Quand Gary Maccagnone et Alex Goroshko ont décidé de former Big Sexy, ils ont créé quelque chose de véritablement inhabituel : un auteur américain devenu musicien travaillant avec un compositeur et producteur ukrainien. Leurs débuts, “River of Shame”, c’est le son de deux esprits musicaux très différents qui trouvent un terrain d’entente dans la narration et l’atmosphère.
L’album donne l’impression d’être assis dans un bar faiblement éclairé en écoutant quelqu’un raconter ses pires décisions. Maccagnone apporte son œil d’écrivain pour les détails à des chansons qui se lisent comme des nouvelles. En même temps, la production de Goroshko donne à chaque piste une qualité cinématographique qui vous entraîne plus profondément dans ces drames de petites villes américaines. C’est du rock indé avec un vrai poids derrière.
“Burning” lance les choses avec le genre d’énergie agitée qui parcourt tout le disque. On peut entendre Maccagnone lutter avec les démons de ses personnages tandis que Goroshko construit des paysages sonores autour d’eux. Le morceau-titre et “New Mexico Nights” fonctionnent mieux quand ce partenariat fonctionne—le chant de Maccagnone semble vécu plutôt que joué, et Goroshko sait exactement quand reculer et quand pousser vers l’avant.
“The Admiral’s Daughter” se distingue comme la déclaration la plus complète de l’album. C’est là que leur collaboration porte vraiment ses fruits : un groove qui doit autant au funk qu’au rock indé, soutenant des paroles qui touchent profond sans faire de l’esbroufe. C’est le genre de chanson qui donne envie de creuser dans le reste de leur catalogue. “Daddy’s Girl” et “Samantha’s Song” explorent un territoire similaire, explorant le dysfonctionnement familial avec le genre de spécificité qui vient de quelqu’un qui l’a réellement vécu.
Tout ne fonctionne pas parfaitement. “Swallow the Pain” essaie trop d’être profond et finit par sembler forcé, tandis que “The Disposable Man” ferme l’album sur une note étrangement non résolue. Ce ne sont pas de mauvaises chansons, exactement, mais elles donnent l’impression que le groupe cherche encore son son. La production de Goroshko est solide tout au long, bien qu’elle manque parfois du polish qui pourrait élever les bonnes chansons au rang de grandes chansons.
Ce qui rend “River of Shame” intéressant, ce n’est pas la perfection mais la personnalité. Maccagnone et Goroshko ont créé quelque chose qui ne ressemble pas tout à fait à autre chose—pas tout à fait Americana, pas tout à fait rock indé, mais quelque chose qui emprunte aux deux sans être limité par l’un ou l’autre. L’influence ukrainienne dans les arrangements de Goroshko donne à ces histoires très américaines une perspective inattendue, comme entendre des contes familiers racontés par quelqu’un de l’extérieur qui regarde vers l’intérieur.
C’est clairement un album de débuts. On peut entendre le groupe travailler à travers des idées, parfois avec succès, parfois non. Mais il y a assez de caractère ici pour suggérer que Big Sexy a quelque chose qui vaut la peine d’être dit et les compétences pour bien le dire. Les meilleurs moments de “River of Shame” donnent l’impression de découvertes—des chansons qui révèlent de nouveaux détails à chaque écoute. Pour quiconque s’intéresse à la musique qui prend la narration au sérieux, “River of Shame” offre une introduction prometteuse à un partenariat qui pourrait aller dans des endroits intéressants. Ce n’est pas un album parfait, mais c’est un album honnête, et cela compte pour quelque chose. (7/10) (Independent)