The Sheyana Band – All The Best

Il y a quelque chose dans le blues tasmanien qui ne rentre pas tout à fait dans le moule. Peut-être est-ce l’isolement insulaire, peut-être sont-ce les fils celtiques qui traversent la musique, mais The Sheyana Band s’est taillé son propre coin de la scène blues australienne qui semble à la fois familier et distinctement le leur. “All The Best” rassemble quatorze morceaux couvrant leur carrière, mélangeant les temps forts des sorties précédentes “Big Love” et l’EP “Ricochet” avec trois morceaux fraîchement enregistrés qui montrent un groupe qui continue d’avancer.

Née à Londres et basée en Tasmanie, Sheyana Wijesingha mène la charge, son héritage celtique et sri-lankais informant une approche vocale qui passe sans effort entre la narration imprégnée de soul et la puissance rock. Elle est soutenue par des vétérans de la côte nord-ouest qui savent comment trouver un groove : le guitariste Wayne Rand, le bassiste Dan Jeffrey et le batteur Leigh Hill, tous contribuant aux voix qui étoffent le son du groupe. Quand on a partagé la scène avec Neil Finn, Joe Camelleri, Ian Moss et des légendes comme Renee Geyer et The Angels, on apprend une chose ou deux sur la présence. Leur CV se lit comme un who’s who du rock et du blues australien, de Mark Seymour à Gang of Youths, et cette expérience se voit dans la confiance avec laquelle ils naviguent entre différents styles.

L’album s’ouvre avec “Forth Valley Blues”, un hommage au festival tasmanien aujourd’hui disparu où le groupe a fait ses armes. C’est une chanson qui comprend ce que les scènes musicales régionales signifient pour les musiciens qui en sont issus, livrée avec le genre de swagger boogie-rock qui a probablement bien fonctionné lors de ces rassemblements en plein air. Le morceau capture quelque chose d’essentiel sur la communauté et la célébration, des thèmes qui traversent tout l’album. “Wasted” et “Big Love” suivent, montrant la capacité du groupe à passer du blues brut à une pop-roots plus polie sans perdre leur avantage.

Ce qui devient clair à travers ces quatorze morceaux, c’est l’impressionnante gamme du groupe. “Borderline” et “Honesty” s’appuient sur le territoire du rock sudiste, les guitares poussées en avant dans le mix avec cette interaction classique de double guitare, tandis que “Soul Sister” se retient pour quelque chose de plus introspectif. “Wet” injecte du funk dans les procédures, un rappel que ce n’est pas un groupe content de s’en tenir aux formules à douze mesures. Le “Ricochet” de six minutes et demie leur donne de la place pour s’étendre, passant d’une combustion lente à quelque chose de plus urgent, montrant la capacité du groupe à retenir l’attention d’un auditeur quand ils prennent leur temps.

Le matériel plus récent, enregistré avec le producteur de longue date Russell Pilling, s’assoit confortablement aux côtés des morceaux plus anciens sans transitions discordantes. Il y a une confiance ici qui vient d’années de performances live et de slots de festival, le genre de cohésion de groupe qu’on ne peut pas simuler en studio. “Mr Jackson” et “My Darlin'” montrent un groupe qui a grandi dans son son sans perdre l’énergie brute qui leur a probablement valu le Chris Wilson Award 2018 pour l’acte émergent de l’année de la Melbourne Blues Appreciation Society. Cette reconnaissance de l’une des organisations de blues les plus respectées d’Australie n’était pas accidentelle.

L’écriture de Sheyana puise dans l’expérience personnelle et l’observation, ancrant la musique dans quelque chose de tangible. Ce ne sont pas des exercices de blues ou des chansons de relations génériques, mais des histoires avec un poids spécifique derrière elles. “Remarkable Man” et “Big Hearts” équilibrent l’intimité avec des thèmes universels, tandis que “On My Mind” et “Back In Time” concluent les choses avec une qualité réflexive qui donne à l’album un arc approprié plutôt que de simplement fonctionner comme une collection aléatoire.

La production garde les choses organiques tout au long, favorisant l’énergie live sur la perfection en studio, ce qui sert bien le matériel. Vous pouvez entendre la pièce, l’interaction entre les musiciens, les petits moments qui font qu’un groupe ressemble à une véritable unité plutôt qu’à une collection de musiciens de session.

Pour une compilation, “All The Best” fonctionne étonnamment bien comme une écoute cohérente. Le séquençage évite le piège habituel des plus grands succès de se sentir décousu, construisant plutôt un argument pour The Sheyana Band comme une unité avec une identité claire. Leurs racines tasmaniennes traversent profondément la musique, non pas dans des marqueurs régionaux évidents, mais dans l’alchimie particulière qu’ils ont réalisée en réunissant blues, roots, rock, soul et funk en quelque chose de reconnaissable comme le leur.

Après une tournée extensive au Sri Lanka fin 2024 et avec des dates de festival déjà verrouillées jusqu’en 2026, le groupe a clairement de l’élan. “All The Best” capture où ils ont été tout en suggérant qu’il y a beaucoup plus à venir de cette formation travailleuse. (7/10) (Foghorn Records)