Certains artistes arrivent sur scène avec une voix. D’autres, comme P. Bailey, arrivent avec une âme. Une puissance de cinq octaves aux racines qui s’étendent sur plusieurs continents, P. Bailey est un chanteur, auteur-compositeur et ambassadeur de l’âme dont la musique transcende les fuseaux horaires et les tendances. Des couloirs d’une école primaire britannique aux palmarès musicaux internationaux et aux placements de synchronisation dans le monde entier, son histoire est celle de la passion, de la persévérance et du talent pur.
Nous avons rencontré P. Bailey pour retracer son parcours—des influences précoces aux moments de percée, jusqu’à la sagesse durement acquise d’un artiste qui chante encore avec le même feu qui l’a d’abord enflammé il y a des décennies.
Du Royaume-Uni au Canada : Une âme s’éveille
Les racines musicales de P. Bailey commencent de l’autre côté de l’Atlantique, né au Royaume-Uni pendant les premiers jours d’une révolution culturelle. ‘L’explosion musicale britannique a commencé quand j’étais là-bas’, se souvient-il. ‘C’était ma première influence—le son qui m’a amené au Canada.’
Mais ce n’étaient pas seulement les Beatles ou les Stones qui l’ont façonné. C’était quelque chose de plus spirituel—plus rude, plus profond. ‘Motown et Muscle Shoals… leur âme me parlait et parlait à mon âme’, dit-il. ‘Cela m’émouvait comme si je vivais une expérience de vie antérieure. C’était si familier, comme si cela faisait déjà partie de moi.’
Un moment crucial à l’école primaire a fait toute la différence. Pendant un cours de musique, le directeur est entré de manière inattendue. Bailey pensait avoir des ennuis. Après le cours, le cœur battant, il attendait d’être réprimandé. Au lieu de cela, sa professeure, Mlle Johnston, l’a regardé dans les yeux et a dit : ‘Tu es vraiment doué. Tu devrais suivre cette voie.’ Sa confiance—et celle de son professeur de musique—a été l’étincelle qui ne s’est jamais éteinte.
La voix intérieure : Construire une étendue, trouver un son
Sans formation formelle, P. Bailey a développé une étendue de cinq octaves époustouflante en écoutant, imitant et pratiquant sans relâche. ‘J’écoutais mes disques préférés et j’imitais des artistes masculins et féminins jusqu’à obtenir l’étendue’, explique-t-il. ‘J’ai travaillé dur pour cela.’ “Songs in the Key of Life” de Stevie Wonder est devenu une référence personnelle. Michael Jackson ? ‘Dès qu’il a explosé sur la scène, j’ai su qu’il serait formidable’, dit Bailey.
Sa voix, souvent comparée à celle de Ron Isley, porte une douceur soyeuse et un grain émotionnel qui transperce directement. ‘Excellente comparaison !’ dit-il. ‘J’adorais les Isley Brothers—la voix de Ron avait cette profondeur, ce sentiment. J’avais l’habitude d’écouter beaucoup d’eux.’ Bailey écrit à partir d’expériences personnelles et de vérités universelles. ‘Parfois c’est l’amour. Parfois la perte. Mais c’est toujours réel’, dit-il. Sa chanson “Melody” est remarquable—une vitrine d’acrobaties vocales et de narration émotionnelle brute. ‘J’atteignais des notes folles sur ce morceau’, rit-il.
Traverser les genres, briser les barrières
L’un des moments les plus surréalistes de sa carrière est arrivé de manière inattendue : un morceau qu’il avait écrit, “Part-Time Lover”, a été échantillonné par Rick James pour le film “Colours”. ‘C’était fou’, dit-il, encore avec une pointe d’incrédulité. ‘J’ai rencontré le groupe dans une boîte de nuit à Montréal et je leur ai donné ma démo. Nous sommes restés en contact pendant six mois, mais je n’avais aucune idée que Rick écoutait—jusqu’à ce que l’échantillon apparaisse dans la bande sonore du film.’
Un autre tournant est venu avec son morceau house “Get On Board”, qui a grimpé au numéro 3 des classements britanniques et lui a valu un prix. ‘J’ai commencé avec la house music, mais j’ai toujours été un passionné d’urbain dans l’âme’, dit-il. ‘Le producteur a pris ma chanson R&B et l’a transformée en morceau house. J’étais nouveau dans la house à l’époque—mais je suis tombé amoureux du genre, surtout du côté soul.’
