L’aperçu des nouveaux albums : Mayra Andrade, Soba et des autres

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour les écouter tous, et encore moins pour tous les chroniquer. Une seule critique par jour laisse trop d’albums de côté, et c’est dommage. C’est pourquoi nous présentons aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction, sous forme de courtes critiques.

The Captain of the Lost Waves – Beautiful Ugly

The Captain est un troubadour aux idées larges, s’inspirant entre autres des grands philosophes. Sa musique contient des vers rêveurs et de belles mélodies, une folk calme et des sons ambiants. Il y a environ deux ans, un automobiliste dans une voiture volée, en fuite face à la police, a causé un accident dans lequel The Captain et sa famille (sans qu’ils soient en tort) ont été impliqués. Cela a été suivi par une longue rééducation pour The Captain. Il a continué à faire de la musique, mais cela a été difficile et lent. En partie à cause des analgésiques puissants et de toutes les émotions liées à l’accident et à la rééducation, ‘Beautiful Ugly’ est devenu un album réfléchi et apaisant. Avec ces connaissances en tête, vous écouterez peut-être différemment les morceaux calmes, parfois surréalistes. La voix de The Captain se fond magnifiquement dans la musique, à tel point que sa voix devient une partie intégrante de la musique. Cela peut rendre les paroles un peu invisibles, faisant ainsi de l’album une expérience apaisante. Si vous écoutez attentivement les paroles, cela peut susciter des réflexions. Quoi qu’il en soit, si vous recherchez de la tranquillité, cet album pourrait certainement vous plaire. (Esther Kessel-Tamerus) (8/10) (Melodic Revolution Records)

Mayra Andrade – reEncanto (Live at Union Chapel)

Mayra Andrade, talentueuse chanteuse originaire du Cap-Vert, démontre ses compétences vocales dans cet album live intime enregistré à l’Union Chapel. Bien que les comparaisons avec sa compatriote Cesária Évora soient inévitables, Andrade crée ici sa propre ambiance. ‘reEncanto’ propose un accompagnement instrumental sobre qui met en avant la voix d’Andrade. Bien qu’elle ne possède peut-être pas la profondeur vocale puissante d’Évora, Andrade charme avec son timbre unique et son expression personnelle. Cet album n’est pas du fado traditionnel, mais il dégage un sentiment similaire de ‘saudade’, une nostalgie mélancolique caractéristique de la musique lusophone. L’enregistrement en direct capture l’essence d’une soirée musicale intime, parfait en toile de fond d’un dîner romantique. L’expérience internationale et l’influence de la scène musicale mondiale parisienne d’Andrade se reflètent subtilement dans sa performance. Pour les amateurs de musique du monde raffinée et atmosphérique, ‘reEncanto’ offre une expérience d’écoute captivante, invitant à plusieurs écoutes. (Jan Vranken) (7/10) (TriangleSongs)

 

A Plane to Catch – Soul Piece

L’album ‘Soul Piece’ est un mélange accrocheur de traditions musicales ouest-africaines et de funk et soul occidentaux, né de l’esprit créatif de musiciens de jazz danois pendant la pandémie. L’ouverture ‘Bamako Convention Centre’ donne immédiatement le ton avec un rythme entraînant et un orgue qui évoque des souvenirs nostalgiques des années 70. Bien que l’album regorge de grooves contagieux, d’une production chaleureuse et d’improvisations ludiques, il souffre parfois d’une approche trop sage. Les huit compositions naviguent habilement à travers des clichés harmoniques familiers de la musique soul des années 70, mais manquent parfois de l’énergie brute qui caractérise ce style. Le caractère auto-produit de l’album est à la fois une bénédiction et une malédiction. Il crée une atmosphère intime, comme si l’on se trouvait dans un club sombre avec un groupe électrique, mais manque parfois de l’audace qui rendrait cette musique plus excitante. Tout sonne un peu trop propre, donnant par moments l’impression d’un orchestre tropical trop soigné. Le solo de trompette sur ‘Corny Big’ montre ce qui est possible lorsque les musiciens se lâchent. C’est dommage que cette sensation de liberté ne se retrouve pas plus souvent sur l’album. Pour leur prochain projet, le groupe ferait bien d’envisager de faire appel à un producteur externe, quelqu’un qui pourrait les pousser à sortir des sentiers battus et à faire briller les diamants bruts de leur son. Malgré cela, ‘Soul Piece’ est un album agréable qui emmène les auditeurs dans un voyage musical plein de funk, de soul et d’influences africaines. C’est un album parfait pour danser, mais avec un peu plus d’audace et une production plus brute, cela aurait pu être un véritable chef-d’œuvre. (Anton Dupont) (7/10) (April Records)

