L’aperçu des nouveaux albums : Mac DeMarco, Blackbriar et plus

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, et encore moins pour les critiquer. Une critique par jour signifie que trop d’albums restent de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.

Mike Pope – The Parts You Keep

Quand il s’agit de bassistes dans le jazz, il y a essentiellement deux catégories : les révolutionnaires qui ont développé un nouveau langage dans le jazz et la fusion, et les musiciens qui se sont approprié ce langage et l’ont perfectionné. Le premier groupe comprend des géants comme Jimmy Blanton et Charles Mingus à la contrebasse, et Jaco Pastorius et Stanley Clarke à la basse électrique. Mike Pope est par la suite un de ces bassistes qui emprunte le meilleur de toutes les icônes susmentionnées et le combine dans un style personnel qu’il a déjà affiné auprès de Chick Corea et David Sanborn notamment. Pope est un véritable maître du son et de la technique, et il le démontre sur ce “The Parts You Keep” : un album qui constitue une sorte d’hommage à ses héros musicaux. De manière virtuose, il insuffle une nouvelle vie aux classiques de Parker et Coltrane, tout en mettant heureusement la technique au service de la musicalité : “Steeplechase” de Parker et “Giant Steps” de Coltrane demeurent des morceaux agréables à écouter, notamment grâce aux arrangements de batterie originaux de Nate ‘Kinfolk’ Smith. L’album zigzague du jazz pur vers des pièces plus fusion, comme “Barolo Blue” et “Dashan’s Flying Supercar”. Mais la vraie surprise est bien le morceau-titre dans lequel il laisse son héros le plus ancien jouer du piano. Ce héros le plus ancien n’est autre que sa mère de 85 ans, Ann Almond Pope. Elle joue “Sphärenmusik from Winterreigen” du compositeur hongrois Ernst von Dohnányi, que Pope fait habilement suivre d’une composition personnelle. Ainsi le morceau forme un véritable pont entre les souvenirs d’enfance et le bassiste que Pope est en 2025. Alors on comprend aussi l’image sur la pochette : ce petit garçon qui écoute en haut de l’escalier sa mère au piano. Cet album vaut le détour rien que pour cet hommage à maman Pope. Une partie à conserver absolument. (Jeroen Mulder) (8/10) (Origin Records)

Nourished By Time – The Passionate Ones

Marcus Brown revient avec son deuxième album en tant que Nourished By Time et parvient à nouveau à surprendre avec son mélange unique de R&B, d’indie pop lo-fi et de funk électronique. “The Passionate Ones” se ressent cinématographique et absorbant, Brown jouant presque tous les instruments lui-même dans la tradition de Prince et Dev Hynes. L’album se balance à la frontière entre romance et dystopie, avec des morceaux qui flottent entre vulnérabilité et force. La production combine des boîtes à rythmes caoutchouteuses avec des sons de synthés néon, les titres comme “BABY BABY” excellant dans la clarté émotionnelle. Brown utilise sa musique comme une forme de résistance douce contre le chaos du monde, tentant de forger et maintenir des connexions avec les choses qui le rendent heureux. Le résultat est un album à la fois plus sombre et plus expansif que son premier album acclamé “Erotic Probiotic 2”, mais dans lequel le cœur saignant d’un romantique incurable forme encore le centre. (Elodie Renard) (8/10) (Godmode)

Mac DeMarco – Five Easy Hot Dogs

Après quatre années de silence musical, Mac DeMarco revient avec un album instrumental qui raconte l’histoire d’un road trip épique de la côte ouest de la Californie jusqu’à New York City. “Five Easy Hot Dogs” est un ajout inhabituel à sa discographie, chacun des quatorze morceaux étant nommé d’après la ville où il a été enregistré. L’album fonctionne comme une sorte de livre audio de son voyage à travers l’Amérique du Nord, avec des numéros comme “Gualala”, “Portland”, “Vancouver” et “Chicago” ayant chacun leur propre caractère. DeMarco a délibérément choisi une approche retenue sans ses voix caractéristiques, permettant au focus de se porter entièrement sur l’atmosphère et la texture de ses compositions. La production est délibérément lo-fi et décontractée, parfaite pour les matins paresseux du dimanche ou les moments de réflexion. Bien que l’album ne contienne pas de véritables morceaux remarquables, c’est probablement intentionnel ; ce n’est pas une grande déclaration artistique mais plutôt une documentation intime d’un voyage personnel. (Norman van den Wildenberg) (6/10) (Mac’s Record Label)

Blackbriar – A Thousand Little Deaths

L’ensemble gothic metal néerlandais Blackbriar livre avec leur troisième album complet un chef-d’œuvre qui confirme davantage leur réputation de conteurs. “A Thousand Little Deaths” est leur œuvre la plus cinématographique et orchestrale à ce jour, le groupe portant leur approche caractéristique de conte de fées sombre vers de nouveaux sommets. La chanteuse Zora Cock excelle avec sa voix expressive qui passe sans effort entre des murmures fragiles et des explosions puissantes, parfaitement soutenue par les arrangements riches du groupe. Les singles comme “The Fossilised Widow” et “Crimson Faces” restituent l’atmosphère victorienne qui traverse tout l’album, les thèmes comme l’amour, la perte et la mort étant traités avec élégance. La production de Nuclear Blast donne à chaque morceau l’espace pour respirer, permettant aux couches complexes de gothic metal, d’influences folk et d’éléments symphoniques de s’épanouir. Cet album positionne définitivement Blackbriar comme l’un des groupes les plus convaincants du genre gothic metal, réussissant à rendre leur niche accessible sans perdre leur intégrité artistique. (Anton Dupont) (8/10) (Nuclear Blast)

Reinforcer – Ice And Death

“Ice And Death” est le deuxième album de Reinforcer ; ces Allemands font du power metal mélodique. Les paroles historiques traitent entre autres de la peste, de la persécution des sorcières et du joueur de flûte de Hamelin. Logan Lexi chante les paroles magnifiquement et puissamment. Plusieurs phrases sont empilées de manière accrocheuse, cela invite à chanter/hurler en chœur. Les deux guitaristes font entendre un jeu de guitare formidable, la basse est agréablement présente. Régulièrement les cordes sonnent agréablement lourd. Le jeu de batterie est accrocheur, mais les peaux de tambour semblent assez tendues. “Ice And Death” traite de la légende nordique d’Ymir, ce géant né de la glace et du chaos. La différence entre les neuf numéros n’est pas très grande, mais chaque chanson a largement suffisamment de changements de tempo et de volume. Parfois il y a un court morceau légèrement orienté classique qui est tissé dedans. La touche d’échantillonnage dans plusieurs intros s’accorde à l’atmosphère et au texte, mais aurait pu aussi être présente pendant les chansons. Vocalement cet album entraînant tient debout, de plus l’équilibre entre rythme et mélodie est très bon. (Esther Kessel Tamerus) (8/10) (Scarlet Records)