Parfois, vous tombez sur un album qui, dès la première écoute, vous fait penser : voilà exactement comment la musique pop devrait sonner. Le dernier opus d’Iain Hornal, « Return to the Magic Kingdom », est l’une de ces perles rares. Le musicien britannique, connu pour son travail avec Jeff Lynne’s ELO et 10cc, a créé un album qui évoque les jours glorieux de la pop intelligente, quand mélodie et savoir-faire allaient encore de pair.
Hornal est resté des années dans l’ombre en tant que musicien de session et membre de tournée, mais sur ce troisième album solo, il fait enfin entendre sa propre voix. Et quelle voix ! Il a bien appris les leçons de maîtres comme Graham Gouldman – avec qui il a d’ailleurs collaboré sur le magnifique « If It Were You » présent sur cet album. On entend dans chaque note que ce n’est pas un amateur à l’œuvre, mais quelqu’un qui connaît le métier sur le bout des doigts.
L’album s’ouvre puissamment avec « Little Bit More », un morceau qui donne immédiatement le ton. Le producteur Jo Webb a accompli ici un travail fantastique ; le son est plein et chaleureux, sans jamais devenir trop chargé. La voix d’Hornal glisse sans effort sur les mélodies, soutenue par des arrangements à la fois inventifs et accessibles.
Le point culminant de l’album est sans aucun doute « Love Your Enemies », un morceau qui sonne comme si les Beatles ne s’étaient jamais séparés et avaient continué d’évoluer ensemble. Les harmonies, les arrangements ludiques mais raffinés, la façon dont la chanson se déploie : elle a tout ce qu’un morceau de pop parfait doit avoir.
Êtes-vous amateur de Talk Talk ? Alors cet album est vraiment fait pour vous. Hornal maîtrise ce même art de créer de l’espace dans la musique, de laisser respirer les chansons. Le titre phare « Positive People » révèle un tout autre aspect du talent de compositeur d’Hornal. Avec son saxophone glam-rock et son groove contagieux, il raconte l’histoire d’un vendeur charismatique mais peu fiable. C’est intelligemment écrit, plein d’ironie mais jamais cynique. Voilà de la musique pop comme elle devrait être : accrocheuse mais pas superficielle, accessible mais pas stupide.
Ce qui rend cet album si particulier, c’est l’approche artisanale d’Hornal en matière de composition. Chaque morceau a son propre caractère, mais ensemble ils forment un tout cohérent. Il maîtrise l’art d’écrire des chansons que l’on peut immédiatement fredonner, mais qui révèlent de nouvelles couches à chaque écoute répétée. C’est vraiment du savoir-faire.
La production de Jo Webb mérite une mention particulière. Il a veillé à ce que chaque instrument ait sa place dans le mixage, sans que cela devienne jamais fouillis. La batterie frappe quand il le faut, les guitares brillent au bon moment, et les claviers complètent parfaitement là où c’est nécessaire. Voilà comment on produit un album de pop.
« Return to the Magic Kingdom » est le genre d’album qui améliore votre journée. Il est optimiste sans être naïf, sophistiqué sans devenir prétentieux. Des chansons comme la conclusion « Over And Out » – une chanson de rupture joyeuse, comme seul un vrai compositeur sait en écrire – restent des jours entiers dans votre tête.
Hornal a prouvé qu’il y a encore de la place pour une musique pop intelligente et artisanale dans ce monde. Il fait entendre que mélodie, harmonie et savoir-faire forment encore la base de chansons formidables. Pour tous ceux qui se demandent où est passée la vraie musique pop : voici la réponse.
Cet album mérite une place dans la collection de tout amateur de pop. Il est intemporel et pourtant frais, familier et pourtant surprenant. Iain Hornal a ramené la magie, et nous devrions lui en être reconnaissants. (8/10) (Lojinx).