Aure dessine son propre univers musical avec l’EP “A Few Notes”

Paris, le Mexique, les Cévennes… une église romane et un cabinet d’architectes. Des ingrédients qui ont donné naissance au magnifique premier EP “A Few Notes”. Comme si la chanteuse Aure ne pouvait pas faire autrement, comme si c’était prédestiné. Avec l’EP “A Few Notes”, Aure esquisse son propre univers musical.

Aure a l’air fière, assise derrière son ordinateur portable dans son salon, quelque part à Paris. “L’EP est mon premier projet musical. C’est quelque chose que j’attendais depuis très longtemps. Ce sont mes propres chansons, ma propre musique. Et je l’ai fait à ma façon. Je suis donc très curieux de voir ce que les autres en pensent”. Les premières réactions sont très bonnes, et à juste titre”. Oui, c’est bien, n’est-ce pas ? Cela me fait vraiment quelque chose….”

L’EP s’ouvre sur la chanson “The Line”. Aure y chante, de sa voix chaude et légèrement sombre : “La vie n’est pas une ligne droite, et c’est très bien ainsi”. Une strophe qui s’applique certainement à elle-même et à sa carrière. “Je n’ai pas vraiment de formation musicale, je n’ai pas fait de conservatoire ou quoi que ce soit d’autre. Mais je viens d’une famille d’artistes. Ma mère, ma grand-mère et mon père étaient tous peintres. Mon père écrivait également des chansons. Quand j’étais petite, nous jouions souvent ensemble. C’est de lui que je tiens mon goût pour la musique”. Pourtant, Aure a choisi d’étudier l’architecture. C’est aussi une activité créative, mais tout à fait différente. “J’ai aussi mon propre cabinet d’architecture, avec de nombreux clients différents. Mais j’ai toujours continué à faire de la musique, pour moi. Parce que j’aimais ça, mais aussi parce que ça me faisait du bien. Je ressentais une sorte de besoin de m’exprimer à travers ma musique.”

Et ce besoin a semblé s’accentuer au fil du temps. “Je jouais déjà de la guitare, mais à 30 ans, j’ai commencé à prendre des cours de chant. Parce que je voulais faire plus avec ma musique. Et j’ai vite découvert que le chant me donnait beaucoup de liberté”. Une liberté dont elle avait justement besoin. “En tant qu’architecte, je suis également créative, mais toujours dans certaines limites : les exigences d’un client ou les possibilités offertes par un chantier. Pour moi, la musique n’a justement pas de limites. Il y a une liberté créative, dans laquelle je peux m’exprimer”. Aure explique avec enthousiasme et chaleur, avec un bel accent français. “J’aime les deux, la musique et l’architecture. Mais il est difficile de les combiner dans le temps. Pour l’instant, je me suis concentré sur la musique. Et je ne sais pas encore comment cela va continuer”.

Son berceau se trouve à plusieurs kilomètres au sud de Paris, dans les Cévennes. Une région à la nature belle et sauvage et aux petits villages feutrés. “Ma famille y vit encore. Dès que j’en ai le temps, je retourne un peu dans le sud. C’est merveilleusement paisible. Je peux y reprendre mon souffle. C’est aussi de cela que parle la chanson ‘Suddenly'”. Le lien est facile à faire, car les chansons de l’EP ont également été enregistrées dans ce cadre rural et tranquille. “Dans une église romane. Ce n’est pas que je voulais nécessairement faire cela dans ma région natale. C’est plutôt une coïncidence. Je ne voulais pas de studio. Je voulais une acoustique particulière. Quelque chose d’organique, qui ne soit pas ajouté par des gadgets techniques. C’est peut-être aussi à cause de mon travail, mais un lieu, un bâtiment, est très important pour moi. Je voulais retrouver le son de l’église dans les chansons.

Le mérite en revient également à Patrick Jauneaud. “C’est un ingénieur du son de la région. Je lui ai dit comment je voulais enregistrer mes chansons : le plus naturellement possible, avec une bonne acoustique. “Pourquoi ne pas le faire dans la petite église devant la maison de tes parents ? Je te donnerai tout le matériel nécessaire et je te montrerai comment ça marche”. Et la paroisse m’a donné la clé pour quelques jours.” Patrick avait bien anticipé. “Oui, il a très bien senti que j’avais besoin de toute cette tranquillité et de cet espace… Pour enregistrer mes chansons moi-même, sans que personne ne regarde par-dessus mon épaule. J’ai fini par enregistrer toutes les chansons en direct, avec ma voix et ma guitare. En même temps, pour que ça sonne le plus naturel possible.” Avant de rentrer à Paris avec les bandes. “J’ai poursuivi les enregistrements avec Ambroise Willaume. Il est également connu sous son nom de musicien Sage, mais je le connaissais déjà de par mes études d’architecture. Nous avons ajouté quelques bruits subtils, mais nous voulions en même temps que cela reste aussi naturel que possible.”

