La Laiterie Artefact de Strasbourg est l’un de ces clubs où, à en juger par les affiches de concerts accrochées aux murs, ce sont surtout les amateurs de rock plus lourd qui se retrouvent. Le 7 mars, la grande salle de ce club a toutefois servi de cadre au lancement officiel de la tournée européenne du groupe néerlandais Nits, dans le cadre de son cinquantième anniversaire. Ce soir, l’intérêt n’a pas manqué. Nits, avec leur nouvel album ‘Tree, House, Fire’ et la promesse de nombreux classiques dans leur répertoire, n’a certes pas réussi à faire salle comble. Mais pour avoir une bonne place, il fallait arriver tôt. Le public français était composé de fans un peu plus âgés, mais aussi d’un nombre surprenant de jeunes, et même de familles entières venues à Strasbourg pour voir et entendre Nits.
Peu après huit heures et demie, l’éminence grise de la musique pop des Pays-Bas est entrée en scène. Nits a entamé la soirée avec “Month of May”, extrait de leur dernier album “I am standing in a burnt out kitchen, looking at the Month of May” (Je suis debout dans une cuisine brûlée et je regarde le mois de mai). Henk Hofstede l’a chanté comme si c’était hier. L’incendie du studio Nits De Werff, il y a presque un an, était très important, mais les Nits ne seraient pas des Nits s’ils ne transformaient pas cet événement en de nouvelles chansons magnifiques, comme une nouvelle inspiration.
La première partie du concert comprenait plusieurs chansons du dernier album. Le public français semblait déjà bien connaître les nouveaux morceaux, ce qui a été bien accueilli. Henk a fait de son mieux pour enchaîner les morceaux en français, mais malgré ses efforts, il n’a pas pu s’empêcher de s’égarer à plusieurs reprises en anglais et en néerlandais. Le public a apprécié non seulement la musique, mais aussi les escapades linguistiques du leader de Nits. Henk était en bonne voix, le défi médical qu’il a ajouté l’année dernière après l’incendie avec une maladie affectant ses muscles faciaux semble avoir été écarté pour l’instant. Heureusement.
Lorsque le groupe a joué “The Tree”, on aurait pu entendre une épingle tomber dans le ciel strasbourgeois. Il était clair que cette nouvelle chanson était devenue l’une des préférées du public et qu’elle avait déjà sa place dans les listes de préférence des meilleures chansons de Nits de tous les temps. Quelle beauté !
Le premier set s’est concentré sur le nouvel album ‘Tree House Fire’ et a été très apprécié par le public. Nits a joué dans un cadre magnifique. Derrière eux, sur scène, on pouvait voir un arbre, une maison et un feu. Il y avait de belles projections et un beau plan d’éclairage avec de nombreuses ampoules. Le premier set a atteint son apogée avec une magnifique interprétation de ‘Nescio’, avec les paroles de l’écrivain néerlandais projetées derrière le groupe. Cette chanson reste l’un des joyaux de la couronne de l’œuvre de Nits. Si les politiciens néerlandais de droite qui bêlent tant sur la nécessité de préserver la culture néerlandaise pensaient à cette chanson, beaucoup dormiraient plus tranquillement.
Lorsque Nits est revenu pour le deuxième set, ce fut le coup d’envoi d’une véritable fête. Le set a démarré avec ‘Da Da Da Da’, qui a immédiatement suscité l’enthousiasme de la salle. Il est toujours aussi agréable d’entendre le groupe de trois musiciens produire un son aussi puissant. Le magicien Robert-Jan Stips s’est à nouveau amusé comme un fou derrière ses claviers. À la fin, Henk a fait comprendre au public qu’il avait ‘Un Petit velo dans ma Tete’. C’est précisément cette ‘folie’, cette capacité à continuer à jouer et à découvrir comme un enfant depuis 50 ans, qui est et reste la grande force de Nits.
Lorsque le groupe a joué “Yellow socks and Angst”, Henk Hofstede a joué la carte “Johnny Hallyday” pendant l’introduction et a même brièvement fait référence à son grand succès “Maintenant ma vie va commencer”. Le public, qui n’en démordait pas, s’en est donné à cœur joie. Le grand final a provoqué dans la salle des scènes que les Nits connaissent depuis des décennies. Le public est devenu de plus en plus enthousiaste à l’écoute de titres comme ‘JOS Days’, ‘Cars and Cars’ et enfin, lors du rappel, bien sûr, ‘In The Dutch Mountains’. Adieu Sweet Bahnhof’ a été chanté mot pour mot par le public et a même fait l’objet d’un beau morceau en solo, sous la direction de Henk Hofstede.
La France n’a pas laissé partir Nits avant qu’ils ne jouent une version un peu plus courte de “Sketches of Spain” comme deuxième rappel que ce à quoi ils nous ont habitués ces derniers temps. Cependant, le concert d’ouverture de la tournée européenne d’anniversaire de Nits a été plus que réussi. Ils sont restés debout, plus forts que jamais. Ils jouent toujours, les enfants sont toujours là. Cela ne peut que s’améliorer
Photo: Jan Vranken