Chaque semaine, des dizaines de nouveaux albums arrivent dans la rédaction de Maxazine. Bien trop pour tous les écouter, et encore moins pour les critiquer. Une critique par jour fait que trop d’albums restent sur l’étagère. Et c’est dommage. C’est pourquoi nous publions aujourd’hui un aperçu des albums qui arrivent dans la rédaction sous forme de critiques courtes.
Yarni – Anemoia
Parfois, on reçoit un album à chroniquer qu’il est impossible de classer dans un genre spécifique. Yarni, nom de scène du multi-instrumentiste anglais Benjamin Harris, livre avec “Anemoia” un album sur lequel pratiquement tous les styles du jazz et de la musique pop sont abordés, du disco au jazz et de la soul au hip-hop. L’ouverture “Neon Gods” est d’emblée un morceau bouleversant par son arrangement orchestral, mais avec un rythme funk irrésistible. C’est l’une des perles de l’album, notamment grâce à une multitude de musiciens invités. La chanteuse Scarlett Fae apporte sa contribution vocale à “Sunrise Sunset” et “S.W.A.L.K.” Un choix en or, car ce sont précisément ces voix qui donnent aux morceaux une délicieuse ambiance décontractée, comparable à l’ajout d’Oleta Adams à ‘Woman in Chains’ de Tears for Fears : c’est la voix qui donne à la chanson sa véritable âme. Nous ne nous demandons alors plus depuis longtemps s’il s’agit de jazz ou de pop. Au contraire, nous nous laissons surprendre par chaque morceau et ne sommes déçus nulle part. Chaque chanson ressemble à un cadeau avec l’envie irrépressible de déchirer le papier d’emballage pour découvrir le prochain trésor. De “Silent City” avec le solo de trompette de James Atashroo, nous passons en hip et trip-hop à “Natural Light” (avec des contributions de Franz Von et Jeff Darko) et “The Romantic Ghost” (avec les voix de Plumm), pour terminer avec l’afrobeat final dans “Nino”. En Angleterre, Yarni est déjà prêt pour la radio. Quelle station néerlandaise reprendra cela ? (Jeroen Mulder) (8/10) (Yarni)
AFI – Silver Bleeds the Black Sun
Douze albums après le début de leur carrière, les vétérans d’AFI s’aventurent sur “Silver Bleeds the Black Sun” dans un retour complet aux racines du rock gothique. Après des années où le groupe a flirté avec le post-punk sur “Bodies” et la new wave sur “The Blood Album”, Davey Havok et ses acolytes plongent maintenant profondément dans le son gothique pur des années quatre-vingt. L’ouverture “The Bird of Prey” donne immédiatement le ton avec des batteries grandioses et des guitares acoustiques à douze cordes qui rappellent The Mission et The Cult. Havok évoque sur “Behind the Clock” l’intensité vampirique du chanteur de Bauhaus Peter Murphy, tandis que “Holy Visions” sonne aussi grandiloquent que Sisters of Mercy à leur apogée commerciale. Le groupe n’a cependant pas complètement abandonné le post-punk de leur travail récent. “Ash Speck in a Green Eye” est plein de lignes de synthé et de basse dubby, et des morceaux comme “Voidward” et “I Bend Back” mélangent des synthés glacés avec des lignes de guitare qui rappellent The Cure. La finale “Nooneunderground” est un clin d’œil à leurs racines punk rock et constitue une conclusion surprenante. Avec cet album, AFI livre peut-être leur meilleur disque depuis plus de dix ans. (Anton Dupont) (8/10) (Rise Records)
Ledisi – For Dinah
Avec “For Dinah”, la lauréate d’un Grammy Ledisi rend un hommage affectueux à la légendaire Dinah Washington, l’une des chanteuses de jazz les plus influentes de l’histoire. L’album a été produit par le sommité du jazz Christian McBride et le collaborateur régulier de Ledisi Rex Rideout et contient huit morceaux qui honorent l’héritage de Washington. Ledisi explique que Washington lui a donné la liberté de créer et d’être une leader féminine dans la musique. Le single principal “This Bitter Earth” est une réinterprétation du succès de Washington de 1960 et Ledisi ressent la douleur et le rejet contenus dans la chanson. L’album comprend également un duo avec Gregory Porter et des performances du guitariste Paul Jackson Jr et de l’étoile montante Michael King. Pour Ledisi, c’est plus qu’un salut musical, c’est une lettre de remerciement d’une femme noire puissante à une autre. La chaleur et le respect avec lesquels Ledisi aborde ces chansons en font un album de jazz essentiel qui remet le nom de Washington sous les projecteurs où il doit être. (Elodie Renard) (8/10) (Verve Records)
Say She She – Cut & Rewind
Le trio disco Say She She revient avec leur troisième album “Cut & Rewind”, un disque qui capture les années passées en tournée et en studio. Piya Malik, Nya Gazelle Brown et Sabrina Mileo Cunningham le décrivent comme une ode aux femmes fortes qui continuent ce qu’elles font. Les douze morceaux irrésistiblement dansants sont pleins de clins d’œil à leurs muses musicales, avec une touche de devise de vie en plus. Le single “Disco Life” raconte l’histoire de la tristement célèbre Disco Demolition Night de 1979, “Under the Sun” a été inspiré par la grève des scénaristes d’Hollywood de 2023 et le pouvoir de l’action collective, et “She Who Dares” dépeint une dystopie dans laquelle les droits des femmes ont été détruits dans le monde entier. Malgré les messages urgents et politiquement chargés, la musique reste joyeuse et funky. Le trio prouve que la musique peut être à la fois un moyen de protestation et un baume dans les moments difficiles. “Cut & Rewind” est une fête avec un message, les dames prouvant que l’on peut aussi être révolutionnaire avec le sourire. (Norman van den Wildenberg) (7/10) (Karma Chief Records)
Khalid – After the Sun Goes Down
Après son coming-out en tant qu’homosexuel en novembre dernier, Khalid revient avec “After the Sun Goes Down”, son quatrième album studio qui sort le jour de son quarantième anniversaire. Le chanteur décrit ce chapitre comme la reprise de son pouvoir, vivre dans sa vérité et pouvoir s’exprimer librement. L’album explore des thèmes tels que l’amour, la découverte de soi, l’ouverture et une liberté rafraîchie. Les seize morceaux constituent la première sortie de Khalid depuis “Sincere” de 2024 et révèlent un artiste qui est à l’aise avec lui-même. Les singles “In Plain Sight” et “Out Of Body” donnent un avant-goût des nouveaux sons qu’il explore, avec un mélange de R&B, de soul et d’éléments électroniques. Khalid chante avec une confiance retrouvée sur la recherche de l’amour et de l’acceptation, tant des autres que de lui-même. C’est un album personnel qui montre que le chanteur a enfin trouvé l’espace pour être pleinement lui-même, sans excuses ni compromis. (Elodie Renard) (7/10) (RCA Records)