Envy – Eunoia

Après plus de trente ans dans l’industrie musicale, le groupe japonais de post-hardcore Envy revient avec leur neuvième album studio, ‘Eunoia’. Cet album prouve que, malgré leur longue carrière, le groupe est toujours capable de se renouveler et de surprendre. Si nous devions résumer cet album en un mot, ce serait ‘intense’. L’introduction ‘Piecemeal’ sert de prélude court, avant que le groupe ne se lance à fond avec un son large, dur et captivant. Sur ‘The Night and the Void’, nous découvrons une autre facette d’Envy. Ici, le groupe incorpore des instruments traditionnels dans leur son post-hardcore, créant un paysage musical plus calme. Ce morceau montre qu’Envy n’a pas peur d’expérimenter et d’élargir leur son. Après un remaniement majeur du personnel en 2018, qui menaçait l’existence du groupe, Envy a su se rétablir. ‘Eunoia’ est le deuxième album avec la nouvelle formation et montre une croissance impressionnante. Le fondateur et compositeur Nobukata Kawai explique : “Le concept derrière l’album était de faire face honnêtement à notre propre impuissance. Nous cherchions un peu d’espoir et avons capturé les émotions de la vie quotidienne de manière presque diaristique.” Pour les amateurs du genre, ‘Eunoia’ est un incontournable. Cet album montre un groupe qui sonne mieux que jamais dans ses trente ans d’existence. C’est un album intense qui capture l’essence du son d’Envy tout en démontrant leur capacité à continuer à évoluer. L’album dégage une puissance et une attraction comparables à la gravité naturelle et à l’émerveillement d’une éclipse totale. (Jan Vranken) (8/10) (Pelagic Records)

Soba – Fiman

Le trio Soba, composé du guitariste et chanteur burkinabé Moussa Koita, de l’harmoniciste français Vincent Bucher et du batteur congolais Emile Biayenda, présente leur premier album. Ce projet, né en 2019, propose un mélange captivant de sons ouest-africains et de blues du Mississippi. Koita, issu d’une famille de griots à Bobo-Dioulasso, apporte son riche patrimoine culturel sous forme de chant et de guitare mandinka. Bucher, connu comme l’un des harmonicistes les plus innovants de France, ajoute une touche blues indéniable. La percussion de Biayenda crée le pont parfait entre ces deux mondes. L’album s’ouvre avec le titre éponyme, qui donne immédiatement le ton pour ce qui suit : une fusion naturelle de styles qui rappelle des collaborations transatlantiques précédentes, comme le révolutionnaire ‘The Source’ de Taj Mahal et Ali Farka Touré en 1991. Tout au long des onze titres, différentes influences se font entendre. ‘Deme’ et ‘Horonke’ penchent vers un proto-reggae, tandis que ‘Tounga’, ‘Politiki Magni’ et ‘Miri’ s’orientent davantage vers un boogie folk. ‘Faso Den’ propose un rythme malien typique. Le jeu d’harmonica de Bucher s’adapte sans effort à ces rythmes divers, tandis que la guitare et le chant de Koita forment la base harmonique. Sur des morceaux comme ‘I Kanata’, ‘Fantaya’, ‘Wariko’ et ‘Den Folo’, des échos de grands noms tels que Salif Keita et Mory Kanté se font entendre. Bien que le concept de fusion entre la musique ouest-africaine et le blues américain ne soit pas nouveau, Soba parvient à y apporter une touche personnelle. La qualité de l’exécution et l’interprétation sincère élèvent cet album au-dessus de la moyenne. Le résultat est un album chaleureux et généreux qui emmène l’auditeur dans un voyage musical des rives du Mississippi à la savane de l’Afrique de l’Ouest. Pour les amateurs de musique du monde et de blues, c’est un album à recommander. (Jan Vranken) (7/10) (Editer à Paris)