Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent à la rédaction de Maxazine. Beaucoup trop pour tous les écouter, et encore moins pour les critiquer. Une seule critique par jour signifie que trop d’albums restent sur le côté. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent à la rédaction sous forme de critiques courtes.
Allison Philips – Make It Better
Chaque génération souhaite que la suivante ait une meilleure vie, fasse mieux. Ce ne fut certainement pas différent dans le cas d’Allison Philips. Les femmes sur la pochette de “Make It Better” sont la grand-mère et les tantes décédées de la jeune trompettiste qui immortalise ses souvenirs de ces femmes à travers huit compositions. Mais ce sont plus que des souvenirs : dans ces morceaux, nous entendons la connexion avec les femmes qui l’ont façonnée et ainsi l’évolution dans le jeu de Philips. Le son de Philips est chaleureux, souple, mais également dynamique et puissant : chaque note, chaque attaque compte. La plupart des morceaux de “Make It Better” ont été écrits par Philips pendant la pandémie. Parfois, on entend la solitude de cette période, comme dans “Interlude” où nous n’entendons que sa trompette. C’est un moment magnifique, silencieux et magique de l’album ; un de ces moments dont on voudrait en avoir plus car ici la technique est subordonnée à l’émotion, à l’histoire qui doit être racontée. Que Philips possède une excellente technique n’est pas surprenant : elle a affiné son jeu pendant sa formation au Conservatoire d’Amsterdam et à la New School for Jazz and Contemporary Music. Nous retrouvons cette technique dans des dialogues rapides et tourbillonnants entre elle et le saxophone ténor de Neta Raanan, par exemple dans l’ouverture “Welcome Back Daisy”. Grand-mère et tantes auraient été fières, nous en sommes certains. (8/10)(Jeroen Mulder)(Dox Records)
Ominous Ruin – Requiem
Ominous Ruin est un groupe de death metal technique originaire des États-Unis, fondé en 2010. Jusqu’à la sortie de “Amidst Voices That Echo In Stone” en 2021, la carrière d’Ominous Ruin n’avançait guère. Ce n’est pas que le groupe soit resté inactif entre 2010 et 2021. Ils ont sorti plusieurs démos et un EP intitulé “Exiled”, mais cela n’a pas abouti aux résultats escomptés. Quatre ans plus tard, Ominous Ruin revient avec “Requiem”. Le plus grand changement est la chanteuse Crystal Rose qui remplace Adam Rosado, qui a quitté Ominous Ruin l’année dernière. Crystal Rose est une révélation. Elle possède un grunt qui ferait jalouser de nombreux collègues masculins. Absolument de première classe ! Sur “Requiem”, Ominous Ruin nous offre sept morceaux complets et deux intermèdes musicaux. Sur “Bane Of Syzygial Triality”, les guitaristes montrent qu’ils peuvent aussi manier la guitare acoustique avec brio. Les fans de death metal technique avec parfois une touche de black metal ont un excellent album de plus. (Ad Keepers) (8/10) (Willow Tip Records)
Giant – Stand and Deliver
Après douze ans d’attente entre “Shifting Time” (2022) et leur album précédent, le groupe de rock mélodique Giant n’a pas tardé à sortir un successeur. “Stand and Deliver”, qui sort le 16 mai 2025, prouve que le groupe, depuis son retour chez Frontiers Records, continue comme si aucune pause n’avait jamais eu lieu. Le nouvel album sonne comme si le temps s’était littéralement arrêté. La mise à jour réside davantage dans la production, qui est vraiment impeccable, que dans une quelconque évolution ou innovation musicale. Mais est-ce grave ? Pas du tout ! Si vous aimez ce style de rock AOR, c’est un album plus que correct avec un très bon travail de guitare, comme on en entendait beaucoup dans les années 80 du siècle dernier. Il n’y a pas de mauvais morceaux sur cet album. “Beggar’s Can’t Be Choosers”, l’un des morceaux les plus puissants, deviendra sans doute un favori en live. Les voix sonnent familières et puissantes, tandis que les rythmes et les mélodies offrent exactement ce que les fans du groupe attendent. Giant reste fidèle à ses racines et délivre avec “Stand and Deliver” un album rock solide qui s’inscrit parfaitement dans la lignée de leurs travaux précédents. C’est un groupe que vous pourriez bien voir en live prochainement, et cela en vaut certainement la peine. Un 7 sur 10 mérité. (Anton Dupont)(7/10)(Frontiers)
Premazzi/Nasser Quartet – From What I Recall
La pianiste italienne Simona Premazzi et le saxophoniste américain Kyle Nasser se sont rencontrés il y a plus de dix ans à New York, où ils se produisent souvent ensemble sur scène. Ce n’est qu’en 2021 qu’ils décident de former un quartet, complété par le bassiste Noah Garabedian et le batteur Jay Sawyer. Ce “From What I Recall” est leur premier album. Le quatuor propose un jazz d’improvisation qui peut parfois sembler assez complexe ; parfois, les fondateurs de ce groupe semblent se perdre dans la passion du jeu, et cela vaut même pour Sawyer. Pourtant, le quartet réussit à garder les compositions accessibles, bien que cela soit particulièrement dû à la basse de Garabedian qui, malgré toutes les frivolités que Premazzi et Nasser s’autorisent, maintient les morceaux parfaitement sur les rails. Cette basse continue simplement imperturbablement et peut parfois revendiquer une place pour elle-même, par exemple dans “Back Seat”. Parmi les suggestions d’écoute figurent “Persistence of Change” qui commence par un solo de batterie avant que le thème ne soit introduit. Les improvisations dans ce morceau sont maîtrisées, ce qui est rafraîchissant. Il en va de même pour “Requiem for K.O.” : un morceau délicieux où le saxophone introduit subtilement l’un des plus beaux solos de basse jamais enregistrés. (Jeroen Mulder)(8/10)(OA2 Records)
Billy Nomates – Metalhorse
Sur son troisième album studio “Metalhorse”, Billy Nomates (alias Victoria Ann Maries) confirme pourquoi elle est l’une des voix les plus rafraîchissantes dans le monde musical contemporain. Cette nouvelle œuvre explore des thèmes comme la perte et l’incertitude avec une diversité musicale impressionnante et une certaine audace. Le morceau-titre ouvre l’album avec un arrangement fascinant où un orgue livre une bataille musicale avec des percussions, tandis que l’outro vous emmène dans une station balnéaire comme Brighton où la musique de piano flotte dans l’air. Particulièrement envoûtant ! Dans “Nothin Worth Winnin”, on entend clairement l’influence de Sleaford Mods, ce qui est certainement un atout compte tenu de leur collaboration antérieure. Sur “The Test”, Billy sonne soudain comme une Chrissy Hynde stylisée, Nomates peut donc vraiment aller dans toutes les directions. L’album combine des éléments de synth-pop, punk, blues et folk d’une manière à la fois accessible et stimulante. Avec onze titres et une durée de 36 minutes, “Metalhorse” offre un voyage musical qui ne s’ennuie jamais. Avec “Metalhorse”, Billy Nomates livre un album qui rend certainement les auditeurs curieux de ses performances live. Une œuvre polyvalente qui témoigne d’une croissance artistique et d’audace. (Jan Vranken)(8/10)(Invada Records UK)