Voici la traduction en français de l’article :
Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Bien trop pour tous les écouter, encore moins pour les chroniquer. Publier une critique par jour signifie que de nombreux albums restent de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous vous proposons aujourd’hui un aperçu des albums reçus, sous forme de courtes critiques.
Cocobolo – *Consider It Done*
Le premier album de Cocobolo, *Consider It Done*, est sorti ! Une plongée rafraîchissante dans un terrain de jeu musical où la nostalgie et l’innovation vont de pair. Ce trio néerlandais emmène les auditeurs dans un voyage coloré à travers un paysage de surf rock, de soul des années 60 et de hip-hop des années 90, le tout fusionné en un son ‘vintage moderne’ unique. L’ouverture *Elderflower* donne immédiatement le ton avec son mélange entraînant de lignes de guitare à la *Shadows* et d’influences subtiles de reggae. Chaque morceau ressemble, comme ils le disent eux-mêmes, à une construction en Lego soigneusement assemblée, pleine de surprises et de détails ludiques. Les compositions instrumentales ne sont jamais ennuyeuses ; elles racontent des histoires sans paroles, la musique devenant une langue universelle d’imagination et de liberté. Inspiré par des artistes tels que Menahan Street Band et Yussef Dayes, mais avec un son entièrement propre, Cocobolo prouve que la musique instrumentale peut être tout aussi captivante que les chansons pop les plus accrocheuses. *Consider It Done* est un triomphe de créativité et de savoir-faire, un hommage à l’imagination sans limites de l’enfance, traduite en une musicalité adulte. Un album pour danser, mais aussi pour écouter, révélant de nouvelles couches à chaque écoute. (Norman van den Wildenberg) (8/10) (V2 Records)
AJ Plug – *Underneath Your Skin*
Le nouvel album de la chanteuse AJ Plug s’intitule *Underneath Your Skin*. Elle a surmonté un cancer, mais cela ne signifie pas que cette expérience a disparu de sa vie. Cela devient clair dès la chanson d’ouverture, *Part Of Me*. Le rythme agréable transmet positivité et force. *Hold Me* est chanté avec émotion. Il commence calmement mais devient plus rapide et plus puissant. *Now You’re Gone* possède une belle intro. Un magnifique jeu de guitare captivant s’ajoute à une agréable fluidité. Grâce à son rythme accrocheur, *Mistaken* sera sans aucun doute un moment fort lors des concerts. La superbe power ballad *Your Love* offre une parfaite alternance entre une mélodie douce et des riffs de guitare légèrement stridents. *Here To Stay* commence calmement avec des sons de guitare acoustique et de violon, accompagnés d’une voix claire. Le tempo et le volume augmentent. Cette chanson, elle aussi, a une ambiance positive. La structure et la fin de certains morceaux sont parfois prévisibles, mais les intros sont souvent bien choisies. Les paroles reconnaissables, parfois un peu clichées, sont chantées avec clarté. *Underneath Your Skin* peut être une source de réconfort pour ceux qui ont traversé cette (ou d’autres) épreuves. (Esther Kessel-Tamerus) (8/10) (Auto-production)
Tord Gustavsen Trio – *Seeing*
Dans le riche paysage du jazz scandinave, le Tord Gustavsen Trio reste un phare de contemplation raffinée. Leur nouvel album, *Seeing*, sorti en octobre 2024, confirme à nouveau leur position unique à l’intersection du jazz, de la musique sacrée norvégienne et des sonorités méditatives. Avec l’ajout du bassiste/électronicien Steinar Raknes, le trio a trouvé une nouvelle dimension dans leur son caractéristique. *The Old Church* est emblématique de leur approche : le piano de Gustavsen trace une série d’accords réfléchis qui parlent immédiatement à l’imagination, tandis que la basse de Raknes maintient la tension avec des notes semblables à des gouttes d’eau glacée. Le batteur Jarle Vespestad, compagnon de longue date de Gustavsen, apporte des textures subtiles qui élèvent l’ensemble. Le morceau-titre *Seeing* démontre la capacité particulière du trio à évoquer un monde d’émotions et de tension dans un spectre musical apparemment limité. Les compositions respirent la tradition norvégienne, mais transcendent les frontières géographiques par leur portée universelle. Cet album est un point culminant dans le paysage du jazz scandinave contemporain. Pour les amateurs de jazz contemplatif et de musique néoclassique, *Seeing* offre une expérience d’écoute profonde qui continue de captiver même après plusieurs écoutes. C’est l’une des sorties les plus impressionnantes de 2024. (Jan Vranken) (9/10) (ECM Records)
