L’aperçu des nouveaux albums : Jen Allen, Deftones et plus

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, encore moins pour les critiquer. Une critique par jour fait qu’il reste trop d’albums de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.

Jen Allen – Possibilities

Penser en possibilités, exploiter pleinement son potentiel. Tel est le thème de cet album de la pianiste de jazz américaine Jen Allen. L’album devait avant tout être le reflet de son développement personnel. Elle évoque les souvenirs de l’époque où elle grandissait, les années quatre-vingt, en reprenant deux de ses chansons pop préférées : « Ain’t Nobody » de Chaka Khan et « Sweet Love » d’Anita Baker. « Ain’t Nobody » est déjà sortie en single plus tôt cette année : un excellent choix, avec des rôles vedettes pour le batteur Jonathan Barber et le bassiste Matt Dwonszyk qui donnent au morceau un élan irrésistible. Un solo virtuose du guitariste Dan Liparini fait du morceau une belle interprétation originale. Les autres morceaux de « Possibilities » sont ses propres compositions. Dans celles-ci, Allen se révèle être une pianiste et compositrice particulièrement polyvalente, à l’aise dans les styles divers dont le jazz est riche : du swing aux morceaux plus soutenus et plus lents. Dans l’ouverture entraînante « No Returning », elle présente immédiatement sa carte de visite dans un dialogue captivant entre elle au Rhodes et Liparini à la guitare acoustique. Pourtant, ce sont surtout les voix, alternativement assurées par la vocaliste de jazz très demandée Leala Cyr et la chanteuse soul Alejandra Sofia, qui élèvent l’album vers de plus grands sommets. Les compositions propres d’Allen présentent sans exception des lignes vocales techniquement très exigeantes, particulièrement dans les pièces plus lentes comme « Red Oak » et la perle absolue de l’album « Dissolve ». Et comme le son d’un tel Rhodes est incroyablement délicieux. Le potentiel a-t-il été pleinement exploité ? Nous pensons qu’il y en a encore plus dans le tonneau. (Jeroen Mulder) (8/10) (Truth Revolution Records)

Jana Jindra – Home

Une ambassadrice des mers et vraie sirène, c’est ainsi qu’est décrite Jana Jindra. Eh bien, les histoires racontent que les sirènes attiraient les capitaines sur les rochers avec leur chant. Ils ne pouvaient résister à la tentation et allaient voir ce qu’était ce son, pour ensuite rentrer bredouilles. C’est ainsi que ressent aussi la « mermaid pop » sur « Home ». Cela ne donne pas du tout l’impression de rentrer chez soi. Particulièrement au début du disque et sur l’ouverture « Blue », cela ne sonne pas agréablement aux oreilles. Maintenant, c’est progressivement un peu plus digeste avec « The Coach » qui ressemble à une chanson cohérente. Bien qu’ici aussi, on remarque que les voix ne sont pas très fortes, notamment dans les aigus. Les effets aquatiques à travers les morceaux sont plutôt sympathiques. Non, je pense que nous pouvons affirmer avec certitude que si Jana Jindra était sur les rochers en train de chanter son nouvel album pour attirer les marins, ils resteraient justement loin des rochers. Ce n’est pas Ariel. (Rik Moors) (4/10) (Production propre)

Kathleen Edwards – Billionaire

Quatre ans après l’impressionnant « Total Freedom », Kathleen Edwards revient avec « Billionaire », un album qui ressemble à une redécouverte complète de ses racines rock. Produit par Jason Isbell et Gena Johnson, Edwards se montre plus sûre d’elle que jamais, avec des morceaux qui semblent à la fois plus grands et plus personnels. Là où « Total Freedom » concernait l’ouverture de la porte après une pause de près de dix ans, « Billionaire » consiste à la franchir complètement, guitare en main et prête pour ce qui va arriver. L’album conserve l’intimité et l’honnêteté caractéristiques d’Edwards, mais y ajoute une nouvelle couche d’énergie rock qui rappelle son travail précoce. Les chansons ressemblent à des conversations, où même les plus petits détails portent un poids émotionnel. Edwards refuse toujours de poncer les arêtes vives, ce qui résulte en des compositions authentiques qui sont à la fois vulnérables et puissantes. Ce n’est pas une réinvention ou un retrait, mais une réorientation d’une artiste qui sait exactement où elle se trouve. (Anton Dupont) (8/10) (Dualtone Records)

Earl Sweatshirt – Live Laugh Love

Earl Sweatshirt surprend avec son sixième album studio « Live Laugh Love », un projet au titre ironique qui pousse plus loin son approche expérimentale. L’album ne dure que 24 minutes réparties sur 11 pistes, la plupart des morceaux dépassant à peine la barre d’une minute. Cette brièveté crée une exposition intense au style lyrique unique d’Earl et à son approche de production en peu de temps. L’album contient des contributions d’une liste impressionnante d’invités, notamment Donald Glover, Vince Staples, The Alchemist, Bktherula, Navy Blue et même Dave Chappelle. La production combine des beats expérimentaux avec des tournants lyriques imprévisibles, Earl confirmant davantage sa réputation comme l’un des artistes les plus créatifs de sa génération. L’extrait jazzy qui a été partagé avant la sortie donne un avant-goût des directions inattendues que prend l’album. Comme dans ses travaux antérieurs, Earl montre qu’il peut naviguer sans effort entre les moments introspectifs et les expériences lyriques abstraites. (William Brown) (7/10) (Tan Cressida/Warner Records)

Deftones – Private Music

Après le succès d’« Ohms » de 2020, Deftones revient avec un projet étonnamment intime qui justifie plus que le titre « Private Music ». L’album montre un côté différent du groupe de metal de Sacramento, alors qu’ils mélangent leur son heavy caractéristique avec des éléments plus expérimentaux et personnels. Les voix de Chino Moreno flottent entre murmures et explosions, tandis que le groupe explore comment ils peuvent combiner leur mur de son avec des passages plus atmosphériques. La production met l’accent sur la dynamique entre fort et doux, chaos et sérénité, qui a toujours été une caractéristique centrale du meilleur travail de Deftones. Les chansons se déplacent à travers différents paysages émotionnels, des passages méditatifs aux climax explosifs que les fans reconnaîtront. L’album ressemble simultanément à un retour à leurs racines et à un aperçu de territoire inexploré. Le travail de guitare de Stephen Carpenter reste inventif, tandis qu’Abe Cunningham et Sergio Vega forment une section rythmique solide mais flexible qui laisse de la place aux expériences vocales de Moreno. (Norman van den Wildenberg) (8/10) (Reprise Records)