L’aperçu des nouveaux albums : Zaz, Robert Plant et plus

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, encore moins pour les critiquer. Une critique par jour fait qu’il reste trop d’albums en attente. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.

Yumi Ito – Lonely Island

Quels disques emporteriez-vous sur une île déserte ? C’est cette même question que s’est posée la chanteuse, pianiste et compositrice japonaise Yumi Ito : quelle musique est-ce que j’emporte ? La réponse consiste en les dix morceaux qui sont capturés sur ce disque extrêmement intime. Intime, car réduit au minimum absolu avec seulement sa voix et le piano. Grâce à un mastering expert (réalisé par Magdalena Piotrkwoska de Hear Candy), on a l’impression d’être assis dans sa chambre, près du piano à queue, pendant qu’Ito épanche son cœur harmonieux. Les morceaux ne sont d’ailleurs pas nouveaux : ils figuraient sur les albums ‘Stardust Crystals’ de 2020 et ‘Ysla’ de 2023. Sur le premier album mentionné, ‘What Seems To Be’ est doté d’un arrangement riche avec notamment un saxophone. Sur ‘Lonely Island’, nous retrouvons le morceau, mais dans l’exécution ultimement sobre avec seulement des voix en belle harmonie serrée et un accompagnement au piano. Le saxophone est remplacé par une improvisation type scat. ‘Love Is Here To Stay’ figurait sur ‘Ysla’, encore une fois dans un arrangement riche avec des cordes. Sur ‘Lonely Island’, nous entendons la version solo : le chant est pratiquement inchangé et flotte entre parfois très fragile et puis à nouveau puissant. Écoutez donc ‘Little Things’ et émerveillez-vous de la polyvalence de cette voix. Une voix qui devient plus pure quand elle n’est encadrée que par des sonorités de piano. Les chansons tiennent-elles alors debout ? Plus que jamais. Cela arrive avec des facteurs plus durs et surtout plus purs, chaque note est nécessaire et juste. C’est devenu une déclaration musicale, comme tout l’album est une déclaration puissante : Ito a entièrement confié la production à des esprits créatifs de la communauté LGBTI. Enfin : Yumi Ito va partir en tournée, avec une formation complète. Le 28 novembre, elle se produit au Kumulustheater à Maastricht. (Jeroen Mulder)(8/10)(Enja Yellowbird)

ZAZ – Sains Et Saufs

Après des années de lutte personnelle, ZAZ revient avec son album le plus introspectif et émotionnellement ouvert à ce jour. ‘Sains Et Saufs’ s’ouvre avec ‘Je Pardonne’, dans lequel Isabelle Geffroy expose ses vulnérabilités et fait la paix avec son passé. L’album traite des thèmes comme la dépendance, l’acceptation de soi et la guérison intérieure avec une honnêteté brute qui manquait parfois à ses œuvres précédentes. La collaboration avec le jeune producteur belge Noé Preszow sur six morceaux apporte une dynamique fraîche sans perdre le son caractéristique de ZAZ. ‘Au Pays Des Merveilles’ confronte sa lutte contre la dépendance à la cocaïne, tandis que ‘Mon Cœur Tu Es Fou’ exploite pleinement sa puissance vocale. Du point de vue de la production, l’album est soigneusement équilibré – des arrangements acoustiques chaleureux alternent avec des compositions plus stratifiées. Quelques morceaux semblent cependant un peu prévisibles, surtout dans la partie centrale de l’album. Pour les auditeurs qui ont suivi l’évolution personnelle de ZAZ, cet album marque un tournant important vers la maturité artistique et l’authenticité.(Anton Dupont) (8/10) (Tôt ou Tard)

 

Scorpions – From The First Sting

En l’honneur de leur 60e anniversaire, les légendes allemandes du hard rock présentent une rétrospective soigneusement sélectionnée qui documente leur évolution d’un groupe de rock local à des remplisseurs d’arènes mondiales. Cette collection anniversaire contient non seulement des hymnes intemporels comme ‘Rock You Like A Hurricane’ et ‘Wind Of Change’, mais montre aussi des morceaux d’albums plus profonds qui illustrent leur développement en composition. La voix de Klaus Meine sonne encore puissante, tandis que le travail de guitare de Rudolf Schenker forme le fil rouge à travers cinq décennies d’histoire musicale. Le remastering souligne la qualité de production de différentes époques sans perdre les caractéristiques originales. Pour les nouveaux auditeurs, cela fonctionne comme une introduction idéale à un groupe qui a contribué à définir le hard rock. Les fans de longue date apprécieront l’inclusion de versions live rares et de mixages alternatifs. L’album manque cependant de morceaux profonds surprenants ou de matériel inédit. En tant qu’hommage à l’un des groupes de rock allemands les plus réussis de tous les temps, ‘From The First Sting’ réussit à souligner leur pertinence durable et leur héritage musical. (Tobias Braun) (7/10) (BMG)

Robert Plant – Saving Grace

Le frontman de Led Zeppelin continue à 77 ans à chercher de nouveaux horizons musicaux avec ‘Saving Grace’, un album qui montre sa créativité persistante et sa faim insatiable de découverte. Plant travaille avec la productrice Suzi Dian et son groupe de confiance pour créer un son qui fusionne avec raffinement le folk, la musique du monde et le rock. Sa voix, bien que différente de ses jours de dieu doré, possède encore la puissance expressive qui le distingue. ‘Bones of Saints’ s’ouvre avec des percussions hypnotiques et le vibrato caractéristique de Plant, tandis que ‘Embrace Another Fall’ explore un territoire plus orienté groove. Les influences de la musique nord-africaine et moyen-orientale sont subtilement mais efficacement intégrées. Le guitariste Liam Tyson ajoute de la texture sans dominer, complétant parfaitement les voix de Plant, qui racontent les plus belles histoires. Quelques passages expérimentaux semblent datés, mais la capacité de Plant à donner une input personnelle à des thèmes même rebattus reste intacte. Pour les fans qui ont suivi le voyage post-Zeppelin de Plant, ‘Saving Grace’ offre un ajout digne à son vaste catalogue solo. Sort la semaine prochaine, (Jan Vranken) (7/10) (Nonesuch)

 

Yong Yello – Bennie & De Banaliteit Van Ons Bestaan

Le collectif indie belge Yong Yello présente avec leur dernière sortie une exploration philosophique de notre droit d’existence quotidien à tous, emballée dans des chansons pop accessibles mais intelligentes. L’album traite des thèmes d’aliénation et de recherche de sens avec un mélange typiquement flamand de sérieux et d’autodérision. Le timbre chaleureux du chanteur principal Ben De Wilde porte les lignes de texte souvent absurdistes avec conviction, soutenu par des arrangements luxuriants qui intègrent des influences du krautrock à la chanson. ‘Bennie’ comme morceau-titre fonctionne comme une étude de caractère de l’ennui contemporain, tandis que ‘Maandag’ explore le phénomène du blues du week-end avec des tournants musicaux inattendus. Le groupe montre leur sensibilité européenne en intégrant différentes langues et traditions musicales sans sonner prétentieux. Du point de vue de la production, l’album sonne chaud et organique, avec de l’espace pour l’improvisation dans des chansons structurées. Pour les amateurs de pop intelligente avec des nuances philosophiques, cet album offre suffisamment de couches pour rester captivant longtemps. (Norman vanden Wldenberg) (8/10) (PIAS)