Seun Kuti & Egypt 80 – *Heavier Yet (Lies The Crownless Head)*
Sur son dernier album, Seun Kuti, le plus jeune fils du pionnier de l’Afrobeat Fela Kuti, prouve une fois de plus pourquoi il reste l’un des principaux gardiens de l’héritage musical de son père. En tant que leader du légendaire groupe Egypt 80 – la même formation qui accompagnait autrefois son père – Seun livre un retour puissant aux sons fondamentaux de l’Afrobeat. À une époque où l’Afrobeat connaît une résurgence mondiale, avec des groupes comme Antibalas portant le flambeau, Seun Kuti choisit délibérément de revenir aux racines du genre. Cet album sert à la fois de masterclass et de boussole, orientant les musiciens plus récents vers la source authentique des rythmes Afrobeat éternels, nés au *Shrine* de Lagos, le lieu où les Kuti régnaient en maîtres. La production de l’album capture l’énergie brute qui rendait les enregistrements de Fela si envoûtants. L’interaction entre les sections de cuivres suit les schémas classiques de question-réponse qui ont défini le genre, tandis que les percussions pulsantes propulsent chaque morceau avec une intensité rappelant l’âge d’or du style. Bien que James Brown ait emprunté des éléments de ce son, *Heavier Yet* nous rappelle que la véritable origine se trouve dans le sol nigérian.
Le titre-phare *Dey* aurait pu figurer sans effort sur n’importe lequel des albums classiques de Fela et montre la profonde compréhension de Seun de la tradition familiale. Depuis qu’il a rejoint Egypt 80 avant ses douze ans et a pris la tête du groupe après la mort de son père en 1997 (selon les vœux de Fela), la connexion de Seun avec cette musique va au-delà de l’héritage – elle coule dans ses veines. Ce retour à un son Afrobeat plus pur ne représente pas un retour en arrière, mais plutôt une réaffirmation de la puissance du genre. L’album bénéficie de l’expérience de Seun, qui compte plus de vingt ans en tant que leader d’Egypt 80, un groupe qui compte encore de nombreux membres de l’époque de son père. Ces vétérans, qui ont partagé des scènes – et des cellules de prison – avec Fela pendant les périodes de protestation politique, apportent une authenticité à cet enregistrement inégalée. *Heavier Yet* est un testament de la dévotion de Seun à la préservation et à la continuité de l’héritage des Kuti, tout en montrant pourquoi les sons fondamentaux de l’Afrobeat restent aussi vitaux et pertinents qu’auparavant. C’est un album riche et gratifiant qui prouve que la flamme Kuti brûle encore intensément entre les mains de son plus jeune porteur de torche. (Jan Vranken) (8/10) (SKE80 LLC)
Tank & the Bangas – The Heart, The Soul, the Mind
Avec *”The Heart, The Mind, The Soul”*, Tank and the Bangas livre un triptyque magistral où poésie, musique et émotion se fondent en une œuvre unique. Le groupe, enraciné à La Nouvelle-Orléans et dirigé par la charismatique Tank, explore dans ce projet ambitieux les profondeurs de l’existence humaine.Chaque partie de l’album a sa propre identité, habilement façonnée par différents producteurs. James Poyser donne vie à la voix d’alto veloutée de Tank dans *”The Heart”*, tandis que les beats oniriques d’Iman Omari dans *”The Mind”* créent une atmosphère plus contemplative. Le style jazzy libéré de Robert Glasper dans *”The Soul”* constitue la toile de fond parfaite pour l’expression sans limites de Tank.
Un élément remarquable de cet album est la place importante accordée à la poésie, avec en point d’orgue une collaboration avec Jill Scott. La mission de Tank d’élever la poésie au rang de genre musical est une réussite éclatante. Sa croissance personnelle et la confiance nouvellement acquise résonnent dans chaque morceau, aboutissant à un album à la fois intime et universel.Un voyage impressionnant à travers la conscience humaine qui ne laissera aucun auditeur indifférent.(Elodie Renard)(8/10)(Verve Label Group)