Paris, les Cévennes… Mais ce ne sont pas tous les lieux qui définissent la musique d’Aure, pour l’EP ‘A Few Notes’. Pour cela, il faut traverser l’océan, jusqu’au Mexique… “J’y ai vécu quelques années. J’y ai aussi de la famille. C’est là, au Mexique, que j’ai vraiment commencé à réaliser mon rêve. C’était il y a environ trois ans. À Paris, j’étais toujours très occupée par mes travaux d’architecture, les délais, etc. Au Mexique, j’ai arrêté de prendre de nouveaux clients pendant quelques mois. Je me suis dit : “Si je veux encore faire quelque chose de musical dans ma vie, c’est maintenant ou jamais…” C’est ce que j’ai ressenti. C’est là que j’ai commencé à écrire des chansons, dont certaines figurent aujourd’hui sur l’EP. Pas tout à fait, mais c’est au Mexique qu’ont été plantées les graines que j’ai continué à faire pousser et fleurir en France”.

L’état d’esprit d’Aure a commencé à changer très progressivement, mais aussi très clairement. “Oui, je l’ai vu se produire sous mes yeux. Au début, je voulais juste écrire des chansons, plus pour moi. Une fois qu’elles étaient là, j’ai voulu commencer à les enregistrer. Ce n’est qu’ensuite que j’ai envisagé de les sortir. Et aussi de les jouer en concert, bien sûr. J’aime partager mes chansons avec les gens. C’est ce que j’aime. Lorsque vous avez conçu un bâtiment, il y a une inauguration, parfois accompagnée d’une fête. Le bâtiment est terminé, il va vivre à travers les habitants, les utilisateurs, pendant peut être encore longtemps, d’ailleurs, mais vous n’y participez plus personnellement. Avec la musique, vous pouvez exprimer vos chansons encore et encore pour le public il y a quelque chose du partage dans l’instant présent qui est très fort”.

Les chansons de l’EP sont très personnelles. Les chansons de l’EP sont très personnelles : “Elles sont peut-être aussi un peu tristes. Mais à côté de cela, elles sont aussi porteuses d’espoir. Que tout n’est pas forcément parfait. C’est la dualité de la vie : tout ne se passe pas comme on l’avait prévu. Mais ce n’est pas grave non plus. Il est possible d’innover. Comme l’explique “The Line”. Ou dans “Dans La Plaine”, qui traite des relations. Là aussi, les choses vont parfois mieux et parfois moins bien, presque simultanément. On ne sait pas comment les choses vont continuer. Et cela fait aussi partie de la vie. Tout n’est pas noir ou blanc”.

L’EP “A Few Notes” comprend finalement six chansons : quatre en anglais, une en espagnol et une dans sa langue maternelle, le français. Cette variation a été choisie délibérément. “Chaque langue a sa propre musicalité. Je les utilise comme une sorte d’instrument supplémentaire. En changeant de langue, vous obtenez également une sensation différente, ou vous vous imaginez dans un environnement différent. C’est le pouvoir de la langue. Il n’a pas seulement un sens, mais aussi un son. Et parfois, le même texte sonne mieux en français, en espagnol ou en anglais. Todo Lo Que Busco” parle aussi de cela. J’y incarne une Française et je chante : “Je ne trouve pas les bons mots en français, comment vous le dire autrement ?”. Et ce n’est pas seulement que je ne trouve pas les mots, mais en espagnol, ça sonne encore mieux, que ce que je veux te dire…”

C’est donc délibérément qu’Aure ne fait pas encore le choix d’une langue ou d’une autre. “Je n’ai pas encore de plan précis pour l’avenir. Mais au moins, je prends le temps de travailler sur de nouvelles chansons. Dans l’espoir qu’un album voie le jour un jour. Parce que j’en suis très sûre : c’est ce que je veux continuer, c’est ce que j’ai toujours voulu… Et je n’en suis qu’au début. C’est comme ça qu’on se sent… “. Et c’est ce que nous ressentons : avec l’EP ‘A Few Notes’, Aure trace les contours de son propre univers musical.

Photos (c) : (en-tête) &amp ; Gregory Vliege, Anaïs Ramos Gala Colette / Anna Ostasenko Bogdanoff (de haut en bas dans l’article)