Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, encore moins pour les critiquer. Une critique par jour fait que trop d’albums restent de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.
Roufaida – Coming Up For Air
La chanteuse Roufaida Aboutaleb revient avec son premier album après son EP “Roufaida” de 2023. Avec “Coming Up For Air”, elle approfondit l’exploration de l’identité et des pressions sociales. Sa signature nord-africaine est ici accompagnée d’afrobeat et d’indie alternatif, créant une richesse de couches qui ne semble jamais forcée. Le morceau titre “Coming Up For Air” constitue le cœur émotionnel de l’album, où elle et Nina Sampermans traduisent musicalement la façon dont des thèmes sociaux urgents comme la xénophobie et l’exclusion peuvent oppresser. La production de Wannes Salomé laisse sa voix respirer entre les sons de guembri et les éléments électroniques modernes. Cette musique échappe aux cases faciles et puise sa force dans sa capacité à créer des ponts entre les traditions. Roufaida se révèle une voix indépendante qui traduit l’héritage poétique de poètes comme Nizar Qabbani dans un contexte contemporain sans perdre de sa puissance expressive. (Elodie Renard) (8/10) (Production indépendante)
Starsailor – Starsailor with Strings: Live from Liverpool
Après 25 ans de carrière, Starsailor a décidé de célébrer son anniversaire avec une déclaration particulière : leur premier album live officiel. Enregistré dans le prestigieux Tung Auditorium de l’Université de Liverpool, les chansons du groupe britannique bénéficient d’un traitement orchestral grâce aux arrangements de cordes de Joe Duddell, connu pour son travail avec Elbow et James. C’est un concept audacieux qui demande du courage, et Starsailor le réussit avec brio. La setlist retraçant leur carrière montre la polyvalence de James Walsh et de ses compagnons. Les cordes élèvent des classiques comme “Four to the Floor” et “Good Souls” à de nouveaux sommets sans perdre l’énergie brute des versions originales. Fait remarquable, la première interprétation live de “Hard Love”, qui selon le groupe n’avait jamais été jouée en concert, et encore moins avec un orchestre complet, est une réussite. La voix de Walsh, toujours l’arme secrète du groupe, brille particulièrement dans ce cadre intime, notamment lors de “Restless Heart” accompagnée au piano. Ce n’est pas un album révolutionnaire, mais un magnifique témoignage d’un groupe qui, après un quart de siècle, sait encore toucher sans tomber dans la nostalgie. (William Brown) (7/10) (East West Records)
Anmol Mohara – Across the Sea
Une “bande originale”, indique le sous-titre. On pense immédiatement à de la musique de film, et après la première écoute, cela semble évident. Le percussionniste Anmol Mohara livre un impressionnant premier album avec “Across the Sea”, combinant instruments traditionnels népalais et jazz moderne. Mohara a passé six ans au Népal pour maîtriser les techniques de percussions traditionnelles avant de se consacrer entièrement à Londres à la production de “Across the Sea”. Le cœur de l’album est composé de trois pièces inspirées de la musique et des contes populaires : “Sakhiye Ho”, “Silu” et “Sorathi”. Trois morceaux aux racines clairement traditionnelles mais enrichis de surprises, comme la guitare électrique dans “Silu” et les improvisations de piano et flûte dans l’épopée de neuf minutes “Sorathi”, pièce maîtresse de l’album. Cela fait passer un peu au second plan le magnifique et émouvant “Migrant”, un morceau de jazz pur avec les voix de Tereza Catarov. Les morceaux sont ponctués de courtes soundscapes appelées ‘scenes’ par Mohara. Certaines transitions sont abruptes ou semblent déplacées, mais l’album reste un ajout précieux au jazz moderne et à la fusion world music. (Jeroen Mulder) (7/10) (Lonma Records)
Yellowcard – Better Days
Après neuf ans, Yellowcard revient avec “Better Days”, prouvant qu’un retour peut avoir du sens. C’est leur premier album complet depuis 2016 et il sonne à la fois familièrement et rafraîchissant. Avec Travis Barker comme producteur exécutif à la batterie, chaque titre est puissant et ciblé. Les morceaux “Take What You Want”, “Love Letters Lost” et “Honestly I” reprennent là où “Ocean Avenue” s’était arrêté, pleins d’énergie et de refrains accrocheurs. Le violoniste Sean Mackin joue à nouveau un rôle important, notamment dans “Honestly I” et le morceau final “Big Blue Eyes”. Les invités Matt Skiba sur “Love Letters Lost” et Avril Lavigne sur “You Broke Me Too” ajoutent de la texture, bien que la voix de Skiba aurait pu être plus mise en avant. La partie médiane offre des respirations avec “You Broke Me Too” et “City of Angels”, rappelant l’ère plus expérimentale “Lift a Sail”. Des morceaux comme “Barely Alive” montrent que le groupe ose encore explorer en profondeur. Avec seulement trente minutes, “Better Days” est compact et bien ciblé, une pop-punk adulte sans cynisme, d’un groupe sûr de son identité. (Anton Dupont) (9/10) (Better Noise Music)
anaiis – Devotion & The Black Divine
Le label londonien 5dB Records publie le deuxième album de la néo-soul artiste anaiis, “Devotion & The Black Divine”, qui montre sa vision artistique mûre. Les morceaux produits montrent des influences de soul vintage, gospel, jazz et reggae, avec des titres comme “Deus Deus” affichant des grooves détendus et une production douce. Avec le collaborateur Josh Grant, anaiis utilise des instruments live, notamment des cordes, rendant l’album riche et vivant. Sa voix est l’instrument principal, chaque choix, de la syllabation à la note, semble parfaitement choisi. Son soprano miel apporte un baume sur certaines des plus belles mélodies. Elle montre une maîtrise remarquable de sa voix, intégrant synthés et éléments électroniques de manière raffinée. Cet album présente une maturation des meilleurs instincts créatifs d’anaiis dans un univers sonore cohérent. (Elodie Renard) (8/10) (5dB Records)