Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, encore moins pour les critiquer. Une critique par jour ne suffit pas, ce qui laisse beaucoup d’albums de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi aujourd’hui, nous publions un aperçu des albums reçus avec de courtes critiques.
Arooj Aftab – Night Reign
Le nouvel album de Arooj Aftab, *Night Reign*, est une exploration envoûtante de la nuit, pleine de relations intimes, de rêves sombres et de fantasmes ardents. La nuit est sa plus grande source d’inspiration, ce qui est clairement audible dans les sons mélancoliques et pleins d’espoir. Dès le morceau d’ouverture “Aey Nehin”, Aftab crée un sentiment d’anticipation et de désir. Sa voix nous guide à travers des passages ombragés, chaque composition révélant de nouvelles couches émotionnelles. Son interprétation de “Autumn Leaves” est hantée et innovante, avec une instrumentation minimaliste qui renforce l’atmosphère.
L’album combine des compositions originales avec des textes classiques, comme ceux du poète ourdou du XVIIIe siècle Mah Laqa Bai Chanda. Les collaborations avec des musiciens tels que James Francies et Cautious Clay ajoutent de la profondeur aux paysages sonores riches. La polyvalence et la vision artistique d’Aftab se manifestent clairement dans les styles musicaux et les langues variés.
Des moments forts comme “Saaqi” et “Last Night Reprise” montrent la capacité d’Aftab à tisser tradition et modernité. Sa musique est intime et universelle, avec une production et des arrangements soigneusement réfléchis. *Night Reign* confirme le statut d’Aftab en tant qu’artiste innovante et émotionnellement résonnante. Cette œuvre impressionnante mérite un 8 sur 10 bien mérité.
(Jan Vranken) (8/10) (Verve Label Group)
King Hannah – Big Swimmer
*Big Swimmer* de King Hannah est une expérience d’écoute captivante qui transporte l’auditeur dans un voyage musical dès le premier morceau. Avec la contribution vocale de Sharon van Etten sur le premier morceau, le duo établit immédiatement le ton pour un album atmosphérique et émotionnellement chargé. La voix de Hannah Merrick est polyvalente et envoûtante, variant de douce à agressive, créant une dynamique fascinante dans des morceaux comme “New York, Let’s Do Nothing”. Ce morceau évoque une ambiance rappelant Dry Cleaning et Lou Reed, parfaite pour une nuit dans la ville qui ne dort jamais. Les influences de New York sont clairement audibles, ajoutant une énergie authentique et brute à l’album. Le morceau de huit minutes “Somewhere near El Paso” apporte la même tension et profondeur que le chef-d’œuvre classique de Lou Reed, sans en être une imitation. Il s’agit d’une figure de style développée qui est propre à King Hannah, avec une montée intense qui capture complètement l’auditeur.
Avec *Big Swimmer*, King Hannah démontre leur capacité à créer une musique profonde et atmosphérique qui est à la fois hypnotisante et impressionnante. L’album oblige l’auditeur à une immersion totale et laisse une impression durable. Cet album a le potentiel de devenir un chef-d’œuvre intemporel et est fortement recommandé pour les amateurs de musique rock émotionnellement chargée.