Bailey a continué à élargir sa palette musicale avec des collaborations—notamment avec Walter P.P.K (nommé d’après le pistolet de James Bond, un clin d’œil ludique aux noms du trio : Peter, Paul et Ken) et le producteur DJ Robby Demlakian, qu’il a rencontré en tournant un film. Leur chimie créative a amené le R&B dans une nouvelle dimension prête pour la danse.
Devenir mondial : Contrats, synchronisations et âme au-delà des frontières
Avec de la musique sous licence pour le cinéma, la télévision et même les performances de danse sportive, Bailey est devenu un nom recherché dans le monde de la synchronisation. ‘J’ai toujours cherché des placements, donc j’étais content des opportunités’, dit-il. ‘J’adore ce medium et je cherche toujours des relations avec des superviseurs musicaux ou des agents de synchronisation.’
Il a signé des contrats en Afrique, en Italie, en Chine et en Corée du Sud, témoignage de son adaptabilité et de son attrait mondial. Mais naviguer dans les eaux internationales n’a pas été sans leçons. ‘Aller au Midem et travailler avec Global Soul m’a beaucoup appris’, explique-t-il. ‘Tous les accords ne se ressemblent pas. Obtenir des conseils juridiques, apprendre à négocier—c’a été une courbe d’apprentissage.’ Quand il écrit pour la synchronisation, Bailey change sa perspective lyrique. ‘La seule différence réside dans les thèmes. Je garde ça universel—pas de personne, lieu ou chose—pour que ça puisse s’adapter à différents contextes. De cette façon, la chanson fonctionne pour la synchronisation et pour les singles ou albums.’
Nouvelles vibrations, sentiments intemporels
Le récent single de P. Bailey “Catching Feelings” est né d’une ambiance et d’une conversation. ‘La chanson a pris vie’, dit-il. ‘Un acteur célèbre m’a même dit que c’était une excellente chanson. Et plein d’équipes de danse voulaient faire une chorégraphie dessus. Ça m’a fait du bien.’ Le clip qui l’accompagne grésille d’énergie et de mouvement. ‘J’ai juste laissé les danseurs faire leur truc’, ajoute-t-il. ‘Ils l’ont fait revivre.’
Puis il y a “Just For You”, un morceau profondément émotionnel inspiré par la perte d’un être cher. ‘J’étais dévasté’, dit Bailey, sa voix s’adoucissant. ‘C’est de là que venait l’inspiration. Ce n’est pas mon plus récent, mais c’est l’un de mes plus honnêtes.’ Bien qu’il soit ouvert à explorer de nouveaux styles, il se concentre maintenant sur le maintien des choses ‘traditionnelles’—un retour aux racines qui ont tout commencé.
Héritage, ancrage et l’âme qui demeure
En regardant en arrière, le moment de plus grande fierté de P. Bailey n’est pas une position au classement ou un prix. C’est l’endurance. ‘Le fait que je sois encore là, faisant des choses dans une industrie difficile qui vous force à vous adapter… c’est quelque chose dont je suis fier.’ Sa définition du succès a changé avec le temps. ‘C’est faire ce qu’on aime, peu importe les difficultés’, dit-il. ‘Parce que c’est pour ça que je suis né dès le premier jour.’
Quand l’industrie devient écrasante, il retourne au commencement. ‘Écouter mes disques préférés—c’est ce qui m’ancre et m’inspire.’ Quand on lui demande ce qu’il veut que les auditeurs ressentent après avoir entendu sa musique, il fait une pause. ‘Je n’y ai jamais vraiment pensé’, admet-il. ‘Mais peut-être… ‘Il a fait ce qu’il aimait. Qu’il ait gagné de l’argent ou non, il l’a fait par amour pour tout ça.” Et la phrase qui l’accompagne depuis des années—’Vous n’oublierez pas son âme’ ? ‘Si vous ne me sentez pas quand vous écoutez’, dit-il, ‘alors ça ne vous a pas touché. J’essaie de toucher votre âme. C’est la mission. Je ne le fais qu’avec le cœur et l’âme.’