Beans & Fatback – Hold Fast

Par une journée grise de janvier, ça explose dans les enceintes comme une détonation : Beans & Fatback est de retour, et de quelle manière. Avec ‘Hold Fast’, la formation amsterdamoise livre un chef-d’œuvre qui illustre parfaitement comment devrait sonner le rock & roll brut en 2025. C’est comme si vous montiez dans une machine à remonter le temps qui vous catapulte directement dans le New York de 1977, avec l’odeur de la bière éventée et de la fumée de cigarette que l’on peut presque sentir à travers les enceintes.

Le leader Onno Smit et son compère Paul Willemsen n’ont visiblement pas chômé pendant leurs dix ans de silence discographique. En artisans musicaux, ils ont étudié, disséqué et reconstruit chaque aspect du garage rock et du post-punk de la fin des années 70. Le résultat est un album qui sonne comme un disque qu’on croyait perdu de l’âge d’or du CBGB, mais avec les valeurs de production d’aujourd’hui.

Le morceau d’ouverture ‘Black and Blue’ est un véritable knockout, un rocker suant et fumant qui fait pâlir Jon Spencer Blues Explosion. ‘Tight Ripped Jeans’ suit comme un clin d’œil à l’histoire du rock & roll, où l’esprit de Dr. Hook hante joyeusement les enceintes. Mais c’est sur des morceaux comme le soulful ‘Sweet Unknown’ que le groupe montre qu’ils ont plus dans leur arsenal que des power accords et de l’attitude.

L’inspiration que le groupe puise dans les photos de Joseph Rodriguez du New York usé d’antan se traduit parfaitement dans la musique. Comme ces images, ‘Hold Fast’ est brut et direct, mais aussi imprégné d’une mélancolie sous-jacente. Le titre éponyme en est l’exemple parfait : un beat entraînant qui vous emporte comme un taxi dans les rues nocturnes de Manhattan, tandis que le chant de Smit raconte l’importance de s’accrocher à ses rêves en des temps turbulents.

Ce qui rend cet album si spécial n’est pas tant qu’ils réinventent la roue – ce qu’ils ne font pas. C’est la passion authentique et le savoir-faire avec lesquels ils insufflent une nouvelle vie à ce son intemporel. C’est comme un boucher artisanal qui sait encore faire la saucisse à l’ancienne : on sent immédiatement la différence avec la variante du supermarché. Écoutez leur travail avec la chanteuse Michelle David & the Truetones, et vous entendrez la même attention aux détails, la volonté de comprendre et de maîtriser toute la musique qu’ils aiment tant.

La production, serrée mais non surpolie, laisse respirer tous les instruments. Les guitares tranchent, les batteries tonnent, et les voix sont exactement là où elles doivent être. ‘One Kiss’ et ‘What Makes a Man’, avec leurs chœurs en arrière-plan, montrent que ces messieurs ont fait leurs devoirs – ce n’est pas du cosplay de vieille musique, c’est l’article authentique.

Pour ceux qui n’écoutent cet album qu’à la maison : vous vous faites du tort. C’est de la musique qui doit prendre vie sur scène, où la sueur doit ruisseler des murs. La tournée des clubs annoncée aux Pays-Bas promet donc d’être explosive si l’on se fie à cet album.

‘Hold Fast’ mérite un solide 8 sur 10 – un album qui prouve que certains plats sont meilleurs quand ils sont préparés selon la recette de grand-mère. Beans & Fatback sert du rock & roll comme il se doit : brut, honnête et droit du cœur. Maintenant, espérons juste que nous n’aurons pas à attendre dix ans de plus pour le prochain album.