(Anton DuPont) (9/10) (City Slang)
Winnetka Bowling League – Sha La La
Winnetka Bowling League, dirigé par le polyvalent Matthew Koma, sort avec *Sha La La* leur deuxième album. Bien que le nom du groupe se distingue immédiatement par son originalité, l’album lui-même laisse moins d’impression. Les sons ensoleillés et riches en reverb qui caractérisent leur musique évoquent les côtes pittoresques de la Californie plutôt que les ruelles urbaines de Los Angeles. L’album s’ouvre de manière agréable avec le morceau titre “Sha La La”, mais est rapidement éclipsé par un excès de reverb. Cela donne à l’ensemble une ambiance de piscine qui masque parfois les sons authentiques des vrais instruments et voix. Alors que certains morceaux montrent du potentiel, ils restent coincés dans le même mur de son, ce qui rend difficile pour eux de vraiment se démarquer. Des morceaux comme “Slow Dances” et “CVS”, qui ont déjà bénéficié d’une certaine diffusion, manquent de fraîcheur et de caractère spontané pour vraiment rester en tête. Bien qu’il y ait sans aucun doute beaucoup d’amour et de soin dans la production, l’album semble parfois trop poli et manque de la sincérité brute qui pourrait laisser une impression durable et mieux convenir à cette musique. *Sha La La* sera certainement chéri par les fans fidèles du groupe, mais semble incapable de séduire un public plus large. C’est un album agréable pour les amateurs de pop riche en reverb, mais il ne parvient pas à se démarquer. En fin de compte, c’est un disque qui finira probablement rapidement en promotion, malgré un début prometteur et le nom prometteur du groupe.
(Jan Vranken) (6/10) (Winnetka Bowling League)
Priest – Dark Pulse
Le groupe suédois Priest, plus connu pour son image mystérieuse que pour sa musique, nous emmène à nouveau avec *Dark Pulse* dans les mondes néon des années 80, mêlés à des paysages sonores gothiques. Depuis leur premier single en 2017, le groupe a construit une base de fans solide et a déjà sorti les albums *New Flesh* et *Cyberhead*. *Dark Pulse* reste fidèle au style reconnaissable de Priest, avec des beats électroniques sombres et des synthés atmosphériques qui évoquent une ambiance futuriste. Des morceaux comme “Phantom Pain” et “Dead Ringer” vous ramènent immédiatement à l’ambiance dystopique d’un film de science-fiction des années 80. Le groupe a réussi à trouver une niche unique, mais malheureusement, elle n’est pas suffisamment explorée pour rendre l’album vraiment intéressant. La musique sur *Dark Pulse* est certes divertissante et cohérente dans le style, mais manque de profondeur et de variété pour vraiment captiver. La production est serrée et les paysages sonores sont atmosphériques, mais l’ensemble semble parfois répétitif et prévisible. Il y a peu de surprises ou d’éléments innovants qui savent vraiment surprendre l’auditeur. Bien que *Dark Pulse* satisfera sans aucun doute les fans du groupe, il manque de proposer une nouvelle direction ou une direction passionnante pour Priest. L’album offre une expérience d’écoute agréable pour les amateurs du genre, mais ne parvient pas à se démarquer.(Anton DuPont) (6/10) (Blue Nine)
AK3K – *When I Die; Don’t Act; Like You Care*
Le nouvel album *When I Die; Don’t Act; Like You Care* de AK3K est en accord avec les fautes de style dans le titre : assez “faux”. AK3K, un artiste mystérieux qui prétend être un pharaon vieux de 3000 ans venu des ombres, a trouvé une niche dans le monde de la musique en ligne. Cependant, cette niche n’est pas suffisamment explorée dans cet album pour être intéressante. Il est difficile de savoir d’où vient exactement AK3K, mais l’album sonne comme une tentative d’un artiste allemand de Hambourg ou de Mannheim de se faire passer pour un Américain. D’un point de vue production, c’est la pauvreté : les beats semblent être principalement composés de boucles Apple, et tant la mélodie que la tension font cruellement défaut. Des morceaux comme “Drowning” et “Who Are You” essaient de feindre une certaine profondeur émotionnelle, mais sont anéantis par la production amateur et les sons répétitifs. Bien qu’AK3K ait développé une esthétique propre et unique et intégré des influences de divers genres, cet album n’impressionne nulle part. Il manque l’authenticité et la qualité nécessaires pour vraiment captiver. *When I Die; Don’t Act; Like You Care* est une expérience d’écoute décevante qui tombera probablement rapidement dans l’oubli. C’est un album qui, malheureusement, a plus de points négatifs que positifs (Elodie Renard)(3/10(Ak3K)