L’aperçu des nouveaux albums : Fat Joe, Brittany Howard et plus

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, et encore moins pour les critiquer. Une critique par jour signifie que trop d’albums restent de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.

Örnatorpet – Fordomdags

Cet album n’est pas fait pour tout le monde. Plus encore, la musique de ‘Fordomdags’ (traduction libre : ‘autrefois’) ne convient qu’aux amateurs de Dungeon Synth. Les neuf morceaux instrumentaux portent tous des titres scandinaves et sont basés sur des synthétiseurs, soutenus par des éléments ambient et folk. Örnatorpet est un projet solo fondé en 2018 à Borås, en Suède. Les morceaux de ‘Fordomdags’ sont décrits dans le dossier de presse fourni par la maison de disques comme des bandes sonores de films fantastiques ou de jeux vidéo, inspirés par le folklore et la nature scandinaves. J’ai eu du mal à écouter l’album jusqu’au bout, qui dure plus de trois quarts d’heure. 99% des lecteurs peuvent passer cet album. Si vous aimez le Dungeon Synth, alors ‘Fordomdags’ est un album pour vous et vous pouvez ajouter 5 points au score final. (Ad Keepers)(3/10) (Nordvis)

Fujii, Tamura and López, Yama Kawa Umi – Yama Kawa Umi

Le trio Satoko Fujii, Natsuki Tamura et Ramón López prouve avec ‘Yama Kawa Umi’ que leur interaction n’a fait que s’approfondir et s’enrichir. Cet album, enregistré à Paris en 2023, démontre la chimie unique entre trois musiciens qui se complètent parfaitement. Le jeu de piano inventif de Fujii, les sonorités polyvalentes de la trompette de Tamura et la batterie sensible et mélodique de López créent ensemble un voyage captivant à travers des paysages musicaux inattendus. Dès les notes d’ouverture agressives de Tamura sur ‘Headwaters’, le trio surprend avec une explosion sonore puissante, suivie de passages contenus qui forment un contraste fascinant. Le morceau-titre est un point culminant, avec le solo de piano introverti de Fujii qui se fond parfaitement dans une improvisation collective où chaque note trouve sa place. López brille dans ‘Dusk Sky’ avec un jeu de batterie subtil et mélodique, tandis que ‘Sparkling Water’ de Tamura offre un mélange ludique d’abstraction et de mélodies expressives. L’équilibre entre individualité et jeu collectif est beau à observer. Chaque membre du trio a l’espace pour briller, sans que la cohésion ne soit perdue. Les compositions sont fraîches, audacieuses et parfois émouvantes, tandis que les improvisations témoignent d’une profonde appréciation mutuelle. ‘Yama Kawa Umi’ est un incontournable pour les amateurs de jazz moderne et d’improvisation libre. L’album respire l’innovation et incarne l’essence pure de la collaboration musicale. (William Brown) (7/10) (Not Two Records)

Brittany Howard – Live From Austin City Limits

Avec ‘Live From Austin City Limits’, Brittany Howard, connue comme la chanteuse d’Alabama Shakes, lance sa voix comme un lasso d’or autour de l’auditeur. Dès le morceau d’ouverture ‘I Don’t’, c’est évident : voici une artiste qui défie les frontières des genres et les fait fusionner dans un son qui lui est entièrement propre. Libérée de son groupe, le travail solo de Howard offre à sa voix l’espace pour briller comme jamais auparavant. Soul, rock, pop et blues se fondent parfaitement en un ensemble hypnotique, porté par la puissance irrésistible de sa voix. Des morceaux comme ‘Another Day’ mettent en valeur la polyvalence de Howard et sa capacité à transmettre une émotion pure. Cet album live capture l’essence de l’art de Howard : brut, sincère et plein de dévouement. C’est une invitation à voyager dans son univers musical, où les histoires personnelles et les thèmes universels se rejoignent dans un son à la fois familier et novateur. Pour les amateurs de musique soul, ‘Live From Austin City Limits’ est un incontournable – un album qui vous touche et ne vous lâche plus. Avec cet album, Brittany Howard, la voix qui a donné son son distinctif à Alabama Shakes, prouve qu’elle est aussi en solo l’une des artistes les plus intrigantes et authentiques de sa génération. (Jan Vranken)(8/10)(UMG)

Kelsey Lu – Earth Mama (Bande Originale)

En tant que compositrice connue pour entrelacer des éléments classiques avec des textures électroniques, Kelsey Lu semblait le choix idéal pour la bande sonore du drame intime d’initiation ‘Earth Mama’. Malheureusement, cette traduction sonique de l’histoire reste coincée dans des esquisses fragmentaires qui ne réalisent jamais pleinement leur potentiel. Alors que le travail précédent de Lu – du minimaliste ‘Church’ au plus riche ‘Blood’ – témoignait d’une capacité à réunir différents mondes musicaux, cette bande sonore manque de la cohérence nécessaire. Les paysages sonores et les drones, bien qu’atmosphériques, restent trop superficiels pour vraiment toucher. Même dans le vaste ‘Yours’, il manque la construction que nous connaissons des compositions plus structurées de Lu. Il est douloureux de voir comment le talent de Lu pour créer des paysages sonores immersifs ne s’exprime pas ici. Sans le contexte visuel du film, nous restons avec une collection de pensées musicales inachevées qui, malgré leur caractère ambiant, ne parviennent pas à résonner. Un tournant décevant pour une artiste qui nous avait auparavant enchantés avec des compositions stratifiées et significatives. (Anton Dupont)(4/10)(A24 Music)

Fat Joe – The World Changed On Me

Pour quelqu’un qui aime se présenter comme la première superstar latino dans le monde du rap, Fat Joe livre avec ‘The World Changed On Me’ un album d’une faiblesse presque comique. L’ouverture avec une mélodie enfantine donne immédiatement le ton – et pas de la bonne manière. C’est comme si vous vous étiez retrouvé par accident dans une classe maternelle où quelqu’un a mis la mauvaise bande. La production, qui formait autrefois le fondement de hits comme ‘Lean Back’ et ‘What’s Luv?’, sonne maintenant aussi maigre qu’un repas Weight Watchers. Les collaborations – notamment avec un Dre qui n’a rien à voir avec le légendaire producteur – sont aussi inspirantes qu’un réfrigérateur vide. ‘Mini Birki’ et ‘Us’ (incluant un sample mal placé de Chris Rock) tentent de dégager une crédibilité de rue, mais ne dépassent pas le niveau d’une soirée karaoké rap dans une maison de quartier déserte. Pour un vétéran qui dominait autrefois les charts avec Terror Squad, cet album est un rappel douloureux que tous les vieux guerriers ne peuvent pas maintenir leur gloire. Le monde a peut-être changé pour Fat Joe, mais il aurait peut-être mieux fait de s’en tenir à son annonce précédente de passer plus de temps avec sa fille. (Elodie Renard) (2/10)(RNG/Empire)