Amari Mar – Healers Of The Lost Art

Dans une ère où le hip-hop tombe souvent dans des formules, Amari Mar livre “Healers Of The Lost Art” (H.O.T.L.A.) – un album qui sert à la fois d’hommage et d’innovation. Quatre ans après son acclamé “Grand Rising”, l’artiste revient avec une collection de morceaux qui redéfinit l’essence du genre.

Le choix du titre est révélateur : un clin d’œil à Indiana Jones, mais plus important encore, un manifeste. Amari Mar se positionne comme gardien d’une tradition presque oubliée dans le hip-hop – celle des paroles significatives, de la critique sociale et du savoir-faire. Entièrement produit par Ev-Live, l’album offre une cohérence sonore qui est rare de nos jours.

Dès le morceau d’ouverture “The Healing Factor”, il devient clair que ce n’est pas un album de hip-hop ordinaire. La production est imprégnée d’échantillons pleins d’âme et de patterns de batterie organiques rappelant les années 90 dorées, tout en sonnant étonnamment frais. Le suivant, “On A Mission”, donne immédiatement le ton : le flow d’Amari est précis et puissant, avec des paroles à la fois personnelles et universelles.

Sur “Selective”, Amari est renforcé par Frontier, résultant en un échange dynamique qui rappelle les collaborations hip-hop classiques. La chimie entre les deux artistes est palpable et élève le morceau à un niveau supérieur. “Unsolved Mysteries” met en valeur les compétences narratives de Mar avec des métaphores intrigantes et des références culturelles qui méritent plusieurs écoutes.

La section centrale de l’album, particulièrement “Come Together” (avec Coolie Ranx & Niff Biko), prouve que la vision d’Amari s’étend au-delà du hip-hop nostalgique. Le morceau entrelace des influences reggae et des messages communautaires dans un ensemble accrocheur qui maintient néanmoins sa profondeur. “Love Language” révèle un côté plus vulnérable de l’artiste, tandis que la production soutient subtilement sans dominer.

Le cœur émotionnel de l’album réside peut-être dans “Inner Child” et “Father Time” – deux morceaux introspectifs qui explorent des thèmes transgénérationnels. L’authenticité lyrique de Mar brille ici, avec des lignes qui résonnent à la fois personnellement et universellement. Sa prouesse technique est impressionnante, mais c’est l’honnêteté émotionnelle qui laisse vraiment une impression durable.

L’album se termine avec force sur “Disturbing The Peace” et “Pick Your Battles”, où la perspective socialement critique d’Amari s’exprime pleinement. Sans être moralisateur, il pose des questions fondamentales sur notre société actuelle, emballées dans des récits convaincants et des flows serrés.

Dans “Healers Of The Lost Art”, on entend clairement les influences de grands comme Nas, Public Enemy et MF DOOM, mais Amari Mar n’est pas un imitateur. Il a développé son propre son qui montre du respect pour la tradition tout en regardant vers l’avenir. Avec quinze morceaux soigneusement sélectionnés (sans remplissage inutile) et une durée qui semble parfaite, c’est un album qui nous rappelle pourquoi le hip-hop est un médium si puissant.

À une époque où la quantité l’emporte souvent sur la qualité, Amari Mar a choisi la voie plus difficile de l’intégrité artistique. “Healers Of The Lost Art” n’est pas seulement un excellent album – c’est un rappel important de ce que le hip-hop peut être lorsqu’il est traité comme une forme d’art. Amari Mar est un artiste. (8/10) (Auto-produit)