Après un périple épique s’étendant sur trois décennies, le groupe de rock américain Mr. Big se trouve actuellement en tournée d’adieu pittoresque intitulée ‘The Big Finish’. Ce mardi soir, imprégné d’attentes, la tournée a fait escale à la Bataclan. La Bataclan, située non loin de la gare de Montmartre où l’accident du Montparnasse a eu lieu à 16h00 le 22 octobre 1895 lorsque l’Express Granville-Paris a dépassé le butoir à son terminus de la gare Montparnasse. Une photo du train dépassant de la gare est devenue l’emblématique pochette de l’album ‘Lean Into It’ de Mr. Big. Cet album est joué dans son intégralité lors de cette tournée.Il est remarquable que le légendaire groupe de Los Angeles n’ait pas réussi à garantir une salle comble.
La mort du batteur Pat Torpey en février 2018 a plongé le groupe dans une période de deuil, une sorte de léthargie hivernale, dont il s’est maintenant réveillé pour sa tournée d’adieu. Remplacer Torpey s’est avéré être un défi, car il ne se contentait pas de jouer de la batterie, mais contribuait également de manière significative au son du groupe en tant que backing-vocalist. Cependant, le groupe a désormais trouvé en Nick D’Virgilio, ancien batteur de Big Big Train, Tears for Fears et Spock’s Beard, un remplaçant plus que capable, qui se distingue également vocalement, devenant ainsi un successeur digne de Pat Torpey.
Il y a plus de trente ans, le groupe a livré son album emblématique ‘Lean into it’, comprenant leur méga-hit atypique ‘To be with You’, au milieu d’une collection de classiques du hard rock qui constituent la base de leur excellente réputation en concert. À la Bataclan, cet album a été joué dans son intégralité, accompagné d’une sélection appétissante d’autres favoris.
Il était encore une fois divertissant de voir que même aujourd’hui, des fans inattendus viennent assister à un concert de Mr. Big pour s’évader avec la musique, tout en se perdant dans les yeux envoûtants du chanteur Eric Martin. Ce sont ces personnes qui, après cinq minutes, se précipitent étonnées vers le vestiaire. Un ‘running gag’ qui est sans aucun doute devenu une caractéristique du groupe au fil des ans.
Lorsque ‘Blitzkrieg Bob’ des Ramones résonne dans les haut-parleurs, les fans savent que le moment approche. “Hey Ho, Let’s Go!”
Mr. Big démarre avec ‘Addicted to that Rush’, montrant immédiatement que les fans de ‘To be With You’ vont regretter leur billet d’entrée. L’énergie est indéniable. Le groupe rock comme un groupe de rock doit le faire. Dur, groovy impitoyablement et serré comme la courroie de transmission d’un tout nouveau moto japonais. C’est cette pure énergie rock qui a valu au groupe une base de fans aussi dévouée dans le monde entier.
Ensuite, une chaleureuse ode du chanteur Eric Martin au regretté Pat Torpey, alors qu’il demande au batteur Nick D’Virgilio de lancer le ‘Pat Torpey signature beat’ de ‘Take Cover’. D’Virgilio se révèle être un remplaçant digne, montrant beaucoup de respect pour Torpey dans son jeu.
Lorsque ‘Daddy, Brother, Lover, Little Boy’ arrive à mi-parcours, c’est évident. Quel tourbillon de chanson cela reste. De la musique musclée pure de haut niveau. Le guitariste Paul Gilbert et le bassiste Billy Sheehan utilisent leurs instruments comme des armes, avec la célèbre gimmick de la perceuse en guise de cerise sur le gâteau dans une stupéfiante bataille de guitares. Deux hommes devant moi dans la foule, qui pourraient sortir tout droit de la série animée Beavis et Butthead ; “huh huhhuh. Ils jouaient avec une perceuse, uhuhuhuh, trop cool” et c’était simplement inclus dans le billet!
Il était évident que Mr. Big n’avait pas perdu un iota de puissance et d’attitude en trente ans. Eric Martin avait dû laisser la scène à plusieurs reprises la veille lors d’un concert à Londres à Michele Luppi, le chanteur italien de Whitesnake, qui a commencé sa carrière en tant que chanteur d’un groupe hommage à Mr. Big appelé Mr. Pig (je ne l’invente pas).
C’était dommage que Luppi n’ait probablement pas eu plus de temps, car Eric Martin s’est révélé incapable de livrer ce qu’il aurait sûrement souhaité à Paris. Bien que sa voix ait lâché à mi-parcours, il a lutté admirablement pour le reste du concert. Il y a des chanteurs qui, même en pleine forme, ne peuvent pas atteindre ce niveau.
Le virtuose de la guitare Paul Gilbert, vêtu d’un costume chic avec une cravate, semblait pouvoir prêcher l’évangile depuis le coin de la rue, et il a eu l’occasion de montrer sa magie. Un solo plein de références intelligentes aux morceaux moins connus de Mr. Big et même au thème du film Rocky, ‘Gonna Fly Now’. La moitié de la salle était remplie de guitaristes amateurs, donc il jouait pour un public plein d’appareils photo.
Bien sûr, Billy Sheehan a également pris son moment sur scène. Il a joué de sa basse comme si le pauvre instrument avait péché contre la volonté du maître. Un spectacle, un numéro de cirque, de la magie pure. Personne ne joue comme Sheehan. C’est une certitude.
Finalement, ces pauses ont donné à Eric Martin assez de temps pour retrouver un peu sa voix. Le groupe a terminé le concert avec ‘Baba O’Reilly’ de The Who. Le concert de Mr. Big à la Bataclan restera gravé dans les mémoires. Un adieu provisoire à ce qui était autrefois le meilleur groupe live du monde et qui continue de jouer dans la division supérieure. La puissance, l’attitude, tout était là. Certaines choses ne changent heureusement jamais.