Quand on pense à Nashville, Tennessee, on pense country. La ville américaine est pratiquement synonyme de banjo, pedal steel guitar et voix chevrotantes. Pourtant, la ville recèle d’autres saveurs musicales, même si l’on ne s’attend guère à y trouver du power metal symphonique avec une chanteuse principale – et c’est pourtant le genre que Valkyrie’s Fire nous présente à travers les cinq titres de son EP debut ‘Ascension’.
Si Nashville est le berceau de hordes d’auteurs-compositeurs puisant leur inspiration dans le quotidien rural, Valkyrie’s Fire puise dans un tout autre registre. La mythologie nordique constitue leur thème principal, donnant lieu à des paroles qui, comme souvent dans ce genre, apparaissent assez nébuleuses, malgré leur prétendue “pertinence moderne”.
Concernant les influences musicales, le groupe cite des noms prestigieux : Nocturna, Nightwish et Epica. Des références ambitieuses qui appellent naturellement la comparaison : Valkyrie’s Fire est-il à la hauteur de ces références du genre ? En termes de virtuosité instrumentale, les musiciens livrent une performance remarquable, donc cette case peut être cochée sans hésitation.
Le véritable baromètre réside dans les performances vocales, en l’occurrence celles de la chanteuse Bettie Floyd et du chanteur Adam Sanders. En effet, Valkyrie’s Fire dispose d’un duo vocal, alternant solos et duos. La voix de Floyd s’avère néanmoins la plus marquante. Dès l’ouverture “Ride of the Valkyrie”, elle démontre l’étendue de ses capacités vocales avec une envolée majestueuse digne de Floor Jansen.
Musicalement, l’ensemble est solide, ce qui n’est guère surprenant. Les cinq titres d’Ascension’ démontrent clairement que Valkyrie’s Fire est composé de musiciens formés : Sanders possède une formation en théorie musicale et composition, le guitariste Joey Grimaldi est un guitariste et pianiste classique, et Floyd est une mezzo-soprano expérimentée.
‘Empty’ en est l’exemple parfait et constitue le point culminant de l’EP. L’introduction au piano classique, la progression des accords, la ligne vocale, la dynamique et l’arrangement : tout s’emboîte parfaitement pour créer une expérience d’écoute captivante, portée par la voix magistrale de Floyd.
Cependant, malgré l’excellence des vocaux féminins, les autres morceaux sonnent de manière trop clinique, trop académique. L’excitation manque. En comparaison, prenez “Sleeping Sun” de Nightwish où les vocaux vous transpercent véritablement, ou le magistralement orchestré “Sensorium” d’Epica. Deux morceaux où les voix de soprano jouent les premiers rôles mais sonnent moins “froides”, moins forcées que Valkyrie’s Fire.
Néanmoins, cet EP est prometteur. Il a simplement besoin de temps pour mûrir. La qualité individuelle des membres du groupe n’est pas en cause, mais il leur faut encore l’audace de s’émanciper des manuels. Cela viendra naturellement, et alors Valkyrie’s Fire constituera une belle addition au genre.
(7/10) (Eclipse Records)