L’aperçu des nouveaux albums : Forq, Tindersticks et plus

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent dans les bureaux de Maxazine. Beaucoup trop pour les écouter tous, encore moins pour les chroniquer. Une critique par jour signifie que trop d’albums restent de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi aujourd’hui, nous vous présentons un aperçu des albums reçus à la rédaction avec de courtes critiques.

Forq – Big Party

Forq, un projet dérivé des membres de Snarky Puppy, Michael League (désormais remplacé par Kevin Scott) et Jason ‘JT’ Thomas, dirigé par l’excellent musicien de studio Henry Hey, et maintenant rejoint à nouveau par le guitariste de Snarky, Chris McQueen, dévoile avec Big Party une explosion de créativité et de virtuosité musicale. L’album est un voyage coloré à travers un paysage sonore surréaliste, où le funk, le jazz et les sons expérimentaux se fondent en une expérience unique. L’ouverture Into Bright donne immédiatement le ton avec son ambiance disco entraînante et ses synthétiseurs ensoleillés. Bomp nous entraîne dans un voyage aux accents latins que Zappa aurait sans doute apprécié, tandis que Big 3! navigue sans effort entre la jam jazz et le rock indépendant instrumental. Le nostalgique Dirt Cake sonne comme la bande-son parfaite d’une sitcom des années 70 qui déraille dans un rêve de jazz fusion. Les points forts ne manquent pas, comme toujours avec Forq. The Grotto nous transporte dans un salon exotique digne d’un film de Fellini, et Kick the Curb amène le soul-jazz dans une fête foraine. Le touchant Song for Jim, un hommage à Jim Beard, dévoile les couches plus profondes de la musicalité de Forq. Echoest une magnifique ballade avec un travail phénoménal de guitare slide, tandis que la dernière piste Va! offre un mélange joyeux d’influences brésiliennes et ouest-africaines. Big Party est un album qui révèle de nouveaux détails à chaque écoute. C’est un véritable régal pour les oreilles, à la fois accessible et stimulant, et Forq confirme ainsi son statut de l’un des groupes instrumentaux les plus excitants du moment. Forq est toujours une fête, en live, mais aussi sur CD ! (Norman van den Wildenberg) (9/10) (GroundUP Music)

Tindersticks – Soft Tissue

Tindersticks prouve à nouveau avec *Soft Tissue* pourquoi ils occupent une place unique dans le paysage musical britannique depuis trois décennies. L’album s’ouvre avec force sur le rétro *New World*, un classique instantané qui donne le ton pour la suite. Le groupe reste fidèle à son son caractéristique : un mélange d’orchestrations mélancoliques, de textes littéraires et du chant murmuré inimitable de Stuart Staples. Le point culminant est sans aucun doute *The Secret of Breathing*, une chanson sobre qui prendra certainement toute son ampleur en concert. La production, comme toujours avec Tindersticks, est impeccable et richement nuancée. Chaque morceau de *Soft Tissue* contribue à un ensemble cohérent, sans aucune faiblesse. Avec cet album, Tindersticks montre qu’ils sont encore capables de créer de la musique pertinente et chargée d’émotion. Ils restent fidèles à leurs racines tout en explorant subtilement de nouveaux horizons, aboutissant à un album à la fois familier et rafraîchissant. *Soft Tissue* est un ajout digne à leur impressionnante discographie.(Jan Vranken)(8/10)(Lucky Dog/City Slang)

De Brassers – Live at Ancienne Belgique

‘Live at Ancienne Belgique’ est l’album d’adieu ultime de De Brassers, enregistré lors de leur concert d’adieu à guichets fermés le 19 janvier 2024. Cet album live capture l’énergie intense et la puissance brute du groupe belge de post-punk, avec 17 titres qui reflètent leur évolution musicale. Des classiques comme *They Wanted Us Away* et *Kontrole* sont joués avec une urgence sans précédent, tandis que les apparitions invitées de Sietse Willems et Stijn Meuris ajoutent une dynamique supplémentaire. La qualité sonore est claire, tout en conservant la rugosité caractéristique de De Brassers. Le mixage parvient à bien saisir l’ambiance de la soirée, avec la réaction du public amplifiant la charge émotionnelle du concert. Pour les fans fidèles, cet album est un document essentiel d’un moment historique. Pour les nouveaux venus, il constitue une introduction idéale au post-punk de De Brassers. *Live at Ancienne Belgique* est un incontournable pour tous ceux qui aiment le rock authentique et sans compromis. (Norman van den Wildenberg) (6/10) (Antler)

Divine Sweater – A Time for Everything

Le dernier album de Divine Sweater, *A Time for Everything*, manque malheureusement de l’énergie brute que l’on attend d’un vrai indie. Bien que le groupe gagne en popularité aux États-Unis, leur musique manque des aspérités authentiques qui définissent les racines du genre dans des villes comme Birmingham. Les harmonies vocales sont impeccables et les grooves sont entraînants, mais l’ensemble paraît trop poli. Leur image bien soignée se traduit par un son qui semble sûr et prévisible. Là où j’espérais des émotions brutes et des sons expérimentaux, je trouve surtout des mélodies lissées. Il est clair que Divine Sweater est techniquement compétent, mais l’absence d’une “jeunesse difficile” dans leur son rend l’album moins captivant. Les chansons manquent de ce grain et de cette urgence qui rendent souvent l’indie si fascinant. Bien que *A Time for Everything* trouvera sans aucun doute son public, les amateurs d’indie authentique devront peut-être chercher ailleurs pour une dose de musique brute et non lissée.(Elodie Renard)(5/10)(Better Company Records)

 

Yuri Buenaventura – Aname

Yuri Buenaventura, la star colombienne de la salsa qui a fait sensation à Paris, revient avec son nouvel album *Aname*. Bien que Buenaventura soit connu pour son approche innovante de la salsa et ses textes politiquement engagés, il semble prendre une voie plus sûre avec cet album. *Aname* est rempli du type de salsa devenu courant en Amérique du Sud. L’album montre les symptômes d’un genre qui risque de devenir victime de son propre succès dans le courant dominant. Les morceaux sont suaves et bien exécutés, suivant précisément les règles de la salsa commerciale contemporaine. C’est le genre de musique que l’on pourrait attendre dans une école de danse — techniquement correcte, mais avec un peu trop de fioritures. Il manque l’énergie brute et l’authenticité qui rendaient les premières œuvres de Buenaventura si captivantes. “Salsa sans surprises” serait une description appropriée : accessible et dansable, mais sans véritables surprises musicales.Pour les amateurs de salsa lisse et conventionnelle, *Aname* offrira sans aucun doute du plaisir. Mais pour ceux qui espéraient retrouver l’esprit novateur des débuts de Buenaventura, cet album pourrait être une déception.(Jan Vranken)(4/10)(Vivienne Music label)