Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, et encore moins pour les critiquer. Une critique par jour signifie que trop d’albums restent de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.
Liv Kristine – Amor Vincit Omnia
La soprano norvégienne Liv Kristine publie des œuvres en solo depuis 1998, mais entre 1994 et 2015, elle s’est principalement concentrée sur les groupes de metal symphonique Theatre Of Tragedy et Leaves’ Eyes, avec lesquels elle s’est fait connaître. Elle a également collaboré avec différents groupes, notamment avec Delain, tant sur album qu’en live. ‘Amor Vincit Omnia’ est son septième album et Liv Kristine y livre peut-être sa meilleure performance vocale jamais enregistrée. Le seul morceau qui rappelle le metal symphonique qui l’a rendue célèbre dans les années 90 avec Theatre Of Tragedy est le titre éponyme, où son mari Michael Espenæs participe aux grognements. Bien que le guitariste Sacha Dannenberger soit responsable de la musique, la guitare est pratiquement absente des dix autres morceaux. L’accent est mis sur la voix et les textes de Liv Kristine, qui a tout l’espace pour briller sans que cela ne se fasse au détriment des instruments. Sacha Dannenberger et Andy Classen, qui a masterisé l’album, sont également responsables de ce bon équilibre. Pour le fan moyen de metal symphonique, ‘Amor Vincit Omnia’ sera probablement trop doux. Pour l’amateur de musique plus aventureux, cet album est un must absolu. (Ad Keepers) (9/10) (Metalville)
Marathon – Fading Image
L’album ‘Fading Image’, premier opus de Marathon, fait une forte première impression. Le groupe néerlandais de post-punk, composé de Kay Koopmans, Lennart van Hulst et Nina Lijzenga, combine des influences de post-punk, de shoegaze et d’indie pour créer un son propre et urgent. ‘Out Of Depth’ démarre avec intensité, avec la batterie précise de Lennart et la basse caractéristique à 6 cordes de Nina. Le chant de Kay s’accorde bien avec l’atmosphère brute. Des singles comme ‘Gold’ et ‘Fall’ sont plus accessibles, mais conservent la couche sombre qui colore l’album. ‘Shadow Raised A Star’ se distingue par sa stratification et sa construction atmosphérique. Dans ‘DH22’, le groupe montre son côté expérimental, tandis que ‘Idiocy’ et ‘Disorder’ incarnent les thèmes de l’éphémère et de la confusion. La production brute renforce le sentiment d’urgence. Sur le morceau final ‘Away From Home’, des claviers et des guitares supplémentaires ajoutent une profondeur inattendue. Avec ‘Fading Image’, Marathon livre un premier album convaincant et solide. Pas de fioritures, mais de l’intensité et un son propre et clair. Nous voulons en entendre plus ! (Anton Dupont) (8/10) (V2 Records)
Vox Sambou – Hayti Lives
Un voyage musical rafraîchissant sur le nouvel album de Vox Sambou, ‘Hayti Lives’. ‘Voyaje’, le morceau d’ouverture, contient un magnifique solo de trompette de Rémi Cormier, qui donne immédiatement le ton de cette fusion culturelle. Avec seulement huit morceaux et une durée d’environ une demi-heure, cet album nous laisse sur notre faim. L’artiste haïtien basé à Montréal propose un album plein de rythmes haïtiens qui s’entremêlent avec des influences congolaises. ‘Kriminèl’ appelle à l’unité, tandis que ‘Voyaje’ offre une joyeuse célébration des liens culturels. ‘Na Luta’ surprend par ses sonorités expérimentales, parfois chaotiques, qui détonnent certes, mais intriguent justement par cela. Le single phare ‘Goumen’ est un puissant hymne à la persévérance, profondément enraciné dans la culture haïtienne. Bien que les talents de rappeur de Sambou ne soient peut-être pas son point fort, sa conviction et sa passion compensent pleinement. Avec la collaboration de nombreux musiciens talentueux, il livre une œuvre cohérente et captivante. ‘Hayti Lives’ est un album sympathique qui non seulement rend hommage au patrimoine haïtien, mais sert également de merveilleuse bande sonore pour toutes les soirées barbecue de cet été. (Jan Vranken) (6/10) (Delicious Times)
Donovan Haffner – Alleviate
Fraîchement sorti de la Royal Academy of Music de Londres, le saxophoniste alto Donovan Haffner publie son premier album auto-produit, composé exclusivement de ses propres compositions. Ce serait une démarche risquée si Haffner n’était pas déjà rompu au jazz, mais le jeune Britannique possède déjà un palmarès impressionnant. C’est quelque chose que l’on retrouve certainement dans les morceaux d’Alleviate’. ‘The Writer’ donne immédiatement une bonne impression de ce à quoi nous pouvons nous attendre : avant tout un jeu techniquement parfait entre le saxophone alto, le piano et la guitare. Techniquement parfait : il semble parfois que l’auditeur doive surtout être convaincu par l’habileté que Haffner démontre sur son instrument. Beaucoup de jeunes musiciens tombent dans ce piège et Haffner ne fait pas exception. Un morceau comme ‘Step Aside’ devient ainsi rapidement une sorte d’étude : bien joué, mais cela ne touche pas. La maîtrise de différents styles fait partie de cette perfection technique. Bien que la plupart des morceaux se ressentent principalement comme du blues, il ne recule pas devant le bop, par exemple dans ‘The Sublime’ qui commence avec force avec seulement le saxophone et la batterie. Ici, on entend, au-delà de la technique, une étincelle agréable dans le jeu, nécessaire pour donner vie à une composition. C’est donc l’un des morceaux les plus surprenants et certainement l’un des meilleurs, avec ‘The Lone Wolf’ et ‘Discovering The Truth’, ce dernier excellant par sa simplicité et devenant impressionnant justement pour cette raison. Ici, Haffner ne s’épuise pas en prouesses techniques, mais dans la création d’une véritable profondeur dans son jeu. C’est la différence entre jouer avec son ventre ou avec ses doigts. Nous préférons le premier. (Jeroen Mulder) (7/10) (Donovan Haffner)
Divide and Dissolve – Insatiable
La compositrice/multi-instrumentiste australienne Takiaya Reed est une femme Cherokee. Elle intègre la souveraineté indigène, l’émancipation et ses expériences dans la musique (instrumentale) de Divide and Dissolve. ‘Insatiable’ parle de la vision de Takiaya d’un monde meilleur. Le travail de batterie est retentissant, son jeu de guitare est bourbeux. C’est surtout avec son jeu de saxophone et toutes sortes d’effets sonores qu’elle crée un son qui lui est propre dans l’univers international du metal-doom. La combinaison du cor et du saxophone donne à ‘Loneliness’ un son sobre, presque triste. Le contraste avec le doom dans ‘Dichotomy’ est grand. Les paroles de Takiaya sur la solitude dans ‘Grief’ sont à peine compréhensibles. Mais sa voix forme une unité avec les instruments. Les morceaux sont bien répartis sur l’album qui contient aussi bien des parties d’orientation classique que du doom-metal (lent). Le son sale et la guitare boueuse ne dominent certainement pas. Le chant déformé et le travail de batterie sont au service de l’ensemble. Vous n’avez pas besoin de comprendre de quoi parlent les morceaux, vous ressentez bien les différences d’ambiance. Ceux qui d’habitude évitent le doom-metal devraient quand même écouter ‘Insatiable’.(Esther Kessel-Tamerus) (8/10)(Bella Union)