L’aperçu des nouveaux albums : Ce Noir, Calum Hood et plus

Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, et encore moins pour les critiquer. Une critique par jour fait que trop d’albums restent de côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.

Alcàntara – Tamam Shud

Alcàntara est un groupe de rock progressif/psychédélique d’Italie. Le titre d’album persan ‘Tamam Shud’ signifie en persan : c’est fini. Les paroles sont chantées à la fois en anglais et en italien. Avec pas moins de trois guitaristes, on entend beaucoup de beau jeu de guitare. Par moments, la basse ressort également clairement. Le travail de batterie est partout en équilibre avec la musique. Trois des six morceaux contiennent du jeu de clavier/orgue. Le jeu de violon dans ‘Wodwo/Vertigo’ (le dernier morceau) forme une unité avec l’ensemble. Il y a de magnifiques parties minimalistes et/ou psychédéliques tissées dans les morceaux. De temps en temps, on entend les doigts glisser sur les cordes d’une guitare. Dans quelques morceaux, des sons échantillonnés ont été ajoutés, ceux-ci sont assez doux par rapport à la musique. La transition de l’échantillonnage vers la musique ne se déroule pas partout naturellement. De plus, les couches et détails dans la musique sont bien équilibrés et en outre bien répartis sur le casque. De temps en temps, le chant est empilé, cela a été fait avec soin. La plupart des changements de tempo et de volume se déroulent assez graduellement. ‘Tamam Shud’ est un album avec un flux agréable et assez calme. (Esther Kessel-Tamerus) (7/10) (Production indépendante)

Calum Hood – ORDER chaos ORDER

Calum Hood a toujours vécu un peu dans l’ombre de ses camarades de groupe de 5 Seconds Of Summer, mais avec ‘ORDER chaos ORDER’, il a enfin la chance de faire entendre qui il est vraiment. Et que découvre-t-on ? Ce bassiste silencieux a beaucoup plus à raconter qu’on ne s’y attendrait. L’album commence directement avec honnêteté avec ‘Don’t Forget You Love Me’, où Hood chante ses moments les plus sombres tandis que des guitares joyeuses dansent autour. Cela sonne contradictoire, mais fonctionne parfaitement. ‘Call Me When You Know Better’ joue aussi avec ces contrastes ; des synthés semblables à des jeux vidéo sous des paroles sur une relation compliquée. Mais Hood brille vraiment quand il prend le temps pour ses histoires. ‘Sunsetter’ surprend avec des influences shoegaze qu’on ne voyait pas venir, tandis que ‘All My Affection’ est si tendre qu’on oublie presque que c’est le même homme qui jouait autrefois ‘She Looks So Perfect’ devant des stades complets. À travers les dix morceaux, on découvre un artiste qui n’a pas peur d’être vulnérable. ‘ORDER chaos ORDER’ donne l’impression du journal intime que Hood ose enfin partager. Parfois désordonné, mais toujours sincère et étonnamment mature. Un beau début en solo. (William Brown) (7/10) (EMI)

Karol G – Tropicoqueta

Après sa victoire historique aux Grammy et son hit numéro 1 sur le Billboard 200, Karol G montre avec ‘Tropicoqueta’ qu’elle est plus que du reggaeton uniquement. Ce cinquième album studio est une lettre d’amour à l’Amérique latine, avec 20 morceaux qui explorent différents styles musicaux. Du vallenato colombien au merengue dominicain et au mambo cubain – Karol G se déplace sans effort à travers tous les genres. Il est particulièrement remarquable que 90% de l’album ait été enregistré avec de vrais instruments, ce qui produit un son chaud et organique. Le producteur Edgar Barrera et même Pharrell Williams l’aident à faire ce voyage musical. Les points forts sont ‘Si Antes Te Hubiera Conocido’, un merengue qui est resté 30 semaines au numéro 1, et ‘Ivonny Bonita’ produit par Pharrell. ‘Verano Rosa’, sa collaboration avec l’ami Feid, montre son côté doux. Avec des morceaux comme ‘Latina Foreva’, elle honore aussi ses racines reggaeton. L’album est peut-être un peu long avec ses 58 minutes, et les 20 morceaux ne sont pas tous aussi forts. Mais ‘Tropicoqueta’ prouve que Karol G a évolué de reine du reggaeton à ambassadrice mondiale de la musique latine. Un successeur réussi qui combine authenticité culturelle avec production moderne. (Jan Vranken) (8/10) (Bichota Records)

Van Morrison – Remembering Now

Après deux albums de reprises, Van Morrison revient avec du matériel original sur ‘Remembering Now’, un disque qui contient tous les ingrédients familiers de Morrison sans surprises. Le troubadour irlandais de 78 ans fait ce qu’il fait de mieux : fusionner soul, jazz et folk en son son mystique caractéristique. L’ouverture ‘Down To Joy’ – déjà entendue dans ‘Belfast’ de Kenneth Branagh – donne immédiatement le ton avec son arrangement de big band gospel. C’est du Morrison classique : spirituel, édifiant et porté par cette voix inimitable. ‘Haven’t Lost My Sense Of Wonder’ montre son côté ludique, tandis que ‘Once In A Lifetime Feelings’ touche la corde romantique que nous connaissons de ‘Someone Like You’. Son groupe fixe depuis 2019 – Richard Dunn, Stuart McIlroy, Pete Hurley et Colin Griffin – assure le groove familier, complété par les cordes de Fiachra Trench. Les contributions d’invités de Don Black et Seth Lakeman ajoutent de la couleur sans perturber l’esthétique Morrison. ‘Remembering Now’ marque un retour bienvenu au cœur spirituel de Morrison après des années d’escapades politiques. L’album a ses moments faibles – quelques morceaux donnent l’impression de remplissage et la durée de 63 minutes aurait pu être raccourcie. Pourtant, les points forts prédominent, surtout dans la seconde moitié où Morrison retrouve sa magie intemporelle. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est Morrison à son meilleur depuis des années. Un album qui honore son héritage sans être révolutionnaire. (Anton Dupont) (7/10) (Exile)

Che Noir – The Color Chocolate 2

Avec ‘The Color Chocolate 2’, Che Noir de Buffalo fait entendre pourquoi elle est une des voix les plus intéressantes du hip-hop underground. Cette EP de huit morceaux est une amélioration claire par rapport à la première partie, surtout au niveau de la production et de la cohérence. L’album respire l’esprit du rap East Coast des années quatre-vingt-dix, avec beaucoup de beats boom bap que Che Noir a largement produits elle-même. Cela montre sa polyvalence à la fois comme rappeuse et productrice. La collaboration avec eLZhi sur ‘Who’s the Greatest?’ et Evidence sur ‘Blink Twice’ sont des points forts absolus qui donnent une profondeur supplémentaire à l’album. Lyriquement, Che Noir reste fidèle à ses histoires puissantes sur la vie comme jeune femme noire en Amérique. Des thèmes comme l’excellence noire et les récits de rue authentiques obtiennent une place proéminente, sans jamais sonner forcé. Des morceaux comme ‘Buy vs. Sell’ montrent parfaitement ses qualités de conteuse. ‘The Color Chocolate 2’ est une vitrine solide de croissance artistique. Pour les amateurs de vrai hip-hop underground, c’est une recommandation qui montre que Che Noir mérite plus que sa place dans le genre. (Elodie Renard) (8/10) (Poetic Movement Inc)