AIR transportent Toulouse avec “Moon Safari”

Le duo électronique français AIR a offert une performance remarquable le 25 juillet 2025 au Poney Club de Toulouse. Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel ont présenté leur album phare “Moon Safari” de 1998 dans son intégralité, complété par une sélection de leurs œuvres ultérieures.

Le cadre était exceptionnel. Le Poney Club, installé sur le tarmac de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, offrait un décor industriel unique. Cette venue temporaire de 3 000 m² transformait l’expérience musicale en un voyage quasi aérien, avec vue sur les pistes d’atterrissage et la tour de contrôle. L’écran LED grand format et le système sonore immersif créaient une atmosphère parfaite pour l’univers cinématographique d’AIR.

La scénographie demeurait fidèle au concept habituel du groupe. L’iconique White Box, espace presque entièrement clos aux parois miroir, dominait la scène. Les synthétiseurs s’empilaient de part et d’autre, complétés par quelques guitares pour Nicolas Godin et une batterie sobre pour Louis Delorme. L’entrée en scène des trois musiciens en tenues blanches, sous un éclairage blanc pur, instaurait d’emblée une atmosphère puriste.

L’ouverture avec “La femme d’argent” a lancé le parcours intégral à travers “Moon Safari”. Cet album, dont le titre signifie “Amour, Imagination, Rêve”, constitue une référence majeure de la musique électronique française. La combinaison caractéristique de sonorités électroniques, d’influences de bandes originales et d’éléments disco conservait toute sa puissance dans ce contexte live particulier.

La réaction du public s’intensifiait notamment lors des titres emblématiques “Sexy Boy”, “All I Need” et “Kelly Watch the Stars”. “Surfing on a Rocket” s’imposait comme l’un des moments forts de la soirée. Les pièces plus contemplatives, “Talisman”, “Remember” et “Ce matin-là”, révélaient la diversité émotionnelle de l’œuvre.

La White Box fonctionnait comme un dispositif technique sophistiqué. Les parois servaient de surfaces de projection interprétant visuellement chaque morceau. Cette approche minimaliste mais efficace renforçait la dimension cinématographique de la musique sans jamais la concurrencer. Les parties vocales originellement assurées par Beth Hirsch étaient reprises par le duo ou diffusées en playback.

Après la présentation complète de “Moon Safari”, les musiciens revenaient pour un second set explorant leur discographie ultérieure. Figuraient notamment “Cherry Blossom Girl”, “Highschool Lover”, “Dirty Trip” et “Don’t Be Light”. Cette sélection démontrait l’évolution stylistique du groupe sur plus de deux décennies.

Le rappel comprenait “Alone in Kyoto” et le final “Electronic Performers”. Cette alternance entre mélancolie contemplative et intensité électronique synthétisait l’éventail expressif caractéristique d’AIR.

L’environnement du Poney Club ajoutait une dimension supplémentaire à la performance. Observer le coucher de soleil sur les pistes d’atterrissage pendant que résonnaient les mélodies oniriques du duo créait une synergie remarquable entre musique et décor. L’aéroport de Toulouse-Blagnac, métamorphosé en lieu festivalier, offrait un cadre à la fois industriel et poétique qui sublimait l’univers sonore des deux Français.

“Moon Safari” conserve toute sa pertinence 27 ans après sa sortie. L’album continue d’influencer la scène électronique internationale et touche un public transgénérationnel. AIR confirmait à Toulouse la pérennité de leur approche esthétique, démontrant que leur son demeure aussi évocateur aujourd’hui qu’à la fin des années 90.

Le public du Poney Club repartait avec la certitude d’avoir assisté à un événement musical singulier, dans un cadre qui n’aurait pu exister que dans cette parenthèse estivale toulousaine.

Photos (c) Christophe Dehousse