“Oh non, encore lui ?”, fut ma première pensée à l’annonce du nouvel album de Marilyn Manson. Apparemment pas encore annulé, mais enfin, innocent jusqu’à preuve du contraire. Le shock-rocker semblait avoir pris son image un peu trop au sérieux par le passé. Marilyn a été accusé de viol par les actrices Evan Rachel Wood et Esmé Bianco. Une ancienne assistante a également affirmé avoir été agressée sexuellement pendant qu’elle travaillait pour lui. De plus, Brian Hugh Warner (son vrai nom), âgé de 55 ans, a été condamné l’année dernière à vingt heures de travaux d’intérêt général pour, aussi incroyable que cela puisse paraître, avoir aspergé une femme de mucus lors d’un concert en 2019. Un personnage peu recommandable, disons-le ainsi.
Mais laissons de côté la vie privée turbulente et douteuse de Manson. Je me concentrerai ici sur son nouveau exutoire musical, ‘One Assassination Under God – Chapter 1’. Et quelle agréable surprise ! Alors que ses albums précédents, disons entre 2007 et 2020, étaient pour le moins inégaux en qualité (même si ‘The Pale Emperor’ de 2015 se démarquait positivement), celui-ci sonne inspiré et passionné. Comme s’il avait quelque chose à se faire pardonner.
Le morceau-titre, sombre et lent, ouvre l’album de manière convaincante. Ce titre gothique aux influences industrielles, où Manson chante plus bas et de façon plus contenue, captive sans effort. La pause musicale bien placée à mi-parcours introduit une finale puissante. Le suivant, ‘No Funeral Without Applause’, est plus accrocheur et suit davantage la formule Manson habituelle. La façon dont le refrain explose est tout simplement délicieuse. Le tempo s’accélère dans l’entraînant ‘Nod If You Understand’, avec un Marilyn hurlant agressivement dans le refrain – parfait pour les performances live. La semi-ballade grandiose ‘As Sick as the Secrets Within’ est remarquablement construite avec un refrain particulièrement réussi. Elle pourrait devenir un hit, si une radio ose encore la diffuser.
Dans le reconnaissable ‘Sacrilegious’, on retrouve le rythme saccadé de ‘Beautiful People’, comme dans beaucoup de ses morceaux – une tentative un peu facile de marquer des points. Le mélancolique et très électronique ‘Death Is Not a Costume’ est une composition plus originale et tout simplement meilleure. ‘Meet Me in Purgatory’, rappelant The Cure, est plus léger avec un refrain accrocheur. Le single ‘Raise the Red Flag’ reste délectable, avec sa voix légèrement déformée qui fonctionne parfaitement et son refrain contagieux. Le morceau le plus long, ‘Sacrifice of the Mass’, s’avère être la piste la plus atypique et donc l’une des meilleures. L’intro calme aurait pu être une bande-son de western, la mélodie vocale mélancolique est la plus belle de l’album, et le morceau évolue lentement vers une épopée sombre mais magnifique, comme nous n’en avions jamais entendu de MM. Le meilleur pour la fin.
Quelle que soit l’inspiration de Manson cette fois-ci, ou quels auteurs-compositeurs externes l’ont assisté, ce ‘One Assassination Under God’ est excellent et nous fait espérer un ‘Chapter Two’ ! Son existence dépendra probablement de l’issue des procès en cours, mais je chéris celui-ci comme l’un des meilleurs albums de Monsieur Manson. Et Marilyn est également responsable de l’artwork peint, pour votre gouverne.
(8/10) (Nuclear Blast Records)
FORMATION
Marilyn Manson – chant
Tyler Bates – guitare, chœurs
Reba Meyers – guitare, chœurs
Matthew Montgomery – basse, chœurs
Gil Sharone – batterie
LISTE DES MORCEAUX
1. One Assassination Under God (5:28)
2. No Funeral Without Applause (4:06)
3. Nod If You Understand (4:05)
4. As Sick as the Secrets Within (5:35)
5. Sacrilegious (3:35)
6. Death Is Not a Costume (4:52)
7. Meet Me in Purgatory (4:36)
8. Raise the Red Flag (4:49)
9. Sacrifice of the Mass (6:15)