme et son piano. Les cinq compositions – dont trois œuvres personnelles – offrent un aperçu surprenant de la profondeur musicale de Williams. Sa réinterprétation du morceau électronique de Ryuichi Sakamoto, ‘Dream’, est un magnifique hommage qui élève la richesse compositionnelle de l’original à de nouveaux sommets. La collaboration avec l’artiste londonien de spoken word ‘Sir’ Don Rattray sur ‘Iron’ forme un contraste fascinant mais s’intègre merveilleusement bien dans l’ensemble, et confirme l’émergence du spoken word comme nouveau courant musical d’Angleterre. Avec seulement 25 minutes de temps de jeu, l’album vous laisse affamé d’entendre davantage du jeu de piano de Williams. Son jeu dynamique et son sens de la mélodie révèlent un musicien qui continue à évoluer. ‘Solo Piano’ est un tournant impressionnant dans sa carrière qui laisse supposer que nous entendrons encore beaucoup de cet artiste aux multiples facettes. (Jan Vranken) (8/10) (Black Focus Records)

Web Web – Plexus Plexus

Du jazz de Munich. Du moins, c’est ainsi que Web Web se définit sur Instagram. Mais quand les premières notes d”Apotheosis’ résonnent, le doute s’installe. C’est la piste d’ouverture du nouvel album ‘Plexus Plexus’. Sur certains sites, ce groupe bavarois est classé sous l’étiquette krautrock, la réponse allemande à la prog de la fin des années soixante. Le krautrock s’est développé au fil des ans pour devenir un genre substantiel, dans lequel Web Web s’intègre effectivement très bien. ‘The Madness of Ajax’, par exemple, rappelle le matériel tel que notre propre Solution or Focus l’a sorti dans les années soixante-dix : un morceau funky avec un rôle principal pour la flûte traversière. Web Web fait découvrir à l’auditeur tous les recoins de la pièce en quatorze courtes pistes et ne recule devant aucune expérimentation – comme si tout était né spontanément, où les idées étaient conçues sur place, immédiatement exécutées et enregistrées. Et c’est le cas. Car ce ‘Plexus Plexus’ est essentiellement un résumé de deux jours d’enregistrement de dix heures chacun, où la musique n’a pas été composée, mais a eu l’espace pour être conçue, germer puis se développer en pistes courtes mais définitivement complètes. Le mot ‘improvisation’ ne suffit pas à décrire le processus, car il est trop réfléchi. Ainsi, une riche palette d’instruments défile devant nous : Fender Rhodes, mellotron, Moog, saxophone, flûte et la guitare de l’invité spécial JJ Whitefield. Chaque instrument ajoute quelque chose à la composition exactement au bon moment. ‘Bird of Lament’, ‘Nyx’ ou l’ultime expérimental ‘Garden of Hesperidus’ (d’après les nymphes de la mythologie grecque) en sont de bons exemples. Des morceaux complets, mais aussi complexes, soigneusement orchestrés, avec de nombreuses couches. À chaque écoute, vous entendez quelque chose de nouveau. Ce n’est pas un album sur lequel vous ferez la vaisselle. Non, c’est un plat délicat dont vous devez savourer chaque goût séparément pour apprécier l’ensemble. Ce n’est pas à la portée de tous, mais l’essayer une fois ne peut pas faire de mal. (Jeroen Mulder) (7/10) (Compost Records)