Nick Cave & The Bad Seeds reviennent avec leur album tant attendu “Wild God”, sorti le 30 août. Ce nouvel opus, successeur de l’émotionnellement chargé “Ghosteen” de 2019, marque une évolution fascinante dans le parcours musical de Cave. “Wild God” est un album qui entraîne l’auditeur sur des chemins familiers, pour ensuite prendre des tournures étonnamment nouvelles.
Produit par Cave lui-même et son fidèle compagnon Warren Ellis, avec un mixage réalisé par le renommé David Fridmann, “Wild God” respire une atmosphère de liberté artistique. La présence du bassiste de Radiohead, Colin Greenwood, et du guitariste Luis Almau en tant que musiciens invités ajoute une profondeur supplémentaire à la riche palette sonore de l’album.
Musicalement, “Wild God” est un tour de force qui tisse le son caractéristique des Bad Seeds avec des éléments novateurs. L’instrumentation classique est complétée par des synthétiseurs, des boucles et des instruments non conventionnels comme les vibraphones. Le résultat est une expérience d’écoute dynamique et stratifiée qui oscille entre une intensité dramatique et un univers sonore plus expansif et cinématographique.
Des morceaux tels que “Frogs” et “Conversion” sont de véritables points culminants, combinant des orchestrations luxuriantes avec une qualité cinématographique presque palpable. Le titre éponyme “Wild God” incarne parfaitement l’équilibre entre tension et soulagement qui caractérise tout l’album. La voix de Cave, toujours aussi pénétrante, guide l’auditeur à travers un paysage émotionnel à la fois familier et étonnamment nouveau.
Sur le plan textuel, Cave reste fidèle à ses thèmes existentiels, mais un changement de ton est perceptible. Là où ses œuvres récentes étaient imprégnées de deuil et d’introspection, “Wild God” offre un sentiment d’acceptation et même… de joie. La chanson “Joy” en est un exemple frappant, où Cave réfléchit sur la possibilité du bonheur au milieu des inévitables tristesses de la vie. C’est comme si notre sombre poète préféré avait enfin entrevu la lumière, bien qu’il continue à la regarder avec une dose saine de scepticisme. Cave décrit lui-même l’album comme une exploration de la “joie” – non pas dans un sens superficiel, mais comme une émotion complexe qui naît de la souffrance. Cette approche nuancée de la joie, tissée de douleur, forme le cœur du concept de l’album et constitue, à elle seule, un défi pour chaque auditeur.
“Wild God” donne l’impression d’un nouveau chapitre pour Nick Cave & The Bad Seeds. C’est un album qui honore l’histoire riche du groupe tout en avançant courageusement vers l’avenir. Pour les fans qui ont suivi le récent parcours de Cave à travers le deuil, cet album offre un sentiment de catharsis.
Enregistré aux studios Miraval en Provence et aux studios Soundtree à Londres, “Wild God” est un chef-d’œuvre technique et artistique. Les propres mots de Cave résument parfaitement l’album : “On ne déconne pas avec ce disque. S’il vous touche, il vous touche. Il vous élève. Il vous bouleverse.” “Wild God” est sans aucun doute l’une des réalisations les plus puissantes et émotionnellement résonnantes de la carrière impressionnante de Cave. C’est un album qui impressionne dès la première écoute et gagne en profondeur à chaque nouvelle audition. Nick Cave & The Bad Seeds prouvent une fois de plus qu’ils font partie de l’élite de la musique rock contemporaine, avec un album à la fois familier et surprenant, et surtout profondément humain. Un album magistralement composé qui emmène l’auditeur dans un voyage émotionnel intense, où sons familiers et éléments novateurs forment une parfaite symbiose. (8/10)(Play it Again Sam)