Lézard : le premier groupe annoncé pour le Absolutely Free Festival 2024 (AFF). L’organisation a bien fait d’y prêter attention. Car, entre-temps, le quintette gantois a déjà conquis toute la Belgique et a remporté le concours “Sound Track”. Juste avant leur performance à l’AFF, nous avons eu une conversation à la fois amusante et sérieuse avec le groupe. C’est tout à fait possible avec Lézard…
Il apparaît rapidement que Myrthe Asta et Neil Claes seront principalement au premier plan. Ce n’est probablement pas un hasard, étant les deux chanteurs principaux, avec Neil qui est également guitariste. Myrthe commence spontanément lorsqu’on lui demande ce que signifie “Sharp angled post-punk disco”, une description tirée de la bio de Lézard. “C’est simplement que nous faisons de la musique dansante, avec un côté décalé.” “Et aussi anguleux”, ajoute Neil, “géométrique, pas de courbes, mais des angles”. Rires partout… l’ambiance est bonne entre ces amis. “Nos anciens morceaux viennent de mes démos. Si je pouvais bouger dessus, alors la chanson était bonne. Donc cet aspect dansant a toujours été là.” Viktor de Greef, qui s’éclate principalement sur les synthés, déclare avec raison que “tout le monde danse sur quelque chose de différent. Il y a des gens qui aiment danser sur Prince. Mais il y a aussi des gens qui dansent sur de la ‘musique cassée’. Je pense que Lézard est plus de la ‘musique cassée’.” Et qu’est-ce que c’est, la ‘musique cassée’ ?” “Comme DAF ou le krautrock des années 70 et 80.”
Les membres du groupe, dont le batteur Roel Deplancke et le bassiste Andreas Duchi, ont entre 23 et 30 ans. Ne sont-ils pas nés trop tard pour leur musique ? “Non, cette musique nous a vraiment apporté quelque chose. Nous nous en inspirons et nous aimons expérimenter avec. Nous aimons aussi faire notre propre truc avec. Mais nous faisons aussi cela avec les années 2000, toute cette électro clash, comme Chicks on Speed. Cette folie se retrouve également dans notre musique. Et la rave des années 90, avec ces synthés retouchés.” Les influences musicales sont évoquées de tous les côtés… Mais selon Viktor, c’est justement la combinaison de musiciens, comme celle-ci, qui s’apprête à monter sur la scène de l’AFF. “Andreas peut être très funky. Avec un autre groupe autour de lui, ce serait plus Cool and the Gang. Ou Chic”, dit-il lui-même. “Et Myrthe a plus un arrière-plan jazz. Vous avez donc toujours un sentiment nostalgique lorsque vous venez écouter Lézard.” Et les paroles ? “Elles parlent de thèmes auxquels nous sommes nous-mêmes confrontés : la droitisation en Europe, les réseaux sociaux, l’isolement, la surstimulation… Et faire la fête de manière excessive, il y a aussi une chanson à ce sujet…”
Lézard est souvent sur scène cet été. Ils se sont forgé une solide réputation en live. “En jouant beaucoup, nos chansons continuent d’évoluer. Pour nous, l’énergie est très importante. Et cela ne peut être testé qu’en live.” Un jour, un album finira par voir le jour à partir de cette énergie… “Sur lequel nous aimerions conserver cette énergie. Et rendre notre son encore plus actuel. Par exemple, en utilisant les synthés d’une manière différente. Pour leur donner une nouvelle couleur. Sans sonner comme de la ‘pop édulcorée’. Les sons doivent rester bruts : accessibles, mais aussi sales et cassés.” Le groupe a maintenant une dizaine de morceaux, qui seront également joués en live sur scène. “Mais pour l’album, nous en ajouterons encore quelques-uns, car nous continuons simplement à écrire.”
Lézard est très occupé. Ils viennent de rentrer de Leuven pour une session Radio 1. Ensuite, l’AFF et juste après, direction Suikerrock. Et demain, le M-idzomer Festival. “C’est vraiment quelque chose du genre ‘waouh, ça peut vraiment arriver’. Regardez, nous avons commencé la même année au conservatoire de Gand. Et qui aurait jamais pensé, alors que nous jouions cette petite jam dans ce local, que nous ferions soudain deux festivals en une journée. Et cela fait à peine trois ans et demi. Et nous avons tous envie de faire ça. Même si parfois nous sommes vraiment crevés. Mais nous ne pouvons vraiment pas nous plaindre. C’est vraiment top.”
La prise de conscience d’un avenir potentiellement radieux commence à s’installer. “Nous espérons pouvoir suivre ce parcours aussi aux Pays-Bas et en France. Nous avons maintenant des bookers là-bas. Et nous sommes aussi autorisés à faire quelques festivals plus importants en Belgique. C’est vers cela que vous travaillez ici : Rock Werchter, Pukkelpop, Dour. Mais nous prenons également du plaisir à jouer sur un festival comme l’AFF.”
Un bel avenir donc… et ensuite l’album début sortira également… De quel commentaire Lézard serait-il alors très fier ? “Que nous avons un caractère propre. Que cela diffère des choses que l’on entend quotidiennement à la radio. De la pop accessible, mais avec un côté sale.” Et puis Andreas prend soudain la parole. Comme un bassiste typique : il dit peu pendant l’interview, mais il vient avec la phrase du jour… “Lézard est un éclair (pâtisserie belge typique) qui est moisi… C’est très sucré, mais aussi un peu sale ou quelque chose comme ça.”
Eh bien, qu’est-ce qu’on peut ajouter à cela ? Difficile… Oui, peut-être ceci : que nous avons tous trouvé cette conversation très agréable. Et que Neil termine avec les mêmes mots avec lesquels il termine aussi les concerts en live : “Lézard vous aime”. Et c’est réciproque. Surtout après avoir vu leur performance : énergique, dansante et avec un côté décalé. “Nous t’aimons aussi, Lézard”.