Après trente ans d’activité dans la scène hard rock et AOR néerlandaise, le guitariste-compositeur Michael Riesenbeck présente avec “Courage” son œuvre la plus ambitieuse à ce jour. Ce troisième album solo, qui a nécessité pas moins de dix ans de développement, révèle un artiste qui a enfin réuni toute son expérience, sa passion et son savoir-faire en un seul chef-d’œuvre cohérent.
“Courage” est bien plus qu’une collection de chansons de rock mélodique, c’est un récit intelligemment structuré sur la transformation personnelle. L’album suit une structure classique en trois actes qui décrit un voyage psychologique de la lutte vers l’espoir, des ténèbres vers la force intérieure. Du cri d’ouverture “It’s an uphill battle” jusqu’au message libérateur “Hold courage in your tender heart” dans la chanson-titre, Riesenbeck emmène l’auditeur à travers des thèmes universels comme la santé mentale, l’épanouissement relationnel et le développement spirituel.
L’album s’ouvre magistralement avec l’épopée rock de plus de six minutes “Uphill Battle”. Cette pièce solidement composée établit immédiatement les influences de Riesenbeck : Toto dans ses premières années, avec le chanteur Fergie Frederiksen qui résonne dans chaque accord. Le duel guitare-clavier à quatre minutes, qui rappelle “Jump” de Van Halen mais magnifiquement exagéré, constitue un choix de composition magistral qui donne le ton à tout l’album.
La star absolue de “Courage” est sans conteste le chanteur suédois Lars Edvall, connu pour les projets tribute Toto de Fanfields. Ses contributions à “Uphill Battle”, “Lost & Found” et “Fighting Chance” se démarquent largement du reste. La voix d’Edvall évoque par moments celle de Fergie Frederiksen, ce qui donne une signification supplémentaire à ses interprétations. Cet esprit AOR chaleureux et soul du milieu des années 80 qu’il apporte élève l’album vers un niveau supérieur.
Tout bon album AOR a besoin d’une bonne ballade, et “Lost & Found” remplit parfaitement ce rôle. Ce n’est pas un clone baveux dans le style de “I’ll Be Over You”, mais une composition intelligente et bien réfléchie sur la perte et la recherche de connexion. Avec de magnifiques arrangements vocaux et même une partie de violon de Peter Vinken, ce morceau montre la capacité de Riesenbeck à combiner profondeur émotionnelle et raffinement musical. “We keep on living our lives in the dark, looking for souls that we used to be walking by”, une ligne de texte qui résonne longtemps.
La qualité de production, assurée par Dirk Brouns au Studio Maasland, atteint le niveau des grands modèles de Riesenbeck. Ces dix années de développement s’entendent dans chaque note. L’album bénéficie énormément d’invités internationaux comme Tony Mills (TNT, Shy) sur “Changing Ways”, Phil Vincent sur “Running” et Robert Soeterboek sur l’émouvante chanson-titre. L’ensemble de cuivres sur “Heavens End” prouve que Riesenbeck n’a pas peur des arrangements ambitieux, et qu’il sait les concrétiser.
Avec “Courage”, Michael Riesenbeck prouve qu’en 2025, il y a encore de la place pour du rock mélodique de haute qualité, d’orientation classique, pourvu qu’il soit exécuté avec la passion et le savoir-faire appropriés. Bien que l’âge d’or de l’AOR soit derrière nous, Riesenbeck fera grand plaisir à beaucoup avec cette musique. Ce n’est pas de la nostalgie, mais un savoir-faire intemporel au service d’émotions universelles. Un album dont on peut être fier. (8/10)